1 février 2016

Eruption sur Heard Island

Cette île, située à environ 450 km au sud-est des Kerguelen, est le volcan le plus actif d'Australie, pays auquel il est rattaché. Habituellement, lorsqu'il entre en éruption, c'est au niveau du stratocône appelé "Big Ben", qui constitue la partie active de l'île, lui-même orné d'un petit cône: le Mawson Peak. C'est au sommet de ce dernier, dans un petit cratère, que se déroulent la plupart des éruptions. Celles-ci sont
essentiellement stromboliennes (activité explosive intermittente) mais la présence d'un petit lac de lave intermittent est régulièrement soupçonnée. Parfois l'activité est assez importante pour que des coulées de lave descendent sur les pentes du Mawson Peak.

L'activité éruptive de ces derniers jours pourrait avoir démarré dès le 31 décembre, à en croire les données du MODVOLC, qui a détecté 1 signal thermique ce jour-là, puis plus rien depuis. C'est le  satellite Suomi qui a pris le relai le 28 janvier en détectant de nouveaux signaux thermiques grâce à son instrument VIIRS (Visible Infrared Imaging Radiometer Suite), signaux visiblement trop ténus pour le MODIS car ils n'apparaissent ni sur le MIROVA, ni sur le MODVOLC. Le 29 janvier déjà, ces signaux s'estompaient et, depuis, plus aucun signal thermique n'a été relevé par l'instrument. L'éruption n'aurait-elle duré que deux jours? Ou est-ce la faute à une couverture nuageuse trop épaisse?

Image du MODIS sur laquelle sont superposés (triangles rouges) les signaux thermiques relevés par le VIIRS. Image: NASA

Si les données satellites ne permettent pas de savoir quel type d'activité anime, ou a animé, le Mawson Peak, par chance la présence du navire de recherche CSIRO dans les parages a permis aux scientifiques de l'IMAS (Institute for Marine and Antarctic Studies) embarqués à son bord d'observer l'activité. La vidéo qui a été faite fin janvier (mise en ligne le 31/01) montre, dès les premières secondes, les coulées de lave, traits sombres sur la couverture neigeuse, qui descendent le long du versant nord-ouest du Mawson Peak (faites une pause à la 09ème seconde pour bien les voire). L'abondant dégazage du sommet et l'absence d'émissions de cendres visibles pourrait être compatibles avec la présence d'un lac de lave, mais tout autant avec une activité strombolienne modeste.



Peu de détails concrets donc concernant cette activité, mais elle semble s'inscrire dans le style et dans l'intensité, dans la ligné de la majorité de celles qui l'ont précédée.

En ce qui concerne la dernière activité éruptive sur ce volcan, il ne faut pas remonter bien loin: des signaux ont été captés par intermittence en juin et juillet 2015. Mais, plus globalement, c'est depuis septembre 2012 que des signaux de ce type sont relevés de manières relativement fréquente, possible signe que le volcan est entré dans une phase plus active à cette époque, avec des éruptions plus rapprochées dans le temps.

Sources: MODVOLC; MODIS/SUOMI/NASA;IMAS

5 commentaires:

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  2. Bonjour,

    Big Ben (qui a une sacré gueule au passage) et le Mont McDonald sont, je crois, les deux seuls volcans actifs d'Australie. Savez-vous si l'activité volcanique y est suivie par des équipes australiennes ? Ces volcans sont-ils étudiés ? Bon, il est vrai que ces volcans sont plus que perdus dans l'océan indien sud mais difficile de trouver des vraies infos sur ces deux-là...

    Bonne journée,

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    1. Bonjour Ludovic. Il faut en réalité ajouter le champ volcanique de Newer à la liste des volcans actifs Australiens pour avoir le compte, mais Heard est sans contexte le plus actif d'entre eux, même si McDonalds semble aussi être pas mal actif (plusieurs éruptions observées ou fortement soupçonnées depuis le milieu des années 90).
      Le volcan n'est, à ma connaissance, pas surveillé en temps réèl. Heard a été un peu étudié: composition des laves, évolution du massif etc. Des études ont été menées par l'IMAS, de l'Université de Tanzanie, donc équipes Australiennes (du moins bannière Australienne, mais les équipes sont souvent plurinationales).

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    2. Ok, merci !

      Newer, ça a l'air d'être la Chaîne des Puys australienne... J'avais jamais entendu parlé !
      C'est quand même dommage que ces volcans éloignés n'aient pas ne serais-ce qu'une webcam. Ça pose certes des problèmes logistiques (énergie, transfert des données) mais compter uniquement sur l'imagerie satellitaire pour savoir si une éruption a lieu ou non, c'est dommage.

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    3. C'est vrai que , techniquement, c'est complexe. Mais surtout la rentabilité est limitée: combien de jours de beau temps sur Heard? Très peu, en réalité... Entretenir du matériel pour qu'il ne puisse fournir que très peu d'images au final...ça donne à réfléchir. Par ailleurs le risque volcanique est inexistant pour justifier un équipement permanent. Par contre je trouve dommage qu'il n'y ait pas plus régulièrement des équipes sur l'île pour des études plus approfondies.

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