Un point sur l'activité du Nevados de Chillan (mis à jour, 01 février)

Comme il faut bien reprendre le fil par un bout, j'ai choisi la situation de ce volcan, qui me semble peut-être moins stable que d'autres en cours.

Au cours de la semaine écoulée, donc, une activité explosive faible a de nouveau animé la zone du double cratère Arrau/Nuevo. Après avoir ouvert une nouvelle bouche le 08 janvier, les volcanologues
du SERNAGEOMIN, lors d'un survol effectué hier, ont pu constater la présence d'un second nouvel évent, situé sous la lèvre nord-est, et à l'extérieur, du cratère Arrau. Il s'est peut être formé le 29 janvier, mais cela reste à confirmer.

Les différents cratères ouverts depuis 2003 entre les cratères Arrau et Nuevo. Image: SERNAGEOMIN, 30 janvier 2016

Cette activité explosive est décrite pour l'heure comme phréatique dans les bulletins du SERNAGEOMIN. La montée d'une masse de magma comme élément déclencheur est suggérée: sa chaleur et les contraintes qu'elle fait subir à la partie supérieure du système hydrothermale de ce volcan provoque son instabilité. De fait, une partie de l'eau surchauffée contenue dans ce système s'évapore, et entraine des cendres: ce sont les émissions de cendres observées depuis le début du mois.

Les images de la webcam située à 1.5 km au nord-est du cratère Arrau, sur le site de Portezuelo, permettent de constater qu'une nouvelle émission a eu lieu cette nuit. Après avoir analysé les différentes images produites ces derniers jours, il est clair que le centre d'émission n'est pas l'une des deux nouveaux cratères, mais le cratère Arrau lui-même, comme ce fut le cas le 29 janvier. La lueur captée par la webcam (en mode nuit) est plus le signe de températures élevées (émission infrarouge élevée) qu'une incandescence au strict sens du terme (émission de lumière visible à l’œil nu).

Émission de gaz et cendres cette nuit vers 23h50 (heure locale). Image: SERNAGEOMIN

Ces températures élevées ne sont pas incompatibles avec la nature purement phréatique de l'activité en cours: un système hydrothermal est par nature très chaud, d'autant plus s'il est déstabilisé par une masse de magma, qui libère ses propres fluides et apporte sa chaleur.

Il est possible en tout cas que l'instabilité de ce système s'accentue un peu car une nouvelle émission de cendres a eu lieu en début de matinée, formant un petit panache d'une centaine de mètres de hauteur environ à ce qu'il me semble ( à confirmer), rapidement dispersé. Or plusieurs émissions de ce genre se sont donc succédées depuis le 29 janvier.

Panache de cendres vue depuis Arauco. Image: SERNAGEOMIN

Panache de cendres vue depuis Andarivel. Image: SERNAGEOMIN

Panache de cendres vue depuis Portezuelo. Image: SERNAGEOMIN

L'évolution dans le futur de cette situation est incertaine, mais il est logique de constater que les volcanologues Chiliens n'excluent pas une évolution vers du phréatomagmatisme. La recommandation qui a été faite est donc logique: limiter le plus possible l'accès à la zone sommitale. Le niveau d'alerte volcanique reste au jaune pour le moment, tout comme le niveau d'alerte institutionnel, lui-aussi maintenu au jaune depuis le 31 décembre par l'ONEMI pour les communes de Pinto et Coihueco.

01 février 2016, 19h54

Le volcan a de nouveau été le siège d'émissions de cendres hier après-midi et aujourd'hui. Pour hier, l’émission de cendres s'est produite l'après-midi, vers 16h50 (heure locale). Relativement soutenue, elle a été produite à partie du cratère Arrau.

Le panache de cendres du 31 janvier après-midi. Images: SERNAGEOMIN

Celle d'aujourd'hui a été un peu différente puisqu'elle a été double. Elle débute vers 13h20 mais, à la différence des autres, deux cratères ont fonctionné en même temps. Certes l'évent du 08 janvier a été la source principale du panache, mais une petite émission a eu lieu simultanément dans le cratère Arrau. La visualisation est d'autant meilleur que le SERNAGEOMIN a décidé de multiplier les points de vues.

Le double panache du 01 février en début d'après-midi. Images: SERNAGEOMIN

Sur l'image de droite on peut distinguer, sous le panache principal, de la poussière soulevée: il semble que l'activité explosive a été assez forte pour projeter des fragments d'une taille plutôt importante  (blocs): c'est leur impact au sol qui soulève cette poussière. On en voit d'ailleurs certains qui roulent dans la pente suite à leur chute (petites trainées de poussière en pointillé)
Le système reste donc très perturbé et le débourrage des conduits se poursuit. 

Source: SERNAGEOMIN