Suite au paroxysme du 03 décembre, une activité éruptive strombolienne s'est maintenue tout au long du la journée. Ce n'est qu'une fois la nuit tombée qu'on a pu voir disparaitre progressivement les lueurs, marquant le retour, dans le cratère, du calme qui en avait été absent depuis la mi-octobre.
Toutefois, le tracé du trémor a commencé de montrer les signes d'une nouvelle hausse dès ce matin et, dès 08h41 (heure locale), peut-être même un peu avant, des cendres ont de nouveau fait leur apparition dans "le gouffre " (traduction de "Voragine"). Cette activité s'est accentuée et une explosion assez forte, à l'origine d'un panache contenant des volutes blanches (présence d'eau?), s'est déroulée à 09h41 (heure locale, voir image ci-dessous).
Panache de cendres peut après 09h40. Images: Radiostudio7 (gauche); Nicola Zappala (droite) |
Au cours de la demie-heure qui a suivi cette explosion, l'activité n'a cessé d'augmenter: de plus en plus de cendres, émises avec de plus en plus de force. Rien qu'en regardant l'enchainement des images ont peu presque sentir la puissance de l'activité qui monte, augmente et alimente un panache plus en plus imposant. Ce dernier s'élève verticalement au-dessus de l'édifice et dépasse les 10 km d'altitude. Sa "tête" commence alors a s’étaler horizontalement, peut-être au niveau de la tropopause (qui normalement se trouve plutôt vers les 15 km d'altitude à cette latitude) et les vents la déforment en direction de l'est. Un spectacle tout simplement hors du commun: pour être clair je ne trouve même pas les mots.
Le panache monstrueux, véritable colonne de cendres, qui s'élève au-dessus de l'Etna, vu depuis le sud-ouest. Image: Radiotouring |
Le même panache vu depuis le nord-est. Image: Villa Ducale |
Le panache de cendres vu depuis l’espace: il s'étire ers l'est. Image: EUMETSAT |
Au plus fort du paroxysme sur la plupart des webcams la fontaine de lave était parfaitement visible en plein jour, démonstration des températures démentes qui y régnaient alors.
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On a pu voir aussi, au moment le plus intense de l'activité, une bouffée de cendres brunes s'élever depuis le Pit Crater ouvert dans le flanc du Nouveau Cone Sud-Est (NCSE). Il est possible que les pression exercées par cette éruption ait provoqué ce débourrage sur le NCSE. Après cette petit manifestation, le Pit Crater est resté le siège d'un dégazage plus abondant légèrement cendreux et, parfois, on peut encore voir de petites bouffées de cendres faire leur apparition.
Le panache de cendres brunes (lave altérée, oxydée) émis par le Pit Crater du NCSE. Image:Radiostudio7. |
Petit panache de cendres émis par le Pit Crater du NCSE après la fin de la fontaine de lave de la Voragine. Image: Radiostudio 7 |
L'activité paroxysmale, avec la fontaine de lave alimentant l'immense panache de cendres, a décliné à partir de 11h10-11h15 environ. Comme à l’accoutumée l'activité explosive est redevenue plus intermittente, typiquement strombolienne et elle se poursuit encore alors que j'écris les derniers mots de ce post.
Tout cela n'est pas sans rappeler la fin des années 90. Mais il reviendra aux volcanologues de l'INGV de nous dire si la comparaison est réèlle ou si il ne s'agit que d'une ressemble superficielle. La question se pose car, suite à) plusieurs années d’éruption sommitales puissantes (extraordinaires années 1998 à 2000 avec des paroxysmes à fontaines de lave qui ont achevé de construire le Cône Sud-Est à l'époque), c'est un cycle d'éruptions de flancs qui avait pris place, et avaient détruit la station de Piano Provenzana au nord et des installations de la station de Sapienza au sud, avec les importantes éruptions fissurales de 2001 et 2002-2003.
Mise à jour 17h11
Les paroxysmes à fontaine et coulées de lave qui ont donné naissance au Nouveau Cône Sud-Est ces dernières années nous avaient habitué à produire un trémor qui montait en flèche, très intense, qui redescendait en fin de paroxysme de manière extrêmement brutal. Le paroxysme d'hier et celui d'aujourd'hui ont produit, en revanche, un trémor moins intense (le pic monte moins haut) et, pour aujourd'hui en tout cas, qui n'est pas redescendu à son niveau normal après la fin de la phase paroxysmale. Il reste encore élevé, ce qui pourrait être en lien avec les émissions de cendres qui sont toujours présentes sur le pit crater du NCSE et une activité éruptive persistante dans la Voragine. Des bouffées de cendres ont en effet continué d'être produites tout au long de lajournée même si, en toute fin de journée, elles semblent se faire plus rares.
Par contre inutile de vouloir imaginer comment va évoluer ce trémor dans les heures qui viennent: tout peut arriver.
En attendant, les images de l'activité circulent, certaines impressionnantes. Du côté des satellites le MODIS a pu faire une image magnifique, en "vraies couleurs", du panache en cours d'étalement, qui permet de bien se rendre compte de ses dimensions.
Une superbe photo a été faite au moment du plus grand développement du panache, à priori depuis les montagnes qui entourent la base ouest du volcan, donc un point de vue au-dessus de Bronte, peut-être du côté de Cesarò. Peut importe: c'est superbe.
Mise à jour 19h20
Maintenant que la nuit est tombée sur la Sicile il est un peu plus simple de se rendre compte de ce qu'il se passe réèllement dans les cratères. Et je dois immédiatement corriger l'impression que me laissaient les images de jour concernant la Voragine: l'activité n'est pas du tout sur le déclin dans cet immense cratère. Les explosions stromboliennes s'enchainent à un rythme soutenue et régulièrement des bombes retombent en dehors du cratère. Parfois même sur la pente sud de la Bocca Nuova, le cratère voisin de la Voragine. Or cette "pente sud" se trouve à environ 400 m à vol d'oiseau et les projections partent du fond de la Voragine. Au moins une explosion a même projeté des bombes jusque sur la pente de l'Ancien Cône Sud-Est, à plus de 600 m.
Alors il est possible, et même probable, que cette Voragine soit maintenant en partie comblée par les retombées des deux paroxysmes successifs. Les projections démarrent donc d'une profondeur moindre et peuvent de fait passer plus facilement les parois du cratère, ce qui peut expliquer qu'il y ait plus fréquemment des bombes qui retombent à l'extérieur. Mais l'intensité de l'incandescence indique d'elle-même que l'activité est soutenue.
L'autre observation qu'il ne faut pas manquer en ce soir du 04 décembre, c'est que des projections incandescentes sont régulièrement produites à partir du pit crater ouvert dans le flanc du Nouveau Cône Sud-Est.
C'est une questions que j'ai de nouveau abordé ce soir sur twitter, et c'est quelque chose que j'ai déjà écrit dans un autre post mais je suis volontairement prudent quand aux mots que j'emploie. J'écris "projections incandescentes" et pas (ou pas encore) "activité strombolienne". Car, encore un fois on parle d'activité strombolienne lorsqu'on est sûrs que les projections sont constituées de magma neuf, juvénile.
J'aurais vu cette même image de webcam dans un autre contexte, j'aurais moins hésité pour tout dire. Mais il se trouve qu'avant-hier, des projections incandescentes avaient été observées sur ce même pit crater, sans qu'il s'agisse d'explosions strombolienne: c'était, si vous vous souvenez du post en question, des jets de gaz à haute température qui projetaient des bouts de lave ancienne portés au rouge.
Et aujourd'hui l'activité qui a débuté sur ce même pit crater a produit des panaches de teinte plutôt brune évoquant des émissions de cendres anciennes plutôt que de la lave neuve. Si cette activité s'accentue alors le doute se lèvera et je n'hésiterais plus à appeler un chat un chat, évidemment. Mais je ne pense pas avoir assez d'éléments pour parler de véritable "activité strombolienne", même si le rapport édité par l'INGV aujourd'hui le fait.
Vous l'aurez compris j'espère: ce n'est pas par esprit de contradiction que je ne souhaite pas employer le terme "strombolien", c'est le contexte qui m'incite à être prudent sur l'utilisation du terme.
Enfin, je me rend compte que j'emploie de nombreux noms de cratère mais que, peut-être, certaines et certains d'entre vous ne s'y retrouvent pas. Je vous ais donc préparé une rapide cartographie grâce à Google Earth. Je vous laisse, à partir de cette cartographie, aller directement sur Google Earth pour vous imprégner de leurs positions respectives, de la cartographie générale du sommet de l'Etna car, il est vrai, il y a beaucoup de noms, beaucoup de webcams qui montrent des facettes différentes de ce massif volcanique. La compréhension de ce qu'il se passe sur le volcan en sera facilitée.
Je vous laisse enfin sur cette jolie petite animation qui montre la dispersion du panache via sa charge en SO2, détectée par satellite.
Les paroxysmes à fontaine et coulées de lave qui ont donné naissance au Nouveau Cône Sud-Est ces dernières années nous avaient habitué à produire un trémor qui montait en flèche, très intense, qui redescendait en fin de paroxysme de manière extrêmement brutal. Le paroxysme d'hier et celui d'aujourd'hui ont produit, en revanche, un trémor moins intense (le pic monte moins haut) et, pour aujourd'hui en tout cas, qui n'est pas redescendu à son niveau normal après la fin de la phase paroxysmale. Il reste encore élevé, ce qui pourrait être en lien avec les émissions de cendres qui sont toujours présentes sur le pit crater du NCSE et une activité éruptive persistante dans la Voragine. Des bouffées de cendres ont en effet continué d'être produites tout au long de lajournée même si, en toute fin de journée, elles semblent se faire plus rares.
Une bouffée de cendres issue de la Voragine, vue du nord-ouest. Image Radiostudio7 |
Par contre inutile de vouloir imaginer comment va évoluer ce trémor dans les heures qui viennent: tout peut arriver.
En attendant, les images de l'activité circulent, certaines impressionnantes. Du côté des satellites le MODIS a pu faire une image magnifique, en "vraies couleurs", du panache en cours d'étalement, qui permet de bien se rendre compte de ses dimensions.
Le sommet du panache, aplati (peut-être au niveau de la tropopause mais pas sûr) aujourd'hui. Image: MODIS/NASA |
Une superbe photo a été faite au moment du plus grand développement du panache, à priori depuis les montagnes qui entourent la base ouest du volcan, donc un point de vue au-dessus de Bronte, peut-être du côté de Cesarò. Peut importe: c'est superbe.
Le panache de cendres vu depuis l'ouest. Image: Testa Veronica |
Maintenant que la nuit est tombée sur la Sicile il est un peu plus simple de se rendre compte de ce qu'il se passe réèllement dans les cratères. Et je dois immédiatement corriger l'impression que me laissaient les images de jour concernant la Voragine: l'activité n'est pas du tout sur le déclin dans cet immense cratère. Les explosions stromboliennes s'enchainent à un rythme soutenue et régulièrement des bombes retombent en dehors du cratère. Parfois même sur la pente sud de la Bocca Nuova, le cratère voisin de la Voragine. Or cette "pente sud" se trouve à environ 400 m à vol d'oiseau et les projections partent du fond de la Voragine. Au moins une explosion a même projeté des bombes jusque sur la pente de l'Ancien Cône Sud-Est, à plus de 600 m.
L'activité strombolienne dans la Voragine reste intense plusieurs heures après la fin du paroxysme et des bombes retombnet même sur les pentes de la Bocca Nuova. Image: Radiostudio 7 |
Alors il est possible, et même probable, que cette Voragine soit maintenant en partie comblée par les retombées des deux paroxysmes successifs. Les projections démarrent donc d'une profondeur moindre et peuvent de fait passer plus facilement les parois du cratère, ce qui peut expliquer qu'il y ait plus fréquemment des bombes qui retombent à l'extérieur. Mais l'intensité de l'incandescence indique d'elle-même que l'activité est soutenue.
L'autre observation qu'il ne faut pas manquer en ce soir du 04 décembre, c'est que des projections incandescentes sont régulièrement produites à partir du pit crater ouvert dans le flanc du Nouveau Cône Sud-Est.
Projections incandescentes depuis le petit pit crater ouvert récemment dans le NCSE. Image: Radiostudio7 |
J'aurais vu cette même image de webcam dans un autre contexte, j'aurais moins hésité pour tout dire. Mais il se trouve qu'avant-hier, des projections incandescentes avaient été observées sur ce même pit crater, sans qu'il s'agisse d'explosions strombolienne: c'était, si vous vous souvenez du post en question, des jets de gaz à haute température qui projetaient des bouts de lave ancienne portés au rouge.
Et aujourd'hui l'activité qui a débuté sur ce même pit crater a produit des panaches de teinte plutôt brune évoquant des émissions de cendres anciennes plutôt que de la lave neuve. Si cette activité s'accentue alors le doute se lèvera et je n'hésiterais plus à appeler un chat un chat, évidemment. Mais je ne pense pas avoir assez d'éléments pour parler de véritable "activité strombolienne", même si le rapport édité par l'INGV aujourd'hui le fait.
Vous l'aurez compris j'espère: ce n'est pas par esprit de contradiction que je ne souhaite pas employer le terme "strombolien", c'est le contexte qui m'incite à être prudent sur l'utilisation du terme.
Enfin, je me rend compte que j'emploie de nombreux noms de cratère mais que, peut-être, certaines et certains d'entre vous ne s'y retrouvent pas. Je vous ais donc préparé une rapide cartographie grâce à Google Earth. Je vous laisse, à partir de cette cartographie, aller directement sur Google Earth pour vous imprégner de leurs positions respectives, de la cartographie générale du sommet de l'Etna car, il est vrai, il y a beaucoup de noms, beaucoup de webcams qui montrent des facettes différentes de ce massif volcanique. La compréhension de ce qu'il se passe sur le volcan en sera facilitée.
Je vous laisse enfin sur cette jolie petite animation qui montre la dispersion du panache via sa charge en SO2, détectée par satellite.
Sources: INGV; EUMETSAT; Radiostudio7; Radiotouring; Nicola Zappala; Etnalive,MetOffice;
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RépondreSupprimerC'est devenu beaucoup plus actif d'un coup, regardez les webcams ! (15h48, UTC -5)
RépondreSupprimerLes images des caméras en Streaming de radio studio 7 sont aussi splendides.
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