Un point sur l'activité des volcans Cotopaxi et Piton de la Fournaise (mis à jour 09 septembre)

Cotopaxi, Equateur,

Les phénomènes (aléas) 

Le volcan continue d'émettre des cendres qui, pour l'heure, restent faites de roches anciennes et altérées: malgré sa durée et son intensité, il s'agit donc toujours d'une activité dite "phréatique". Il faut rappeler que ce terme ne peux, et ne dois, pas être seulement rattaché à des événements éclairs type "Ontake 2014": certaines activité de ce type peuvent aussi être précurseurs d'une activité éruptive "normale", partiellement ou totalement magmatique. C'est un point que j'avais abordé dans

mon post "Ontake: l'imprévisible accident" et que je ne redévelopperais donc pas ici. Mais pour les volcanologues Équatoriens c'est bien la question au cœur de la situation actuelle: cette activité va-t-elle aboutir ou non à l'émission de magma, et donc devenir une éruption (en sens strict du terme).

Et ce point si sensible, essentiel même puisque sur lui peuvent se fonder des décisions importantes comme des évacuations préventives, est justement celui sur lequel il est, pour l'heure, le plus difficile de se faire une certitude.

Voilà ce que dit le rapport publié par l'IGEPN suite au survol du volcan le 03 septembre:

- la température des émissions de gaz et cendres a pas mal augmenté (+ 33%) par rapport aux mesures réalisées lors du survol du 26 août. Par ailleurs de nouvelles zones ayant une température supérieure à la normale sont apparues sur le haut versant du stratovolcan, sous le cratère.

Imagerie thermique du Cotopaxi avec les températures dans le panache et à proximité du cratère, le 03 septembre. Image : IGEPN

 

Or cette augmentation de température du panache peut avoir (au moins) deux origines:
1- la poche de magma responsable de cette activité s'est rapprochée de la surface et fournit plus de chaleur, ou...
2-... l'activité phréatique érode de plus en plus le système hydrothermal et les roches et gaz libérés proviennent donc de zones de plus en plus profondes de ce système, et sont donc logiquement plus chaudes.

Voyez qu'on peut difficilement faire plus opposé: la cause de la première solution est profonde, celle de la seconde est superficielle. Il peut aussi y avoir un mélange des deux cause dans la situation actuelle, bien entendu.

- la sismicité reste importante mais après avoir connu un pic fin août, la sismicité est redescendue. Il ne semble pas y avoir eu, pour l'heure, de nouvelles secousses profondes, associées à la présence de magma dans les conduits, comme celles qui ont été détectées au tout début du mois.


Le volcan reste donc pour l'heure le siège d'émissions de cendres anciennes. Cette activité se fait par vagues: des cendres sont produites pendant plusieurs heures puis entrecoupées de phases de repos. Ces derniers jours le panache produit à vu sa hauteur varier entre quelques centaines et 1000 mètres environ.

Le panache de cendres le 06 septembre. Image: IGEPN

Les conséquences

Ces derniers jours l'activité semble avoir un peu fichu la paix aux habitants proches: peu ou pas de chutes de cendres ont été recensées. L'immense travail de prévention continue: plus de 400 techniciens sont ainsi mobilisé depuis le début du mois et jusqu'au 15 pour rendre visites à l'ensemble des familles situées dans les zones à risques. Un carte localisant les zones sécurisées, les points d'accueil ("albergues"), les points de regroupement et les routes d'évacuation ont d'ores et déjà été remises à plus de 2000 familles. Les maisons dans lesquelles il y a au moins un personne en situation de handicap ont été marquées d'un bandeau blanc, ce qui permettra de mobiliser les moyens nécessaires aux bons endroits au bon moment pour leur évacuation (du moins c'est le but recherché et j'espère que cela fonctionnera le cas échéant).

Dans d'autres secteurs de nouveaux exercices d'évacuation ont eu lieu, notamment dans une entreprise de production de brocolis (celle-ci).

Bref: l'organisation se poursuit!

Sources : IGEPN; Ministerio Coordinador de Seguridad

Piton de la Fournaise, France


Les phénomènes (aléas)

Que dire concernant cette éruption (magnifique) si ce n'est que les jours passent et se ressemblent: c'est un peu la caractéristique des éruptions effusives. Le cône (dont j'ai hâte de connaitre le nom) continue de grandir et les retombées des deux évents que j'avais localisés dans mon post du 1er septembre ont finit par créer une paroi qui les a totalement séparés. Les volcanologues indiquent que le cône se referme progressivement, par accumulation des fragments projetés.

Sur cette image prise le 04 septembre ont voit bien les deux évent du cône principal totalement séparés. Image : OVPF/IPGP

A partir de la base de ce nouveau cône la lave continue de s'échapper sous la forme de coulées. Cette effusion se fait par vagues successives et chacune, de part la topographie, peut emprunter des voies différentes et produire de nouveaux fronts de coulées. Tous se mettent en place tantôt dans une direction tantôt dans une autre, ce qui augmente toujours un peu plus la surface du champ de lave en construction.

Les volcanologues de l'OVPF continuent d'enregistrer un trémor fort qu'ils associe toujours plus à la morphologiue du conduit qu'à une dynamisme important. Ils précisent même dans leur rapport en date du 05 septembre que les mesures autres (composition en gaz et flux de chaleur) sont en légère baisse. C'est la preuve que la diversité des mesures est essentielle pour comprendre une situation.

Les conséquences

Pas de conséquences particulières sinon que le spectacle reste visiblement fantastique et continue d'attirer de nombreux curieux.

Le cône et ses coulées ce matin dès potron-minet. Image : OVPF/IPGP

Vous trouverez quelques photos récentes prises du ciel, sur le site d'ImazPresset ci-dessous une belle comparaison d'images prises entre fin aout et début septembre qui montre l’accroissement de la taille du cône (sans compter que l'ambiance est plutôt sympa!).

Dos imágenes de la erupción con una diferencia de diez días. El cono actual ya es casi tan grande como el antiguo cráter...
Posted by Actualidad Volcánica de Canarias (AVCAN) on lundi 7 septembre 2015

Mise à jour 09 septembre, 09h11

L'OVPF a mis en ligne un nouveau bulletin aujourd'hui. Il est précisé que l'estimation du débit de lave moyen est actuellement de 5m3/s, débit estimé à partir de mesures effectuées par caméra thermique. Dixit le directeur de l'OVPF Nicolas Villeneuve, qui parle de ces résultats dans ce mini sujet d'ImazPress.

Dans ce nouveau bulletin ont apprend aussi que le trémor diminue régulièrement depuis le 07 septembre, bien qu'il reste encore élevé pour le moment.

Évolution du trémor depuis le début de l'éruption. La baisse est sensible depuis le 07 septembre. Image: OVPF/IPGP

Affaire à suivre.
Source : OVPF/IPGP; ImazPress; AVCAN