Ubinas, Pérou, 5672 m
Le volcan connait depuis fin mars-début avril une modification, notable et d’ailleurs notée par les volcanologues péruviens, de son activité. Celle-ci s'est en particulier manifestée par une augmentation de l'activité fumerolienne couplée à une modification de la composition des fumerolles. En plus de devenir plus importantes, elles ont en effet montré une augmentation importante de la concentration en
dioxyde de Soufre, gaz d'origine magmatique: c'est au moment de ces changements qu'avait été rédigé mon précédent post concernant ce volcan.
dioxyde de Soufre, gaz d'origine magmatique: c'est au moment de ces changements qu'avait été rédigé mon précédent post concernant ce volcan.
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Dans le courant du mois de mai le volcan n'a pas manifesté d'activité superficielle autre que le dégazage, même si celui-ci pouvait parfois contenir une faible quantité de cendres. Après environ un mois de ce régime "au ralenti", l'activité s'est modifiée et le dégazage s'est de nouveau vu entrecoupé par des phases d'émissions de cendres plus ou moins importantes. Ce changement s'est produit les 23-24 mai dernier avec la formation de panaches d'une hauteur supérieur à 1000 m. Il est important de noter qu'aucune explosion n'est à l'origine de ces cendres: leur émission se met en place puis se tarit progressivement, l'explosion étant à contrario un phénomène brusque, source d'une secousse sismique caractéristique (et qui n'apparait jamais sur les sismogrammes des volcanologues de l'OVI).
Il s'agit d'ailleurs d'une observation plutôt positive dans le sens où elle indique que le conduit de l'édifice est ouvert (non obstrué) ce qui limite le risque à court-moyen terme de surpression et donc d'explosion violente.
Depuis lors, cette activité se poursuit,provoquant des chutes de cendres fréquentes dans un rayon de 15 km autour du volcan. Le 04 juin fut une journée particulièrement chargée en cendres avec un panache qui a pu s'élever jusqu'à 1800 m de hauteur (7400 m d'altitude environ) et des chutes de cendres répertoriées jusqu'à 18 km au sud, village de Matalaque, dans la vallée éponyme d'Ubinas. Le 05 juin fut pas mal non plus avec des émissions de cendres qui ont duré presque toute la journée mais, heureusement pour les habitants du coin, la journée du 06 semble avoir été bien plus calme.
Panache de cendres le 05 juin .Image |
Turrialba, Costa-Rica, 3340 m
Le volcan n'a pas connu d'autre épisode d'activité intense depuis celle du 18 mai. Depuis lors la seule production de cendres observée s'est produite le 01 juin: d'une durée de 20 minutes les cendres ne sont pas montées au-dessus de 300 m de haut et ont été rapidement dispersées par le vent (séquence à 2minutes 10 sur la vidéo ci-dessous).
1 de junio 2015 Nueva erupción sostenida en el volcán Turrialba: La erupción de hoy (2015-06-01) inició a las 2:40 am...
Posted by OVSICORI-UNA on lundi 1 juin 2015
Mais l'observation surprenante, et quelque peu inquiétante, qu'on fait les volcanologues Costa-Ricains, c'est la présence, au fond du cratère...d'un lac! Oui oui, une accumulation d'eau de pluie, de 25m de diamètre dont on peut supposer sans trop prendre de risques qu'il ne s'agit déjà plus vraiment d'eau de pluie, mais plutôt d'un lac d'acide, vu le dégazage que produit le volcan. C'est vrai qu'à première vue on pourrait se dire "chouette! Si un lac a pu se réinstaller, c'est que l'activité diminue et qu'il ne fait plus assez chaud pour évaporer l'eau de pluie qui s'accumule dans le cratère." D'accord, mais en fait non, ce n'est pas tellement la réjouissance qui envahit en premier lieu l'esprit des volcanologues, plutôt une inquiétude.
Car avant tout si l'eau peut s'accumuler c'est peut-être avant tout parce que quelque chose à bouché le fond du cratère... Et bien sûr cela peut produire une activité explosive plus forte si une surpression en vient effectivement à se créer (pour le moment il ne semble pas y avoir d'indicateurs particuliers).
L'une des craintes, en plus d'une activité explosive importante, c'est aussi l’éjection du lac d'acide, qui pourrait alors se traduire, sur les pentes, par des lahars volumineux.
Reste à savoir quel est ce "quelque chose" qui bouche le fond du cratère et permet l'accumulation d'eau de pluie. Dans l'ignorance, l'hypothèse d'un dôme de lave ne peut être exclue mais aucun signe indirecte n'en montre la présence (pas de signal thermique notamment) et les volcanologues n'en ont pas parlé non plus.
L'affaire est donc à suivre de près.
Source : OVSICORI-UNA; Repretel
Karangetang, Indonésie, 1784 m
Voilà déjà plusieurs semaines (c'est dingue comme le temps passe vite) qu'il n'y a plus de nouvelles de l'activité sur ce volcan. Nous l'avions laissé début mai avec des écoulements pyroclastiques, des déplacements de populations (106 familles au totale) et des maisons détruites. Et depuis la situation ne s'est pas améliorée. L'activité s'est poursuivie tout au long du moins de mai, avec peut-être une intensité moindre (le 26 mai des médias indonésiens indiquaient que l'éruption semblait plus ou moins terminée).
Cependant les coulées de lave semblent être restées alimentées et ont généré encore ces derniers jours des écoulements pyroclastiques, vraisemblablement assez court, mais suffisant pour entretenir la crainte dans les populations locales, et surtout empêcher toute action de relogement des personnes déplacées depuis plus un mois. L'agence de gestion des risques a fournit une aide financière directe pour les habitants (150 millions de roupies, soit 10 000 euros) et un soutient financier logistique (350 millions de roupies, 23 000 euros).
L'activité n'est pas très bien documentée sur le plan visuel (peu d'images) et il est donc difficile de se faire une idée précise de la situation. Mais en tout cas des lahars sont descendus et détruit plusieurs maisons, un supermarché dans le village d'Ulu et un pont. Les écoles sont fermées dans les villages les lus exposés aux aléas volcaniques.
Sources: MIROVA; Médias indonésiens
L'affaire est donc à suivre de près.
Source : OVSICORI-UNA; Repretel
Karangetang, Indonésie, 1784 m
Voilà déjà plusieurs semaines (c'est dingue comme le temps passe vite) qu'il n'y a plus de nouvelles de l'activité sur ce volcan. Nous l'avions laissé début mai avec des écoulements pyroclastiques, des déplacements de populations (106 familles au totale) et des maisons détruites. Et depuis la situation ne s'est pas améliorée. L'activité s'est poursuivie tout au long du moins de mai, avec peut-être une intensité moindre (le 26 mai des médias indonésiens indiquaient que l'éruption semblait plus ou moins terminée).
L'activité débutée fin avril se poursuit et continue de générer des signaux thermiques assez importants. Image : MIROVA |
Cependant les coulées de lave semblent être restées alimentées et ont généré encore ces derniers jours des écoulements pyroclastiques, vraisemblablement assez court, mais suffisant pour entretenir la crainte dans les populations locales, et surtout empêcher toute action de relogement des personnes déplacées depuis plus un mois. L'agence de gestion des risques a fournit une aide financière directe pour les habitants (150 millions de roupies, soit 10 000 euros) et un soutient financier logistique (350 millions de roupies, 23 000 euros).
L'activité n'est pas très bien documentée sur le plan visuel (peu d'images) et il est donc difficile de se faire une idée précise de la situation. Mais en tout cas des lahars sont descendus et détruit plusieurs maisons, un supermarché dans le village d'Ulu et un pont. Les écoles sont fermées dans les villages les lus exposés aux aléas volcaniques.
Sources: MIROVA; Médias indonésiens
Bonsoir!
RépondreSupprimerC'est moi ou le lac du Turrialba ne se met pas en place sur l'évent à l'origine des cendres? Si c'est le cas, le danger est réduit non?
Bonjour. D'après les images que je viens de voir, et qui ne semblaient pas encore circuler au moment du post, le lac est bien au fond du cratère actif, source de l'activité explosive. Par contre il n'y a clairement rien d'autre que le lac au fond: donc exit l'hypothèse du dôme :-).
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