Après le passage en alerte 4 l'extrusion se poursuit avec un débit très lent. Le lobe de lave principal, qui s'étire du sommet dans la ravine ouverte dans le versant sud, a continué de s'allonger par rapport à ce qu'il était dans le post précédent. Il forme maintenant réèllement une langue au sommet de l'édifice, qui gène et bloque de plus en plus la progression du magma qui sort au sommet. Une partie de ce dernier
déborde donc toujours sur le versant est-nord-est et continue de produire des éboulements incandescents. Aujourd'hui il semble même que ce soit ce couloir secondaire qui ait été le siège d'écoulements pyroclastiques assez importants, certains longs d'environ 3000 m. Entre le début de cette phase d'effondrements (vers 13h15 heure locale) et le couché de soleil, il y aurait eu une grosse dizaine d'écoulements pyroclastiques produits.
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| L'un des écoulements pyroclastiques d'aujourd'hui, dans le couloir Est-Nord-Est, vu depuis Payung. Image: Nursheri Pandia, via twitter |
L'importance des écoulements pyroclastiques dans ce nouveau couloir interroge forcément le(s) mécanisme(s) qui l'a provoqué.
En effet, si le débit de lave n'est pas plus important (le trémor est très faible depuis la mi-avril) et que, par ailleurs, il n'y a pas de lobe de lave assez volumineux dans ce couloir pour générer tous ces écoulements, comment les expliquer?
Peut-être la morphologie du couloir lui-même a-t-elle changé? Le cratère sommital est plein de lave, qui forme un dôme, celui-ci débordant dans la ravine sud-sud-est pour former le long lobe, et sur le versant est-nord-est pour alimenter des avalanches de blocs, décrits dans mon post du 03 juin. Or ce dôme, de par son poids et du fait qu'il a tendance à s'étaler, exerce sur les parois du cratère une contrainte importante. On peut imaginer (j'ai bien dit imaginer car rien ne me permet, personnellement, d'étayer concrètement cette idée) que la paroi du cratère côté est-nord-est s'est effritée. Auquel cas la masse de lave qui forme le dôme a pu s'effondrer en plus grande quantité, comme une vidange au ralenti en quelque sorte, sur ce versant et produire les écoulements observés.
Plus concrètement il faudra attendre d'avoir des informations plus précises, en espérant qu'elles arrivent, pour essayer de comprendre ce qui s'est passé aujourd'hui.
C'est ce qui c'était passé en janvier 2014 lorsque la première coulée de lave a commencé à se former, sauf qu'à l'époque le magma était un poil moins visqueux et surtout plus riche en gaz: les écoulements pyroclastiques étaient alors d'une importance bien supérieure à ceux que l'on peut voir ces derniers temps.
Je suppose qu'on peut aussi imaginer que ce nouveau couloir pourrait devenir le nouveau site privilégié de l'extrusion, car le lobe de lave de la ravine sud-est, toujours susceptible de s'effondrer, à l'air de tenir le choc pour le moment.
Sources : Beidar Sinabung (twitter); Sindonews,
Passionnant ce volcan ! cas d'école! que d'écoulements depuis 2 années! un autre exemple de volcan qui produit autant d'écoulements en aussi peu de temps?
RépondreSupprimerle niveau cas 4 d'alerte est largement justifié!
Bonsoir. Ce n'est pas quelque chose de très rare, à partir du moment où l'éruption produit un dôme qui est instable. Unzen a fait ça au début des années 90 par exemple.
Supprimerdommage qu'il n'y ai pas d'images, la webcam est en panne.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord. Cela fait des mois maintenant qu'elle est off et c'est bien dommage...
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerEst-on sûr qu'il n'y a pas de lobes dans ce secteur ? Sinon, je ne vois pas d'autres explications.
C'est beau de constater que malgré la diminution progressive de la richesse en gaz (donc du débit éruptif), la phénoménologie reste intense et extrêmement intéressante ! J'espère de nouvelles belles aiguilles !
Ludovic
Bonjour Ludovic. Toutes les photos, de nuit comme de jour, ne montrent pas de lobe. Par contre celles qui circulent depuis la crise du 13 juin semblent plutôt montrer qu'il n'y a pas eu de rupture de la paroi du cratère, simplement une masse de lave bien plus haute que la paroi, qui s'effrite sur le versant est-nord-est.
SupprimerLa haute intensité des phénomènes est relative: elle ne se produit que lorsque le volume du dôme (qui n'estpas tellement dynamique) est devenu trop important, donc une fois de temps à autres. Elle est donc plutôt due à la topographie qu'au magma seul.
Un magma identique, sortant au même débit mais sur une pente plus faible ne ferais probablement pas, ou très peu, d'écoulements pyroclastiques, mais plutôt une lente coulée épaisse. La topographie (la position perchée du dôme en particulier) joue un rôle central dans le déroulé de cette éruption, en tout cas depuis janvier 2014. Et c'est justement cette interaction entre caractéristiques magmatiques et topographie qui, ici, prend un caractère pédagogique de premier plan à mon sens.
Les écoulements se poursuivent (28 aujourd'hui) et plus de 1200 personnes supplémentaires ont été évacuées: le dôme reste donc instable sur le nouveau versant (il se stabilisera peut-être si il parvient à faire un lobe).
CV