La situation des volcans Sinabung et Asama: le point du jour

Sinabung, Indonésie, 2460m

Phénomènologie

L'activité extrusive se poursuit et alimente régulièrement:

- des écoulements pyroclastiques souvent modestes, parfois assez volumineux mais, pour le moment, jamais d'une ampleur similaire à ceux qui ont eu lieu en janvier-février 2014 (mais ça peut changer évidemment). Ceux-ci sont en majorité observés sur le versant est-sud-est, c'est-à-dire que leur source
est le nouveau débordement du dôme sur ce versant, qui a commencé au tout début du mois et a pris progressivement de l'ampleur depuis.

Écoulement pyroclastique assez important le 17 juin, sur le versant est-sud-est. Image : Maz Yons

Avalanche de blocs incandescents sur le versant est-sud-est. Quelques blocs se détachent, à gauche de l'image, du lobe sud-est. Image : PBMBG

Écoulement pyroclastique le 19 juin, sur le versant est-sud-est. Image : PVMBG

- la langue de lave qui occupe, depuis avril 2014, le haut de la ravine ouverte sur le versant sud-est n'a toujours pas connu d'effondrement d'ampleur depuis la hausse du niveau d'alerte au maximum, début juin. Elle reste par contre sujette à une certaine instabilité pour le moment puisque des avalanches de blocs y sont régulièrement observés.

Les multiples images qui ont été publiées depuis mon précédent post indiquent clairement que l'idée que j'avais émise concernant l'effondrement d'un bout de paroi pour expliquer la recrudescence des écoulements pyroclastiques sur le haut versant est-sud-est, n'est pas validée. La morphologie du cratère sur ce versant ne semble pas avoir connu de changement important. De fait on peu en conclure que ces écoulements sont uniquement le fait d'un dôme de lave dont les dimensions, en particulier la hauteur, sont devenues assez importantes pour que de gros fragments s'en détachent directement dans la pente du versant est-sud-est. Par ailleurs l'importance de certains écoulements actuels sur ce versant, qui ont pu atteindre environ 3000 m de long, peut du coup s'expliquer autrement (l'image de nuit ci-dessus est particulièrement parlante): les fragments, assez volumineux à priori, qui se détachent chutent quasiment verticalement, cascadent peut-on dire, depuis le dôme pour frapper le sol plus bas: de quoi donner de l'élan et donc une dynamique importante aux écoulements. C'est une situation tout à fait similaire donc à celle qui avait cours avant le 10 janvier 2014, sauf que le magma est moins riche en gaz, ce qui empêche, fort heureusement, les écoulements d'être trop dynamiques.

Conséquences

La zone de très haut danger définie par cette activité a été adaptée. Les pourtours du volcan sont ainsi découpés en "tranches", fonctions de l'importance du danger que font courir les écoulements pyroclastiques. Le versant sud-est reste considéré comme le plus dangereux et le rayon de la zone interdite y est donc le plus important, avec 7 km. Le versant est, maintenant touché de manière récurrente et relativement soutenue, s'est vu attribuer une zone interdite de 6 km de rayon. C'est la délimitation de cette nouvelle zone à risques qui a provoqué la nouvelles vague d'évacuations, qui avaient commencé dès le passage en alerte 4. Rien que le 15 juin, ce sont plus de 7000 personnes qui ont du quitter leur maison, ce qui porte le nombre totale de personnes déplacées par cette nouvelle phase de l'éruption à environ 10000, réparties dans une dizaine de camps (le plus important d'entre eux accueille plus de 2000 personnes). Avec tous les aspects logistiques qu'il faut imaginer: faire parvenir nourriture et boissons, scolariser les enfants malgré tout, fournir le necessaire pour dormir et maintenir l'hygiène etc.
Cependant, le nombre total de personnes vivant dans les zones de haut danger s'élève à plus de 30 000: 20 000 personnes ont refusé de quitter leurs maisons et leurs terres .

La situation reste donc hautement critique pour les habitants proches du volcan, dont le sort est suspendu autant que le dôme qui génère tant de problèmes, sans réèlle pause, depuis plus d'un an et demie.

Sources : Twitter (@LeopoldAdam) ; BNPB; Kompass

Asama, Japon, 2560 m

Phénoménologie

Le volcan a de nouveau émis des cendres aujourd'hui, en faible quantité, par le biais d'une nouvelle explosion qui a eu lieu vers 17h00 (heure locale). Elle n'a pu être directement observée, toujours en raison d'une couverture nuageuse importante, mais a duré environ 2 minutes d'après les enregistrements sismiques.


Les images nocturnes produites par les webcams les plus sensibles aux basses lumières ont pu détecter, au cours de la nuit suivante, une incandescence dans le cratère sommitale, similaire à celle qui avait été relevée après l'explosion du 16 juin.

Une incandescence reste présente au sommet du volcan Asama. image: JMA

 
Concernant cette dernière par ailleurs des analyses du dépôts ont été réalisées: il semble y avoir un faible pourcentage de magma frais (juvénil).

Dans le dépôt de l'explosion du 16 juin, il y a beaucoup de fragments de roches anciennes (a,c et d) mais quelques particules de ce qui a été décrit par les volcanologues du JMA comme du magma juvénil (b). Image : JMA.

Conséquences
Pas de conséquences particulières suite à cet événement:  le niveau d'alerte du volcan reste à 2 pour le moment, bien que la sismicité montre une tendance à la hausse, tout en restant plutôt superficielle. Les causes de ce regain d'activité ne sont pas encore élucidées.

Source : JMA