2 mai 2015

Possible éruption sur le volcan Axial Seamount

C'est un volcan sous-marin de plus en plus étudié qui pourrait être (ou avoir été) en éruption depuis fin avril, bien que l'incertitude subsiste. Et pour cause: le sommet de cet édifice se trouve à plus de 1400 m sous la surface de l'océan Pacifique, à plus de 450 km de la côte ouest des Etats-Unis, pile en face de la ville de Portland (Etat d'Oregon).
L'Axial Seamount est un édifice très plat qui ne s'élève que de 700m au-dessus du rift dit de "Juan de Fuca", qui sépare une microplaque tectonique à l'est (dite de Juan de Fuca justement) qui disparait en
subduction sous la côte ouest des Etats-Unis, de la plaque Pacifique à l'ouest.  c'est un système volcanique très actif avec de très nombreux champs de fumeurs noirs, zones d'échappement de fluides à haute températures et ultraminéralisés sur lesquelles se développent des colonies d'êtres vivant tout à fait extraordinaires.
L'édifice est plutôt de type bouclier, avec pentes très faibles, laves de composition basaltique pour celles qui ont été analysées, et une vaste caldera au sommet de forme presque rectangulaire sous laquelle semble se trouver une vaste chambre magmatique de forme un peu similaire à celle de la cadlera.

Localisation du volcan Axial Seamount
La caldera du volcan Axial Seamount et sa position géographique. Image: Interactiv Oceans

La chambre magmatique du volcan Axial Seamount
La structure interne du volcan axial seamount, avec une chambre magmatique très allongée (à l'échelle). Image: Workshop 2015: "Axial Volcano: Wired and restless"


C'est un système volcanique découvert au début des années 80 et qui a fit depuis les années 90 l'objet de nombreuses expérimentations en terme de surveillance avec surveillance de la sismicité et de la déformation. Lequel avait permis de constater qu'une éruption avait eu lieu en 1998, détruisant alors une partie du matériel en question.

Cette surveillance d'un volcan sous-marin est montée d'un cran lorsqu'en 2014, pour la première fois dans l'histoire de la surveillance en volcanologie, une équipe de chercheurs mettent en, place sur l'édifice un véritable observatoire volcanologique, avec surveillance en temps réèl de paramètres géophysiques telles que la sismicité et la déformation. Jusqu'alors la surveillance de volcan sous-marin se faisait en pointillé car il fallait monter la logistique d'un départ en mer, coûteuse, pour plusieurs jours afin d'aller retrouver les instruments et télécharger leurs données pour les exploiter une fois revenu à terre. C'est la raison pour laquelle l'éruption de 2011 n'avait pu être constatée que plusieurs après qu'elle se soit terminée.
Ce projet, concrétisé l'an dernier* était rêvé depuis une trentaine d'années par un chercheur américain, John Delaney: la chose est faite, il lui manquait un test grandeur nature...et elle semble fonctionner.

Réseau de surveillance du volcan Axial Seamount
Déploiement du réseau de surveillance du volcan Axial Seamount en 2014. image: Interactive Oceans

Le 23 avril, et de façon très ironique le lendemain de la fin d'un colloque international qui était consacré à la surveillance des volcans sous-marins, avec en tête de liste l'expérimentation en cours sur Axial Seamount, les instruments du réseau ont commencé à enregistrer un pic important de sismicité avec plus de 8000 secousses de faible magnitude en moins de 24 heures. Cela faisait toutefois quelques semaines qu'une sismicité supérieurs à la normale était en cours sur le volcan.
Dans la foulée de cette crise une partie de la caldera s'est affaissée de 2 m, comme un dégonflement : des signes qui sont très fréquemment associés à des mouvements de magma importants sur ce type d'édifice. Aucun des instruments du réseau n'ayant été détruit, et aucune variation de température de l'eau n'ayant été relevée, la certitude quand à une éruption n'est pas permise car le magma ayant bougé pourrait s'être mis en place sous forme de filons internes (dykes, sills), plutôt que sous forme de coulées. Il est donc quasiment certain que les chercheurs irons jeter un oeil en direct pour constater les modifications de la morphologie, qu'il s'agisse de simples affaissements ou d'un nouveau champ de lave, que les chercheurs ne manquerons pas alors de cartographier.

Ce travail d'analyse des signaux doit, en tout cas les premières années, être corrélé à des observations directes afin de pouvoir en comprendre la signification.

Pour comprendre l'importance de ce travail et de ce type d'observatoires sous-marins il suffit de se rappeler que le volcanisme sous-marin est de très loin le plus répandu sur notre planète, celui qui produit, chaque année, les plus gros volume de magma et que la quasi totalité des éruptions passent inaperçues. Il faut aussi préciser que les chercheurs ont immédiatement fait savoir qu'il n'y avait pas de risque pour les populations côtières.
* je me souviens avoir suivi en streaming depuis le ROV et la salle d'opération à bord du navire, la pose des certains des câbles et leur connexion à des noeuds du réseau de surveillance: manœuvre très impressionnante de précision.


Sources : The Seattle Time; Colloque international : "Axial Volcano: Wired and restless"; Interactiv Oceans.

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