Depuis sa précédente crise, mi mars, le volcan était resté serein du moins en surface car la sismicité est restée bien au-dessus de la normale.
Ces derniers jours la situation s'est montrée moins calme avec la reprise d'une petite activité explosive dès le 03 avril. Ce jour-là le panache n'est monté qu'à 2 ou 300 mètres de hauteur puis s'est rapidement
dispersé en ne produisant que de faibles chutes de cendres.
dispersé en ne produisant que de faibles chutes de cendres.
Hier une nouvelle activité explosive, d'une durée d'une heure, a animé le sommet de l'édifice. Plus intense cette fois elle a produit un panache de cendres dense dont la hauteur a été estimée à 500m. Mais attention au terme "activité explosive" car, en volcanologie, il a une définition plutôt précise: il s'agit de toute activité durant laquelle les gaz piégés dans un magma s'en échappent en le fragmentant. Il n'est donc pas forcément question d'un phénomène bref et violent comme on l'entend dans le mot "explosion employé dans le langage courant.
Ainsi l'activité explosive d'hier s'est mise en place progressivement (et non pas brutalement sous la forme d'un "Boooom!"). Elle a débuté aux alentours de 11h25 (heure locale) tranquillement: le panache de gaz se charge petit à petit de cendres jusqu'à ce qu'il en soit entièrement constitué. C'est le moment où la masse de magma responsable de l'événement perce la surface, où la pression est infiniment plus faible que sous terre bien évidemment. Le gaz se dépressurise et fragmente de plus en plus efficacement la masse de magma, ce qui forme les cendres.
Après qu'il ait débuté, ce dégazage s'accentue (le panache devient de plus en plus chargé) et arrive à son point d'équilibre: l'alimentation du panache se stabilise. Une fois la surpression évacuée, l'activité s'arrête, en début d'après midi (12h20 heure locale environ). Des chutes de cendres ont été abondantes sur le versant ouest de l'édifice pendant toute la durée de l'événement. Quelques unes sont retombées dans le centre de San José, la capitale (~35 km)
La police a préventivement bloqué l'accès à l'édifice afin qu'aucun touriste ne s'y trouve, au cas où l'activité se serait amplifiée. Elle a toutefois finit par se calmer, tout aussi tranquillement qu'elle avait débuté.
Mise à jour 08 avril (09h20)
Le volcan continue de produire des émissions de cendres dont la plus importante s'est déroulée hier matin à 02h05 (heure locale): le panache de cendres s'est élevé cette fois sur une hauteur de 2000m, et une grosse quantité de fragments à haute température ont été projetés sur tout le pourtour du cratère. Ci-dessous une image de l'explosion telle qu'elle a été vue, a travers le brouillard, par la webcam de l'OVSICORI-UNA (à gauche, extrait de time-lapse) et par la webcam installée sur le volcan voisin, Irazù (à droite, extrait de time-lapse).
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Bien que dans l'absolu cette explosion soit modérée, les volcanologues Costaricains précisent qu'elle est la plus importante depuis celles d'octobre dernier. Par ailleurs elle, comme celles qui l'ont précédée, indique que le système d'alimentation du Turrialba reste très instable et donc potentiellement capable de produire une activité plus intense encore (le coeur de la question étant avant tout: est-ce que ce potentiel va se réaliser ou pas: c'est là que réside le travail du volcanologue).
Chose intéressante: vous verrez vous-même sur le time-lapse ci-dessous, d'où est extraite l'image de gauche, que les fragments à haute température projetés sur le pourtour du cratère restent chauds* très longtemps après l'activité explosive: c'est la première fois que cela se produit d'après l'OVSICORI-UNA: il pourrait donc s'agir là de fragments de lave, pour l'instant trouvée essentiellement sous forme de cendres.
Erupción del Volcán Turrialba 7 de abril 2015 02:07 a.m
Posted by OVSICORI-UNA on mardi 7 avril 2015
Suite à cette explosion des chutes de cendres ont eu lieu sur toutes les zones situées sous le vent d'est, soit les zones urbaines proches de la capitale San José. En cours de journée le 07 avril une équipe de volcanologues s'est rendue aux abords du cratère pour collecter diverses données: mesures de SO2 dans le panache, échantillons des fragments projetés (vous voyez les deux volcanologues au milieu des bombes au sol?)
Posted by Maria Martinez on mardi 7 avril 2015
*pas forcément incandescents car, de nuit, la webcam fonctionne dans l'infrarouge proche et pas en lumière visible.
Source: OVSICORI-UNA; Teletica
Bonjour,
RépondreSupprimerA t-on une idée du volume de magma en ascension et de la magnitude probable de l'éruption que l'on attend?
Merci, Samuel
Bonsoir. Il est possible que l'activité ne devienne pas plus intense que ce qu'elle est depuis octobre dernier. Mais il est tout aussi envisageable de penser qu'une activité plus puissante se mette en place: il n'est pas possible de savoir à l'avance quelle sera l'importance d'une activité à son pic (paroxysme).
SupprimerJuste au passage: attention au mot "magnitude": en ce qui concerne l'activité volcanique explosive il s'agit de la mesure de la masse émise (donnée dont on tire le volume grâce à la masse volumique du magma émis). Il n'est pas non plus possible de connaitre cette magnitude par avance.
Enfin le volume de magma en ascension n'est pas une donnée mesurable dans le sens où cela impliquerait qu'une quantité finie de magma (le volume) monte seule pour faire éruption, comme une sorte de bulle isolée. Or ce qui est en ascension est connecté, plus ou moins directement, à une chambre où se situe l'essentiel du volume du magma stocké: on ne peut donc pas savoir à l'avance quel volume maximum, ou minimum, cette chambre peut délivrer sur la durée d'une crise éruptive. Il serait peut-être possible d'avoir une idée du débit massique ou volumique de magma qui transite par les conduits, en étudiant les dépôts, ou peut-être par les mesures de SO2/CO2. Mais là un spécialiste de la question, qui connait bien le volcan par ailleurs, pourrait intervenir pour en dire plus !-)
Bonne soirée :-)
Bonsoir et merci de votre réponse. Oui il faut effectivement voir cela en termes de dynamique. Précisément, le matériel qui atteint actuellement la surface est à dominante de volatiles (et un peu de magma avec les petites éruptions que l'on a vues) et manifeste un dégazage qui s'accélère. Il a été indiqué à plusieurs reprises qu'une poche de magma est en ascension (à quelques centaines de mètres de la surface d'après ce que j'ai pu lire hier). Je trouve que ça ressemble à un scénario éruptif qui pourrait être assez sérieux.
RépondreSupprimerAu plaisir de vous lire et de suivre ça de près ;)