Je n'ai vraiment pas eu le temps de développer comme je l'aurais voulu le suivi de cette éruption et je n'ai, en particulier, pas pu transmettre autant que souhaité les images, certaines vraiment impressionnantes et magnifiques, qui ont éclos après le départ de l'éruption sur les réseaux sociaux.
Le SERNAGEOMIN vient, en quelques sorte, à ma rescousse, en proposant une sélection de quelques
images dont la plupart vous sont, j'en suis sûr, déjà connues.
images dont la plupart vous sont, j'en suis sûr, déjà connues.
Mais en ce qui me concerne je ne me lasse pas de les recroiser lors de mes divagations web (c'est un insert FlickR: les flèches qui apparaissent sur l'image en passant la souris vous permettrons de naviguer d'une image à l'autre.)
Côté éruption rien de très nouveau: les émissions de cendres semblent se poursuivre modestement pour le moment mais la météo empêche une observations directe depuis les webcams qui surveillent l'édifice.
Le panache de cendres est toujours présent aujourd'hui. Image: SERNAGEOMIN |
Les cendres récoltées ont pu être soumises à une analyse préliminaire: texture et composition minéralogique réalisées sous microscope optique, à l’œil nu donc. Le rapport, disponible ici (en espagnol Argentin), a été réalisé par l'Instituto de Investigación en Paleobiología y Geología, département de l'Université de Rio Negro (Argentine). La couleur du dépôt de cendres est décrite comme étant châtain clair à gris et se compose de deux type d'éléments:
- le magma vitrifié, qui n'a pas eu le temps de former des cristaux. On parle de verre volcanique
- des morceaux de cristaux
Du côté des particules vitrifiées, les premiers résultats indiquent une faible présence de fragments à texture ponceuse (très riches en bulles). A contrario d'une seconde catégorie de cendres non ponceuses que les pétrologues* de l'Université ont divisé en deux catégories: celles qui sont denses (sans bulles) et aux parois anguleuses, et celles dont la surface est hérissée d'aiguilles ("en forme d'étoile" écrivent-ils).
Ponces et fragments vitreux hérissés d'aiguilles sont vraisemblablement des particules de magma juvénil. Les autres particules, denses et anguleuses, peuvent être faites de magma juvénil ou de roches plus anciennes, arrachées à la cheminée: une analyse plus complète (et plus complexe) sera necessaire pour faire le tri.
Du côté des minéraux les fragments trouvés sont en majorité des feldspaths plagioclase et des amphiboles: pour les deux il reste à déterminer la composition car il s'agit de noms génériques recouvrant une grande variété de compositions chimiques. Il y a aussi un peu de quartz et de la biotite et, très rares, des cristaux d'apatite et de zircon.
Pour les pétrologues les échantillons tombent, côté classification, dans la case des andésites ou des dacites: cela est cohérent avec ce qui est connu pour ce volcan, dont les laves ont fréquemment été des andésites.
Les pétrologues expliquent bien qu'il s'agit d'une analyse préliminaire mais la présence conjointe de biotite et d'amphibole semble indiquer une concentration importante en eau (qui fait partie de la structure de ces minéraux), phénomène qui peut résulter de la lente cristallisation d'un magma ancien tout comme la présence de quartz et de zircon.
De là à dire que cette analyse préliminaire prouve l'hypothèse selon laquelle le magma qui a fait éruption le 22 avril au soir dérive du refroidissement du magma de 1961, qui aurait lentement cristallisé depuis ce moment à faible profondeur, non: le pas est trop grand à franchir.
Mais on peut, à minima, dire que l'hypothèse est, à priori, compatible avec cette analyse d'autant plus qu'il faut se souvenir qu'il n'y a pas eu de signaux géophysiques particuliers avant les explosions et qu'il semble donc qu'il n'y a pas eu de réalimentation. D'une certaine manière le contexte est donc aussi favorable à l'hypothèse.
Toutefois ce faisceau d'éléments à priori concordants n'est pas du tout suffisant et les analyses ultérieures, plus précises, pourraient tout à fait contredire cette idée et mettre en lumière une histoire magmatique plus complexe.
Bref: je ne sais pas vous mais en ce qui me concerne, j'attends la suite des analyses avec impatience.
Toutefois ce faisceau d'éléments à priori concordants n'est pas du tout suffisant et les analyses ultérieures, plus précises, pourraient tout à fait contredire cette idée et mettre en lumière une histoire magmatique plus complexe.
Bref: je ne sais pas vous mais en ce qui me concerne, j'attends la suite des analyses avec impatience.
* qui étudient les caractéristiques des roches pour en comprendre la formation
Mise à jour 26 avril 07h29
Dans un rapport spécial mis en ligne cette nuit, le SERNAGEOMIN indique que le volume total des cendres est de 210 millions de m3 dont 40 millions émis lors de la première explosion, qui n'a duré qu'une heure et demie, et 170 millions pour la seconde qui a duré environ 6 heures.
Le VEI de cette éruption devrait donc, normalement, être un petit 4, loin derrière l'éruption du Chaitèn en 2008 qui avait libéré presque 1000 millions de m3 et avait été classée très gros 4, et donc frôlé le VEI 5.
A titre de comparaison l'éruption de l'Eyjafjöll, en 2010, est aussi un petit VEI 4, celle du Kelut en 2014 est un gros VEI 4.
Échelle de l'Indice d'Explosivité Volcanique (IEV ou VEI pour les anglosaxons). Image : Siebert et al (2010): "Volcanoes of the World" , via le blog Eruption/Weired |
Il ne faut pas oublier que ce volume total est vraisemblablement un mélange entre particules anciennes et particules de lave juvénile et que l'un des objectifs des analyses sera de déterminer la proportion des unes et des autres, histoire de savoir quelle quantité de juvénil est réèllement sorti de l'édifice.
Sources : UNRN; SERNAGEOMIN
Merci pour le suivi, c'est passionnant. Vivement la publication d'analyses plus poussées.
RépondreSupprimerBonne continuation
Bonjour et merci! Nous verrons bien en effet ce que racontent vraiment ces particules de lave. En tout cas la sismicité diminue beaucoup mais des émissions de cendres modestes se poursuivaient encore hier soir.
SupprimerPour le moment donc, pas d'incompatibilité avec un scénario "poche superficielle" mais il faut encore attendre pour savoir si c'est vraiment la tendance ou juste une phase passagère.
Toujours se méfier des surprises :-)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
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