Si l'éruption d'Holuhraun-Bardarbunga peut-être vue comme un cas d'école, il me semble très clair depuis 2013 que l'éruption du Sinabung possède un véritable potentiel pédagogique lui aussi. Les différentes étapes de son éruption se sont déroulées avec une logique que l'on croirait tout droit sortie d'un livre d'école! Et cela s'est poursuivi après l'importante phase d'écoulements pyroclastiques du 05
mars dernier qui avait emporté un bonne partie du lobe de lave qui s'était patiemment édifié durant les 15 jours précédents.
mars dernier qui avait emporté un bonne partie du lobe de lave qui s'était patiemment édifié durant les 15 jours précédents.
Le même schéma se poursuit donc actuellement avec une très lente extrusion de lave relativement visqueuse. Un nouveau lobe a été photographié dès le 11 mars même si de l'incandescence pouvait être observée au sommet de l'édifice quelques jours avant. Sa taille à cette date indique qu'il a en fait commencé à être émis, justement, les jours précédents.
Le nouveau lobe vu le 11 mars, peu après son émergence. Image: Sadrah PS |
Pendant les jours suivants le dôme gagne en volume mais pas tellement en s'allongeant: il semble plutôt gonfler progressivement, comme si sa partie frontale, celle qui est située dans la pente, restait immobile, comme une masse difficile à faire avancer, et obligeant la lave tout juste émise à s'accumuler sur place.
Déjà le 14 mars la différence de morphologie est flagrante lorsqu'on la compare à l'image ci-dessus mais ce qui est plus interessant, et corrobore l'idée émis ci-dessus, c'est l'absence de blocs au pied du nouveau lobe. Ce dernier a déjà environ une semaine et aucun bloc ne s'en est détaché: le front du lobe est donc plutôt stable. On note toutefois la présence d'un dépôt sombre: c'est une sorte de "poudre" qui se détache du lobe et qui est produite par les frictions qui accompagnent sa progression.
Le nouveau lobe "gonflé" par l'arrivé progressive de lave, le 14 mars. Image: Sadra Ps |
Ça freine devant mais ça pousse derrière: cette stabilité ne peut être pérenne. Dès le 14 mars des éboulements sont photographiés au front du lobe. En journée ils soulèvent un peu de poussière monochrome mais de nuit leur faible lumière (incandescence) se révèle. c'est à partir de ce mloment que des blocs font leur apparition dans le dépôt.
Un fait interessant à noter, car cela ne s'était plus produit depuis des mois (en tout cas je n'en ai pas vu d'images): des éboulements, de faible volume, se sont aussi produits sur le flanc nord-est du Sinabung à partir du 26 mars. Ce secteur n'avait plus été touché depuis décembre dernier et on peut dire que ce retour est cohérent avec le fait que le lobe visible sur les photos ci-dessus peine à progresser: la lave qui est émise au sommet a du mal à s'échapper par le couloir qu'occupe le lobe, elle est donc déviée vers une zone plus favorable, à savoir le Nord-Est (l'Est est occupée par l'imposante coulée visqueuse mise en place pendant le premier semestre 2014).
Ces deux zones ont continué d'être actives simultanément au moins jusqu'au 31 mars, comme le montre la photo de droite ci-dessus. Il sera interessant de regarder si elle reste active après aujourd'hui car une nouvelle petite série d'effondrements (à priori 2) a eu lieu au niveau du lobe en milieu de journée, à 11h36 et 11h45 (heure locales). Les deux écoulements pyroclastiques générés ont été d'une ampleur similaire à celles qui les ont précédés, la plus importante ayant une longueur estimée à "seulement" 3500m. Il s'agit d'un écoulement certes important, mais qui reste tout de même un cran en dessous des plus gros produits depuis le départ de cette éruption (4500 m de long).
Maintenant que le couloir est de nouveau disponible la lave devrait y retourner et abandonner à nouveau le flanc nord-est. A moins que les éboulements qui y ont été observés ne proviennent d'un lobe indépendant....mais nous verrons cela plus tard.
Mise à jour 02 avril, 19h16
Des photos faites hier après les écoulements pyroclastiques montrent que le lobe n'a visiblement été qu'assez peu retouché par les effondrements. En conséquence de nouveaux écoulements ont été observés aujourd'hui (deux chiffres circulent: 6 ou 17 fois....) avec, cette fois, au moins un d'entre eux d'une ampleur assez sérieuse puisqu'il semble avoir parcouru une distance de 4.5 km sur le flanc sud: on est là aux limites de la zone interdite d'accès (5km). Des conditions défavorables n'ont visiblement pas permis aux gens sur place de faire des images de l'événement mais une photo prise à 22h30 (heure locale) est assez impressionnante par la masse de cendres qui se déplace et l'incandescence visible, forcément accentuée par la pause longue de la photo, mais qui semble couvrir une surface assez vaste au pied de l'édifice.
|
|
Maintenant que le couloir est de nouveau disponible la lave devrait y retourner et abandonner à nouveau le flanc nord-est. A moins que les éboulements qui y ont été observés ne proviennent d'un lobe indépendant....mais nous verrons cela plus tard.
Écoulement pyroclastique du 01 avril, 11h45 et son panache co-pyroclastique qui s'élève verticalement. Image: Endro Lewa |
Mise à jour 02 avril, 19h16
Des photos faites hier après les écoulements pyroclastiques montrent que le lobe n'a visiblement été qu'assez peu retouché par les effondrements. En conséquence de nouveaux écoulements ont été observés aujourd'hui (deux chiffres circulent: 6 ou 17 fois....) avec, cette fois, au moins un d'entre eux d'une ampleur assez sérieuse puisqu'il semble avoir parcouru une distance de 4.5 km sur le flanc sud: on est là aux limites de la zone interdite d'accès (5km). Des conditions défavorables n'ont visiblement pas permis aux gens sur place de faire des images de l'événement mais une photo prise à 22h30 (heure locale) est assez impressionnante par la masse de cendres qui se déplace et l'incandescence visible, forcément accentuée par la pause longue de la photo, mais qui semble couvrir une surface assez vaste au pied de l'édifice.
La base du volcan Sinabung, versant sud, recouverte de dépôts incandescents vers 22h30 (heure locale). Le panache co-pyroclastique est bien visible au-dessus et assez impressionnant. Image: Zidan Zamzam |
Pour au moins l'un des écoulements la masse de cendres et blocs à haute température a pénétré dans le lit de la rivière qui passe par Payung (Lau Borus) et y a provoqué des explosions secondaire liées à la vaporisation de l'eau piégée sous le dépôt.
Et oui, un autre cas d'école, en plus explosif ! :)
RépondreSupprimerNet, clair et précis...merci !