Depuis avril 2014, et peut-être même dès 2012, de multiples signaux et mesures ont montré qu'une activité éruptive avait débuté au sommet du Nyamuragira, produisant ce qui semblait être un lac de lave. Les dernières traces de doute quand à sa présence se sont évaporées début avril, lorsqu'une équipe du Parc National des Virunga a accédé au sommet de l'édifice pour aller observer ce qui se passait au fond du cratère
sommital: le lac était bien là.
sommital: le lac était bien là.
Ce n'est pas un énorme lac: il semble fait au plus quelques dizaines de mètres de diamètre et cette dimension, associée au fait qu'il soit lové au fond du Pit Crater nord-est du Nyamuragira, explique que les signaux thermiques soient si peu perçus depuis l'espace. A cela il faut aussi ajouter la présence d'une couverture nuageuse dense presque tous les jours de l'année, qui absorbe très efficacement ces mêmes rayonnements.
Localisation du Pit Crater Nord-Est dans la caldera sommitale du Nyamuragira |
Que voit-on sur cette image?
Tout d'abord le lac est bordé par une paroi, assez fine visiblement, peut-être liée à l'accumulation d'éclaboussures de lave ("spatter"): les zones sombres autour du lac seraient alors ce que les volcanologues appellent un spatter-rempart, de forme circulaire. Au pied de la paroi à gauche il semble y a voir un autre spatter-rempart, vide. Vu sa teinte sombre, nul doute qu'il a été formé pendant l'éruption en cours depuis 2014 puis s'est vidé. On peut alors supposer:
* soit que deux lacs de lave accolés ont coexisté et qu'il ne reste plus aujourd'hui que celui qui est visible sur l'image. Dans ce cas on peut penser que le début d'éruption ait pu être une éruption fissurale avec deux évents éruptifs principaux sur la fissure, qui ont donné ensuite les spatter-remparts.
* soit qu'un premier lac est apparu au pied de la paroi puis que l'activité a migré plus au milieu du plancher, délaissant le premier site éruptif.
Enfin on remarque que la surface du lac est bien agitée (on voit des projections à gauche du lac) signe que l'éruption reste vigoureuse.
Le suivi de cette éruption est difficile: l'accès au volcan n'est pas simple, et la zone est réputée plutôt dangereuse. De fait peu de monde y va et les observations directe sont rares.
Si l'historique de cette éruption, et les questions qu'elle a posée vous intéresse, deux liens:
- ACTIV, avec un lien pour les actus de 2014 et un autre pour les actus de 2015
- le post que le volcanologue Robin Campion lui a dédié en juillet 2014
Sources: MONUSCO et @SherineFrance, via twitter
Bonjour,
RépondreSupprimerOn voit que la plateforme à droite du lac est recouvert de mousse ainsi que plusieurs zones assez proches des ramparts et du petit évent. Ca a l'air assez stable dans le temps !
Bonjour.
SupprimerPeut-être une zone recouverte de cheveux de Pélé, ou/et des dépôts de soufre ? Difficile à dire mais la teinte me ferais presque préférer la première solution...
Bonjour,
RépondreSupprimerQuid de la mare de lave au centre bas de la photo ? Car cela complique d'autant plus le système de surface…
De toute façon, tant qu'on ne sera pas capable d'expliquer comment un système magmatique pareil puisse se maintenir dans le temps malgré une déperdition considérable de chaleur, on ne pourra comprendre la « plomberie » superficielle des lacs de lave et donc les différentes manifestations de surface (éruption fissurale, pit crater, débordement…).
Travailler sur un tel sujet, ça fait pourtant envie :)
Ludovic
Bonjour.
SupprimerC'est un évent secondaire sur lequel je n'ai pas trouvé grand chose à dire: peu de détails :-)
Il est clair que la dynamique d'un lac de lave, déjà en cours d'exploration et d'étude depuis longtemps, reste un champ d'études plein de découvertes à faire.