Raung d'Ijen, Indonésie, 3332m
Mi-janvier je vous ais décrit un ensemble d'éléments suggérant la présence non seulement d'un activité éruptive dans le cratère sommital du Raung, mais le très fort soupçon concernant la présence d'une coulée de lave, émis au par le cône qui occupe le plancher du cratère. Ce soupçon devient une confirmation assez claire suite à la publication de photos et d'image satellites prises à peu près au
même moment, montrant la présence de lave récente sur ce même plancher.
même moment, montrant la présence de lave récente sur ce même plancher.
Des touristes Russes ont fait un tour en Indonésie en décembre 2014-janvier 2015 et visités plusieurs édifices dont le Raung.Y. Demyanchuk publie sur le site Volkstat.ru une de leurs images qui permet d'en apprendre plus sur l'activité qui se déroulait lors de leur passage (date non précisée).
L'activité strombolienne du Raung, en janvier 2015. Image: auteur inconnu, via Volkstat.ru |
Cette image, prise depuis le rebord nord-nord-est du cratère, nous montre quoi:
- tout d'abord elle confirme ce qui était supposé dans le post du 29 janvier: une activité explosive est présente dans le cône. Il s'agit vraisemblablement d'une activité strombolienne qui se déroule sur trois évent distincts, dont deux principaux. Cette activité explosive se déroule dans la partie centrale du cône et est très vigoureuse: les bombes projetées par l'évent le plus à gauche (qui tire en oblique), retombent au pied de la paroi du cratère, situé à environ 500m de distance.
- la coulée de lave, qui était visible mais complètement sombre de jour sur l'image que j'avais trouvée en janvier, est ici vue en action. On voit que le champ de lave est alimenté par une série de tunnels qui permettent à la lave d'être acheminée masquée à la vue, jusqu'à sa résurgence à droite de l'image, près du front du champ de lave. La texture visible sur la seule partie de la coulée qui n'est pas enfermée dans un tunnel (en haut du champ de lave) permet de supposer qu'il s'agit d'une coulée de type "aa". L'épaisseur n'est visiblement pas très importante, mais en analysant un peu l'image on peut proposer une estimation de l'ordre de 3-4m, ce qui semble cohérent avec ce que l'on connait de ce type de coulée. Multipliée par la surface mesurée grâce aux données satellite (voir post du 29 janvier), qui donnaient une valeur de 75 000 m² pour le champ de lave, on obtient un volume d'environ 300 000m3 de lave émise. C'est un ordre de grandeur, pas une valeur exacte, je le précise.
L'ensemble des signaux thermiques repérés au sommet du Raung est, pour le moment, comprsi entre fin novembre et le 02 février. Il n'y a plus de signaux de ce type depuis cette date mais il faudra attendre encore au moins 10-15 jours pour être sûr que cette absence peut-être associé à la fin de l'éruption. En effet, en climat équatorial, la couverture nuageuse, qui bloque ce type de signal, peut couvrir le volcan plusieurs jours d'affilées.
Source: Volkstat.ru
Piton de la Fournaise, France, 2631 m
L'éruption se poursuit, sans grands changements. Elle reste essentiellement effusive et depuis le 08 au soir elle a visiblement connu un léger regain, le signal de trémor étant devenu lui-aussi légèrement plus fort. Je ne sais pas si cette phase de trémor un peu plus élevé se poursuit actuellement ou non mais en tout cas la lave a recommencé de couler jusqu'au pied du Dolomieu et s'allonge toujours actuellement. Au levé du jour on pouvait voir une coulée longue d'environ 1400 m (850 m sur le Dolomieu et 600 au pied de celui-ci), plutôt bien alimentée.
La principale coulée de lave ce matin. Longueur estimée: 1400m, et elle continuait de s'allonger à ce moment-là. Image: OVPF/IPGP |
Il semble qu'une faible activité explosive persiste sur la partie haute de la fissure éruptive. On peut distinguer en effet, sur les images de nuit de la webcam du Piton de Bert, un point lumineux, dont la luminosité varie un peu. Il pourrait s'agir de l'un des spatter-cones (à confirmer) construit sur la fissure par l'accumulation des fragments projetés. Cette activité est visiblement faible comparée à l'effusion. Sous le "spatter-cone" une zone sanas la moindre trace de lave s'étire jusqu'à la coulée visible: c'est un tunnel qui masque la lave en progression, celle-ci ne redevient visible qu'à l’extrémité de ce tunnel (résurgence).
Le champ de lave continue de s'étendre progressivement par une succession de débordements ou de changements de direction des coulées. Un tel débordement pouvait être vu en direct ce matin juste avant le levé du jour: juste en dessous de la résurgence du tunnel de lave un bras a commencé à se développer dans une direction différente de la coulée principale. Ce phénomène peut se produire si par exemple le débit augmente un peu dans le tunnel, ou si l'une des levées* de la coulée cède.
Formation d'un nouveau lobe de lave ce matin. Images: OVPF/IPGP |
Pour avoir d'autres explications sur les mécanismes potentiels de cette éruption je vous invite à lire les commentaires laissé dans le précédent post.
* sorte de digues latérales naturelles que la coulée fabrique pendant sa mise en place et qui délimitent le chenal dans lequel s'écoule la lave (et que l'on appelle en fait la coulée).
Source: OVPF/IPGP
Fuego, Guatemala, 3763 m
L'activité paroxysmale qui a animé le volcan ce week-end est terminée. L'INSIVUMEH détecte maintenant une sismicité plutôt normale avec des explosions plus faibles et espacées. Le diagramme RSAM, qui mesure les changements d'amplitude* du trémor, est lui aussi revenu à la normale. Pour autant l'activité n'est pas revenue à son point de départ car une importante coulée de lave reste alimentée pour le moment. Partant du sommet elle parvient assez bas sur le flanc sud du stratovolcan, canalisée par une ravine appelée "Trinidad". L'INSIVUMEH décrit une coulée longue de 2000m, bien visible sur la webcam de l'Observatoire (OVFGO).
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L'activité de l'aéroport La Aurora a repris son cours ou devrait le reprendre rapidement maintenant que les pistes sont nettoyées.
Nettoyage des pistes de l'aéroport La Aurora dans la capitale Guatémaltèque par l'armée. Image: Forces Armées Guatemaltèques. |
Sources: Forces Armées Guatémaltèques; CONRED; OVFGO-INSIVUMEH/USAID/Michigan Tech
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