L'activité éruptive se poursuit dans le cratère sommital du Shishaldin, l'un des stratovolcans les plus archétypaux du monde. L'Alaska Volcano Observatory relève toujours un signal thermique et une sismicité compatible avec une éruption, bien qu'elle reste confinée au fond du cratère, et de faible intensité.
Hier matin toutefois, pour la première fois depuis le début de cette crise, un panache de cendres a été
observé sur la webcam, installée au sud-est du sommet. Ce panache, peu chargé et à priori unique, pose la question du mécanisme qui l'a produit.
Le choix est restreint:
- une explosion plus forte que les autres? Mais alors se pose l'inévitable question subsidiaire: "pourquoi une et une seule?"
- un effondrement d'un bout de paroi?
L'événement, quel que soit sa nature, ne se voit pas particulièrement sur les sismogrammes.
Petite émission de cendres hier matin sur le Shishaldin. Image: AVO/USGS |
Quel que fut l'origine de ce panache de cendres, l'activité semble rester stable et le niveau d'alerte aviation fait de même: orange.
Sources: AVO/USGS/ VAAC d'Anchorage
Sheveluch, Russie, 3283 m
Suite à son impressionnante activité explosive du 01 février, le volcan reste très actif, plus qu'après les explosions précédentes. Une différence intéressante s'est en effet faite jour: une incandescence quasiment permanente sur le haut versant sud-sud-ouest du dôme. Cette incandescence est la trace, sur les images webcam, de très hautes températures à cet endroit. Mais à quoi sont-elle dues? Échappement de gaz à très haute température, ou présence de lave en cours d'émission?
La séquence d'images prise par les webcams les plus sensibles aux basses lumières suggèrent qu'il s'agit peut-être de la seconde solution (qui s'accompagne de toutes façons de l'émission de gaz à haute température...). En effet on peut maintenant voir, de temps en temps des avalanches incandescentes se produire et descendre en direction du sud-sud-ouest. Elle sont très souvent de très faible importance et se signalent alors par une brusque hausse de l'incandescence. Parfois, elle sont plus volumineuses et alors la lueur s'allonge tout au long de la trajectoire suivie par les blocs en train de rouler dans la pente.
Avalanche incandescente sur le versant sud-sud-ouest du dôme du Sheveluch. Image: KVERT |
Maintenant que l'hypothèse sur le mécanisme à l'origine de cette incandescence permanente est posée, voyons quelle est sa source. Il est facile de montrer qu'il s'agit d'un site situé sur le dôme, ou devrais-je dire "dôme complexe", tant il est formé par l'accumulation de lobes et de coulées visqueuses apparues lors de diverses crises par le passé.
Mais ce n'est pas n'importe quel site. En effet avant l'explosion du 01 février le sommet du dôme complexe était occupé par une coupole très régulière de lave, produite par une très lente extrusion active depuis plusieurs années (comparez l'image ci-dessous avec celle-ci prise en 2013, vous verrez que dans l'intervalle la coupole a changé d'aspect, s'est "lissée", signe de son activité).
Or l'explosion l'a littéralement éventrée, laissant un couple de pointes semblables à des canines de vampire. La distance entre les deux pointes doit avoisiner la centaine de mètres (ce n'est pas une mesure précise mais un ordre de grandeur). C'est dans cette cicatrice que prennent naissance les effondrements et où se localise la zone incandescente.
Tout est dans le titre sur l'image. Images: KVERT |
Cette activité globalement "calme" est parfois (mais rarement) entrecoupée d'explosions plutôt modestes en comparaison de celles que l'on a observées ces derniers mois. Toutefois l'ensemble de ces caractéristiques permet de penser que l'activité sur ce volcan est un peu plus importante que durant les derniers mois.
Activité explosive sur le dôme éventré. Images: KVERT |
Le niveau d'alerte aviation reste à l'orange
Source: KVERT
Fogo, Cap Vert, 2829 m
L'Observatoire du Cap Vert a publier un nouveau rapport décrivant la situation dans la Caldera de Cha ces derniers jours. Sur le fond rien n'a réèllement évolué depuis le précédent rapport, avec une activité explosive intermittente sur le cône actif. La "surprise" si je puis dire est que l'une de ces effusions a été relativement importante et est en fait restée active depuis le 21 janvier. Or entre cette date et le 28 janvier, dernière de ce nouveau rapport, le front a tranquillement avancé sur environ 1500m en direction de l'ouest-sud-ouest, passant entre le cône du Monte Beco et celui du Monte Saia. Les images faites par les volcanologues à différentes dates sont intéressantes: à certains moment la lave à un faciès "aa", c'est-à-dire émiettée en fragments piquants, et à d'autres moment elle a un faciès "pahoehoe" très lisse.
La nouvelle coulée de lave, le 26 janvier: elle est déjà à plus de 1000m de distance du cône! Image: OVCV |
La même coulée de lave deux jours plus tard, toujours active. La front est Pahoeoe tandis que que l'arrière (où on voit l'incandescence) est "aa". Image: OVCV |
Source: rapport de l'OVCV
Bonjour,
RépondreSupprimerBeau menu volcanique ! :)
Shishaldin : l'effondrement d'une paroi me semble plus réaliste (à l'image du Kilauea le 19 octobre dernier) parce qu'une plus grosse explosion en conduit ouvert, cela appellerai une modification de la quantité de gaz. Où en-est l'activité (a priori) strombolienne du 22-24 janvier ?
Shiveluch : quelle activité !!! Belle cicatrice en tout cas...en même temps, l'explosion avait l'air particulièrement puissante.
Fogo : ces changements de surface de coulée sont vraiment troublants ! En théorie, on apprend que la pahoehoe est l'aspect "primitif" alors que la "aa" est le stade évolué de la coulée ; surtout qu'on peut passer du premier au second stade mais pas l'inverse ! Il faut dire que cet exemple pose problème...Cet exemple pourrait être intéressant à étudier...
Actualité intéressante... :)
Ludovic
Merci :-)
SupprimerJ'ai un faible pour l'effondrement de paroi au Shishaldin, mais ça ne restera qu'une hypothèse. La crise de fin janvier semble être passée. C'est du moins ce que je déduis des rapports de l'AVO qui sont normaux, sans détails particuliers.
Shiveluch: franchement j'aurais aimé voir ça de jour. L'explosion a eu l'air monstre!
Fogo: ce type de changement a été observé très régulièrement en fait, essentiellement au Kilauea, mais potentiellement dans toutes les éruptions effusives à magma assez fluide.
Oui, il y a aussi un exemple à La Réunion : deux bras de coulée, en même temps, à 50 mètres l'un de l'autre, avançant sur la même surface, sur la même pente...alors on peut invoquer la viscosité, la température, le type de surface sur laquelle la lave progresse, la pente...il y a des exemples qui mettent simplement ces explications par terre !
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