Après un dimanche sous les cendres, qui a permis de faire un rapide tour des principales activités explosives en cours, il est logique d'aller voir maintenant ce qu'il se passe du côté de l'activité effusive/extrusive, donc tout ce qui concerne l'émission de lave sans explosion (coulées et dômes pour faire court).
Soputan, Indonésie, 1784 m
Soputan? Mais...mais: il n'était pas dans le "dimanche des cendres" celui-là? Et ben oui, mais il n'est pas rare (au contraire) qu'une éruption soit à la fois effusive et explosive. L'Etna, dans un style bien
différent, nous a montré maintes fois l'exemple, et de façon ô combien spectaculaire.
différent, nous a montré maintes fois l'exemple, et de façon ô combien spectaculaire.
Or il se trouve qu'après l'activité explosive recensée hier, le sommet du Soputan semble bien s'être illuminé d'une coulée de lave. Elle descend du sommet sur le versant ouest mais ses dimensions sont difficiles à connaitre. Pour l'instant je n'ai rien trouvé comme indication sur ce point mais dès que possible je vous en fais part.
Coulée de lave du Soputan. Image: Fiqman Sunandar/Metronews |
Il est possible que les avalanches incandescentes décrites hier soient les prémices de cette coulée: on note sur la gauche de l'image de petites paraboles rouges qui sont la trace laissée par des blocs qui se détachent de la coulée.
La situation est à suivre bien entendu.
Source: Metronews
Bardarbunga, Islande, 2000m
L'activité sur la fissure ouverte dans la plaine d'Holuhraun se poursuit et reste très vigoureuse. Le champ de lave, pour le moment appelé Nornahraun*, s'approche des 85 km², soit deux fois la surface de la ville de Clermont-Ferrand et 80% de la superficie de Paris, et continue de s'étendre lentement. Visiblement les zones les plus actives sont toujours sur sa bordure nord et son extrémité est: c'est en tout cas ce qu'on peut constater avec cette superbe image satellite, LANDSAT 8 (instrument OLI) prise le 16 janvier.
ou celle-ci prise hier par le MODIS et qui, en fausses couleurs, permet de voir nettement les zones les plus chaudes du champ de lave, donc où les coulées sont les plus actives.
Le champ de lave de Nornahraun est un ilot de chaleur perdu dans un océan glacé. Image: MODIS/NASA |
Le lac de lave qui remplit la spatter-rempart* est tout simplement exceptionnel: dans l'ambiance froide de l'hiver islandais, il devient tout simplement un véritable joyaux très photogénique.
Que dire de plus sinon que cela fait maintenant un peu plus de 5 mois que la crise sismique qui a vu se mettre en place le dyke qui alimente cette éruption effusive a débuté. Elle ne cesse de décliner très lentement et certains volcanologues islandais commencent à faire des projections sur ce qui pourrait éventuellement se passer si l'éruption s'arrêtait. Une possibilité décrite par le volcanologue Ármann Höskuldsson (formé entre autres à Clermont-Ferrand à la fin des années 80 et début 90) serait que le magma parviendrait à trouver une nouvelle voie plus en amont, sous le glacier Dyngjujokull, voir au niveau de la caldera du Bardarbunga. Inévitablement le contact glace-lave conduirait à une éruption explosive comme celles qu'on produit les volcan Grimsvötn (2011) ou Eyjafjöll (2010).
Il est aussi tout à fait possible que l'éruption reste telle qu'elle jusqu'à son extinction progressive: toute la mécanique de ce qui se passera dans un futur proche-moyen réside dans le système de plomberie qui alimente cette éruption.
Pour l'anecdote: le nom "Nornahraun" n'est visiblement pas un nom officiel et donc définitif. Il reviendra à priori aux autorités régionales, ou au gouvernement si le champ de coulée s'étend sur au moins deux régions, de donner un nom à ce champ de lave. Par commodité je continuerais avec Nornahraun jusqu'à ce qu'un nom officiel soit décrété.
Sources: IMO; MODIS/NASA; Iceland Magazine;
@eruptionsblog
* l'activité de spattering (spatter = éclaboussure) se déroule lorsqu du magma très fluide est projeté. Les lambeaux chaud et encore assez liquide s'accumulent et se soudent pour former des figures aux pentes raides. Si la lave sort en un seul point, c'est un cône, appelé pour l'occasion "spatter-cone" qui se forme. Si c'est un fissure, alors c'est un "spatter-rempart" qui est produit.
Sinabung, Indonésie, 2460 m
L'activité extrusive, qui n'est qu'un type d'effusion particulier, se poursuit au sommet du Sinabung. La lave, toujours visqueuse, continue d'alimenter un lobe sur le haut versant sud-est. L'activité ne semble toutefois pas très intense en ce moment car la fréquence des écoulements pyroclastiques a visiblement diminué ces derniers temps (beaucoup moins d'images en provenance de l'Indonésie).
L'objet volcanique le plus interessant actuellement sur ce volcan est la présence d'une petite aiguille au sommet. Ce type de morphologique est assez fréquente sur les dômes à conditions que la lave soit particulièrement visqueuse. Elle sort alors sans avoir la possibilité de s'écouler et peut s'élever à la verticale, transperçant la masse du dôme.
Zoom of Lava spine on the top of #Sinabung volcano - Kabanjahe - Karo - North Sumatera. @infobencana @chematierra pic.twitter.com/1fJRfrgMdX
— Leopold Kennedy Adam (@LeopoldAdam) 18 Janvier 2015
La haute viscosité que trahit cette aiguille peut avoir trois origines, conjointes ou non:
- une température relativement faible
- un magma dégazé. En effet la présence de gaz dissouts dans un magma diminue sa viscosité, à température et quantité de silice* identiques.
- un changement de teneur en silice: si le magma qui sort maintenant en contient plus sa viscosité est supérieure.
Le VSI maintient le niveau d'activité à 3 (sur une échelle de 1 à 4).
* les deux autres paramètres principaux qui contrôlent la viscosité d'un(e) magma/lave
Source: @LeopoldAdam
Nishino-Shima, Japon, environ 100m
L'activité effusive reste importante sur l'île et continue d'en étendre la surface. En novembre-décembre dernier le flux de lave se dirigeait vers le nord-ouest et avait créé une vaste plate-forme qui avait commencé à engloutir ce qu'il restait de l'île initiale. Mais fin décembre ou tout début janvier ce flux, qui prend toujours naissance au pied du versant nord du cône qui domine la nouvelle île, a dévié sa course et a recommencé à agrandir la côte est, une zone qui n'avait plus été alimentée depuis juillet-août 2014.
Sur l'image de gauche ont peu voir la lutte que se livrent la lave et l'eau. L'éruption a tendance bien évidemment à ajouter de la matière et étendre ainsi la surface de l'île. C'est d'ailleurs elle qui gagne à court et moyen terme puisque sa surface augmente effectivement. Cependant le travail d'érosion que mène, vague après vague, l'océan est déjà bien visible. Elle se manifeste par la présence de plages de sable (scoriacé probablement) lisse bien visibles de tous les côtés de l'île, même les plus récents. L'action mécanique des vagues, très efficace même si elle est moins rapide que l'ajout de lave par l'éruption, fragmente le front des coulées en cours de progression et après leur arrêt. Les fragment ainsi déposé sont brassés par le ressac, chaque grain se percutant à ses milliers de voisins des milliers de fois par jours, concassant un peu plus le tout pour finalement créer ce sable.
Sources: Khaio; GIS
Kilauea, Etats-Unis, 1222m
Là aussi l'activité effusive suit tranquillement son cours et continue d'alimenter les différents fronts de "la coulée du 27 juin". Dans le post précédent je vous parlais de la progression d'un lobe, que j'avais alors (avec une fantaisie folle) nommé "nouveau lobe", apparu à quelques centaines de mètres au-dessus du front stagnant, soit environ 1500m au-dessus de la zone commerciale menacée (au 13 janvier, date d sa précédente cartographie). Ce lobe bien progressé ces derniers jours et déjà coupé la voie pare-feu ouverte dans la forêt qui borde Pahoa (voire à 1'04 de la vidéo ci-dessous): il ne se trouve plus qu'à environ 650 m de l'autoroute 130! Les bulletins confirment que sa trajectoire actuelle semble l'amener dans la zone du commissariat de police (ou équivalent) de Pahoa, où se trouve aussi (on peut y voir une forme d'ironie) la caserne des pompiers.
Ces derniers ont d'ailleurs été sur le pied de guerre la semaine dernière après que ce lobe ait déclenché un incendie important qui a été maitrisé à quelques centaines de mètres seulement des premières maisons de la petite ville.
La situation parait donc très sérieuse car avec une vitesse de progression de plusieurs dizaines de mètres par jour, il ne faudra à ce lobe une petite dizaine d'entre eux pour toucher les premiers zones habitées, à condition que son alimentation ne faiblisse pas d'ici là.
Mise à jour 20 janvier, 10h47
Une vidéo réalisée par la société Paradise Helicopter et Tropical Video Division montre (ou semble montrer) la vigueur du nouveau lobe qui menace Pahoa. Sans surprise on peut voir sur la vidéo ci-dessous que le type de coulée est Pahoehoe (lisse), et que la progression est rapide pour ce type de coulée, due à une alimentation soutenue. Vous verrez à certains moment des flammes jaillir à travers la coulée: il s'agit des gaz issus de la combustion de la végétation sous la coulée. Un temps piégés il parviennent à traverser la roche en fusion et en se mélangeant à l'air prennent feu (il y en une jolie à 1'31).
Cependant l'ensemble des rapports édités suite aux observations faites le 19 janvier, date de cette vidéo, indiquent que tous les fronts n'ont que très peu avancé. Une contradiction apparente qui nous permet de réfléchir à la situation.
Pourquoi les observations de terrain indiquent une quasi-stagnation alors que des images filmées d’hélicoptère montre des coulées large, qui avancent plutôt vite?
Il faut tout d'abord constater que la totalité de la vidéo ne montre qu'un et un seul endroit, difficile à localiser sur la coulée du 27 juin: on ne peut donc pas être sûr que ce qui se passe à cet endroit soit représentatif de la vigueur de l'alimentation sur toute la coulée du 27 juin, depuis sa source jusqu'au lobe.
Cette vigueur pourrait très bien être due à un événement plus local. Sur les coulées Pahoehoe il est connu que des accumulations locales de lave à certains endroit peuvent créer des stocks, des poches, à même de se rompre et de libérer d'un coup leur contenu, donnant une zone très vigoureuse. Ces zones sont généralement assez faciles à repérer car elles dforment des figures caractéristiques à la surface du champ de lave Pahoehoe.
Ce qui me fait dire que c'est peut-être le cas ici c'est la présence, à l'endroit d'où partent les bras de coulée que l'on voit avancer sur cette vidéo, de l'une de ces figures dites: "ride de pression". Il s'agit en fait du toit d'un tunnel de lave soulevé sous l'effet d'une accumulation locale de lave. La rupture de cette poche, bien visible à sa base des deux côtés (j'ai mis un trait blanc sur celle du haut) libère un flot de lave assez abondant pendant quelques minutes ou dizaines de minutes, alors que le flux global de lave délivré par la source peut être modéré....un peu comme un abcès.
Ce qu'il faut peut-être retenir ici c'est que décontextualisées ces images peuvent être impressionnantes et faire craindre pour la ville de Pahoa un dénouement dramatique dans un délai court. Or il ne faut pas oublier qu'en dehors de ces images, l'ensemble des observations de terrain effectuées hier, par la protection civile notamment, ont montré que les lobes très actifs ces 15 derniers jours se sont en fait plutôt calmés depuis le 19 janvier.
Sources: HVO/USGS; Défence civile d'Hawaï; Youtube
Klyuchevskoy, Russie, 4750 m
La webcam installée à l'est du "groupe du Klyuchevskoy"* a été remise en route et montre clairement que la coulée décrite il y a déjà plusieurs jours reste active en ce moment. Sur les images de la dite webcam, on peut estimer la longueur de cette coulée à environ 1000m: il ne s'agit que d'une estimation, un ordre de grandeur. On peut noter que cette coulée affecte le versant est, opposé à celui qui avait été touché en 2013.
Le volcanologue Russe Y.Demyanchuk a par ailleurs pu faire des photos détaillées de l'activité strombolienne au sommet: il met ainsi en évidence que les explosions se font au niveau de deux évents distincts.
Le niveau d'alerte aviation reste à l'orange.
*: zone la plus active de tout le Kamchatka, ou sont regroupé les volcans Klyuchevskoy, Bezymianny, Tolbachik, Udina, Zimina, Kamen et Ushovsky
Sources: KVERT; Volkstat.ru
Mise à jour 20 janvier, 10h47
Une vidéo réalisée par la société Paradise Helicopter et Tropical Video Division montre (ou semble montrer) la vigueur du nouveau lobe qui menace Pahoa. Sans surprise on peut voir sur la vidéo ci-dessous que le type de coulée est Pahoehoe (lisse), et que la progression est rapide pour ce type de coulée, due à une alimentation soutenue. Vous verrez à certains moment des flammes jaillir à travers la coulée: il s'agit des gaz issus de la combustion de la végétation sous la coulée. Un temps piégés il parviennent à traverser la roche en fusion et en se mélangeant à l'air prennent feu (il y en une jolie à 1'31).
Cependant l'ensemble des rapports édités suite aux observations faites le 19 janvier, date de cette vidéo, indiquent que tous les fronts n'ont que très peu avancé. Une contradiction apparente qui nous permet de réfléchir à la situation.
Pourquoi les observations de terrain indiquent une quasi-stagnation alors que des images filmées d’hélicoptère montre des coulées large, qui avancent plutôt vite?
Il faut tout d'abord constater que la totalité de la vidéo ne montre qu'un et un seul endroit, difficile à localiser sur la coulée du 27 juin: on ne peut donc pas être sûr que ce qui se passe à cet endroit soit représentatif de la vigueur de l'alimentation sur toute la coulée du 27 juin, depuis sa source jusqu'au lobe.
Cette vigueur pourrait très bien être due à un événement plus local. Sur les coulées Pahoehoe il est connu que des accumulations locales de lave à certains endroit peuvent créer des stocks, des poches, à même de se rompre et de libérer d'un coup leur contenu, donnant une zone très vigoureuse. Ces zones sont généralement assez faciles à repérer car elles dforment des figures caractéristiques à la surface du champ de lave Pahoehoe.
Ce qui me fait dire que c'est peut-être le cas ici c'est la présence, à l'endroit d'où partent les bras de coulée que l'on voit avancer sur cette vidéo, de l'une de ces figures dites: "ride de pression". Il s'agit en fait du toit d'un tunnel de lave soulevé sous l'effet d'une accumulation locale de lave. La rupture de cette poche, bien visible à sa base des deux côtés (j'ai mis un trait blanc sur celle du haut) libère un flot de lave assez abondant pendant quelques minutes ou dizaines de minutes, alors que le flux global de lave délivré par la source peut être modéré....un peu comme un abcès.
Ce qu'il faut peut-être retenir ici c'est que décontextualisées ces images peuvent être impressionnantes et faire craindre pour la ville de Pahoa un dénouement dramatique dans un délai court. Or il ne faut pas oublier qu'en dehors de ces images, l'ensemble des observations de terrain effectuées hier, par la protection civile notamment, ont montré que les lobes très actifs ces 15 derniers jours se sont en fait plutôt calmés depuis le 19 janvier.
Sources: HVO/USGS; Défence civile d'Hawaï; Youtube
Klyuchevskoy, Russie, 4750 m
La webcam installée à l'est du "groupe du Klyuchevskoy"* a été remise en route et montre clairement que la coulée décrite il y a déjà plusieurs jours reste active en ce moment. Sur les images de la dite webcam, on peut estimer la longueur de cette coulée à environ 1000m: il ne s'agit que d'une estimation, un ordre de grandeur. On peut noter que cette coulée affecte le versant est, opposé à celui qui avait été touché en 2013.
La coulée de lave vue par une webcam du KVERT installée au sud-est du Klyuchevskoy. Image: KVERT |
Le volcanologue Russe Y.Demyanchuk a par ailleurs pu faire des photos détaillées de l'activité strombolienne au sommet: il met ainsi en évidence que les explosions se font au niveau de deux évents distincts.
Deux évents distincts sont le siège d'une activité explosive. Image: Y.Demyanchuk/Volkstat.ru |
Le niveau d'alerte aviation reste à l'orange.
*: zone la plus active de tout le Kamchatka, ou sont regroupé les volcans Klyuchevskoy, Bezymianny, Tolbachik, Udina, Zimina, Kamen et Ushovsky
Sources: KVERT; Volkstat.ru
Bjour C.V.
RépondreSupprimerTres belle vidéo de l'avancement de la lave du Kilauea.
Question pour le barbabunga
A t'on des nouvelles du cratère du volcan?, est ce qu'il continu à (s'affaisser?) vu qu'il y a moins de tremblements de terre à ce niveau.
A+
Ah oui: niveau caldera l’affaissement se poursuit mais a bien ralenti. Le GPS ne transmet plus (il a fonctionné quelques jours il y a une semaine environ puis s'est à nouveau arrêté). La sismicité baisse certes, mais il y a encore des chocs entre 4 et 5: ca reste quand même très anormal et ce sont des magnitudes fortes pour un système volcanique. Il y a donc toujours des ruptures à l'aplomb de la caldera.
SupprimerBonjour,
SupprimerJe ne comprend pas pourquoi le magma chercherait une sortie différente vu qu'il en a déjà une à sa disposition sur Holuhraun ? Si la pression baisse et que Holuhraun n'est plus alimenté, ce sera d'autant plus difficile de trouver un chemin ailleurs, non ?
Peut-être en raison de la baisse de pression progressive justement. Il ne faut pas oublier que l'extrêmité du dyke se trouve à 40 km de la source. Si la pression n'est pas suffisante pour maintenir le dyke ouvert, peut-être que la zone la plus susceptible de se fermer en premier est la plus éloignée.
SupprimerIl est difficile de se représenter les forces en présence et leurs intensités respectives. Pour se déplacer dans le dyke le magma doit avoir assez de pression pour maintenir de force les parois écartées sur les 40 km. Sans quoi la pression lithostatique referme le dyke et les parois se collent hermétiquement.
Si cela se produit mais que le flux de magma sous le sommet n'est pas terminé on peut imaginer que des zones plus en amont peuvent se mettre localement en surpression et s'ouvrir à leur tour: c'est peut-être ce que les volcanologues imaginent dans ce scénario, mais il est difficile de traduire leurs hypothèse à partir d'article de presse: l'idéal serait d'être avec eux dans les réunions pendant lesquelles ils font le point sur la situation. :-)
Juste une réflexion en l'air : le magma est incompressible et tout comme dans une conduite forcée, ce n'est pas la longueur de la conduite qui compte mais la hauteur colonne d'eau !
SupprimerOn peut alors imaginer que seule la pression du piston de la caldera est à prendre en compte.
Remarque intéressante: la pression magmatique dans le dyke, ou du moins la variatin de pression entre la chambre et la surface n'est pas la seule clé en effet (bien que l'incompressibilité ne soit qu'une simplification valable pour les système de taille réduite).
SupprimerTout d'abord il y a deux différences principalse avec l'analogue qu'est la conduite forcée:
1- cette dernière est homogène (le matériau présente la même résistance sur toute sa longueur) ce qui n'est à priori pas le cas du dyke qui, lui, traverse des terrains différents (on ne peut pas exclure par exemple des micro fuites le long du parcours etc): comment cela peut-il agir sur la propagation du magma (si cela agit).
2- l'eau, qui est un liquide monophasé, a un comportement homogène sur tout le parcours de la conduite forcée. Le magma est polyphasé (liquide/solide+ généralement gaz) et son comportement varie au long du parcours.
Modéliser le déplacement du magma dans un dyke n'est pas facile car les paramètres sont nombreux et les observations directes....difficiles. Le moteur principal est la différence de pression entre la chambre et la surface mais les modifications du magma sont aussi importante.
Mais au fur et à mesure que le magma avance il perd de la chaleur, devient plus visqueux. Mais en même temps les cisaillements qu'il subit, dû au fait que le magma au bord du dyke frotte sur les parois, produit de la chaleur qui le fluidifie. La quantité de fluides qu'il contient (CO2 et H2O notamment) est aussi important dans le comportement que peut avoir ce magma, et donc sur sa capacité à se déplacer dans le dyke. Le gaz peut très bien fuiter tout au long du parcours: cela ajouté à la baisse progressive de température tout au long du dyke peut faire que la viscosité du magma sur le site de l'éruption est plus élevée que ce qu'elle est lorsqu'il s'échappe de la chambre magmatique.
Il semble par ailleurs que la géométrie même du dyke ait un rôle à jouer dans la capacité du magma à s'y propager.
Bref tout cela est vraiment complexe.
Là où je me trompe probablement parcontre c'est sur la capacité du dyke à se refermer (c'est valable à très grande profondeur mais dans la croûte supérieure je ne suis pas si sûr): en fait peut-être que le magma ne pourra plus sortir dans la plaine à partir du moment où, le débit de la source diminuant, le magma sera devenu trop visqueux au bout des 40 km pour pouvoir sortir...Alors qu'il restera assez chaud et fluide plus en amont du dyke, et donc sera plus à même de faire éruption.
Oui, c'est vrai que mon exemple était très réducteur. Les paramètres d'une éruption sont autrement plus complexes qu'une simple conduite forcée !! :-)
SupprimerMais votre remarque m'a fait réfléchir sur plusieurs petites choses donc je vous remercie pour cet échange :-).
Supprimer