C'est du moins ce qu'a expliqué dans les médias locaux un expert, João Fonseca, en charge de la surveillance volcanique et de la maintenance du matériel. D'après lui les signes d'activité en surface se font plus faibles chaque jour, conclusion à laquelle il arrive grâce à des mesures réalisées à partir de l'analyse de données satellites. Le débit éruptif s'affaiblit progressivement, mais cela n'a pas empêché le lobe nord de la
coulée qui s'étire en direction de Cova Tina de passer à travers une zone faiblement habitée dite " Ilhéu de Losna", d'y détruire quelques infrastructures, et de continuer d'y recouvrir les terres agricoles.Front de coulée de type "Pahoehoe" dans la zone d'Ilhéu de Losna, au pied du rempart de la caldera |
Un habitant de la caldera, Theo Montrond, a fait quelques clichés depuis le bord de la caldera, qui permettent d'embrasser d'un coup d'oeil l'ensemble de la situation. Deux de ces images ont pu être associées en un seul panoramique, plus facile à lire, que j'ai monté et annoté.
L'éruption du Fogo a donc déjà des impact à court, moyen et long terme.
- les conséquences à court terme sont évidentes: destruction d'habitations, d'infrastructures favorisant le tourisme (et donc l'entrée de devises) et d'infrastructures agricoles (coopérative viticole, zones de stockages ou de transformation des denrées produites dans la caldera)
- les conséquences à moyen et long terme sont diverses. La disparition sous la coulée des terres fertiles diminue la capacité de la caldera à produire les plantes habituellement cultivées, tels que haricots, courges, vignes etc. Il y a aussi maintenant moins de surface pour l'élevage et avec cette baisse de surface exploitable la réinstallation des familles qui en vivent pourrait être complexe, bien qu'un projet de reconstruction de la coopérative viticole semble déjà être en préparation pour 2015. L'activité touristique pourrait, à contrario, être favorisée du fait de cette éruption et aider au maintient de la (ou d'une partie de la) population dans la caldera. Tout ou presque est, pour ce secteur, à reconstruire: les zones d'accueil (chambres d'hôtes, auberges etc), les zones d'information, et mêmes les circuits guidés qui pourraient être repensés.
Le retour d'un équilibre favorable aux habitants de la caldera se jouera entre:
* les investissements, en partie financés (si tout se passe bien) par les dons récoltés durant la crise, qui seront (normalement) priorisés en fonction des études des risques volcaniques. Les politiques devront forcément valider ou pas l'idée de réinvestir dans une zone a risques.
* la volonté des habitants à revenir.
* la possibilité concrète pour leur réinstallation (répartition de l'espace exploitable). Avec peut-être un point positif: la où la lave est passée une fois il y a peu de chance qu'elle repasse la prochaine fois.
Dit autrement: si les villages de Portela et Bangaeira sont reconstruits sur la coulée (qui probablement vite devenir un matériau de construction) il y a de fortes chances qu'ils soient protégés un moment d'autres coulées, qui passeront d'un côté ou de l'autre. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit pour cette éruption, et qui a causé la perte des deux villages: la lave a longé la coulée de 1995. Par précaution il serait peut-être interessant de regarder comment ouvrir une seconde voie d'évacuation de la caldera, afin de faciliter toute gestion de crise future.
Nous verrons quelles seront les décisions qui seront prises à l'avenir....mais il faudra d'abords attendre que l'éruption soit arrivée à son terme.
Sources: Fogonews; Involcan; Avcan
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