28 novembre 2014

Un point sur la situation au Nyamuragira

Depuis le début du mois de novembre le MODVOLC relève une nombre important de signaux thermiques dans la caldera sommitale du Nyamuragira, voisin du Nyiragongo, près de Goma (République Démocratique du Congo). Cette recrudescence pourrait être le signe du retour, dans le cratère nord de la caldera d'un lac de lave après l'activité qu'à connu le volcan en juillet-août (et probablement largement plus tôt, dès 2012*). "Retour" si tant est qu'il ait jamais vraiment disparu entre
août et novembre. Un faible signal thermique, dans la zone où se trouvait le lac cet été, à pu être capté début septembre par le MODVOLC, mais le rythme des détections s'est accru en novembre: aucune n'a été repérée en octobre.

Signal thermique de l'éruption du volcan Nyamuragira
Détection des anomalies thermique en septembre et novembre 2014. Images: MODVOLC/HIGP
 
Cependant, le 28 octobre dernier le satellite LANDSAT 7, passant sur la zone, a pu produire une image sur laquelle on aperçoit ce qui pourrait bien être le lac en question.

Image satellite de l'érption des volcans Nyamuragira et Nyiragongo, 28 octobre 2014
Est-ce le lac de lave,avec une très très légère teinte rose (incandescence?) que l'on aperçoit sur cette image Landsat 7? Pas facile d'être sûr. Image: Landsat 7/USGS
Comment interpréter, en l'absence d'observations directes régulières (situation géopolitique, accessibilité complexe) le fait que le lac n'est pas toujours présent sur les données satellites, ou du moins que son signal thermique soit absent?

Deux raisons possibles au moins:
- le lac n'est effectivement pas là de manière continue.
- le lac est bel et bien toujours présent mais pas toujours repérable. Un lac de lave n'est qu'une colonne de magma qui remplit un conduit volcanique, et en fonction de la quantité de magma que délivre la source, dans le manteau, son niveau varie,  un phénomène que l'on peut suivre en directe au Kilauea. La configuration du cratère est importante: s'il est trop étroit (c'est le cas pour le petit  cratère dans lequel s'est logé le lac) la surface rayonnante est faible, donc le signal thermique l'est aussi. Pour peu que:
* le lac se trouve un peu trop profondément enfoncé dans le cratère
* et/ou qu'il y ait des nuages, ce qui n'est pas vraiment rare en zone équatoriale

et on ne peut rien repérer, si ce n'est le panache de gaz. C'est peut-être d'ailleurs ce qui est à l'origine de l'absence de signal sur le MODVOLC entre la mi-septembre et tout octobre, plus que l'absence du lac lui-même. Aussi la recrudescence des signaux thermiques depuis début novembre pourrait-elle le signe d'une hausse du niveau du lac de lave et/ou de son élargissement. Mais le seul moyen de savoir...c'est encore d'aller voir bien évidemment.

Sources: MODVOLC/HIGP; LANDSAT7/USGS

* je vous conseille à ce sujet de lire le post rédigé par le volcanologue Robin Campion en juillet dernier

3 commentaires:

  1. Robin n'a pas l'aier de douter de l'existance du lac ... ses manifestations pourraient donc être hétérogènes ! De toute façon je ne vais pas parier avec lui je lui dois déjà la moitié de mes biens .... ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Article avec une photo du nouveau lac de lave :)

    http://www.sott.net/article/289483-Worlds-newest-lava-lake-appears-in-Africa

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cool! Merci. La photo a, si j'ai bien compris l'article, été prise en juillet.
      Il faut aussi noter qu'il reste une incertitude quand au moment de l'apparition du lac.

      Supprimer