Quelques infos des volcans Stromboli, Etna, Shishaldin, Copahue, Cerro Negro de Mayasquer et Sinabung

Stromboli, Italie, 926 m

L'activité effusive est restée importante depuis le précédent post, le 01 octobre dernier. La lave, émise par la petite fissure éruptive ouverte à 650 m d'altitude au pieds du cône nord-est, a réussit à sortir de la petite plate-forme tantôt au nord, tantôt au sud, tantôt au centre. 

Cependant il semble qu'il n'y ait plus du tout d'activité effusive depuis le 28 octobre, et ce pour la première fois depuis le départ de cette phase d'abondante effusion, début août.

Il est arrivé à plusieurs reprises que l'activité ait paru s'arrêter, car plus aucune coulée n'était visible.
A chaque fois, jusqu'à présent, ce ne fut qu'une impression, la fissure continuant de délivrer de la lave, qui restait simplement bloquée, hors de vue, sur la plate-forme. Mais cette fois même le rapport mis en ligne hier par l'INGV indique qu'à l'heure actuelle, seul un important dégazage demeure au sommet du Stromboli. Une zone fortement incandescence était toujours présente cette nuit mais il semble bien qu'aucune lave ne soit émise.

Quelques explosions ont aussi eu lieu mais elles restent peu fréquentes et assez peu intenses.

Une chose est impressionnante en tout cas, c'est le changement de morphologie de la plate-forme: elle s'est rehaussée de quelques dizaines de mètres depuis le début de la crise, sous l'accumulation des coulées successives. Ci-dessous, une comparaison d'images prisent en juin et octobre, le pointillé blanc sert à marquer l'emplacement de la plate-forme en juin.

Changement de morphologie de la plate-forme.du Stromboli entre juin et octobre sous l'accumulation des coulées émises depuis début août. Images: INGV

Source: INGV

Etna, Italie, 3330m

Tant qu'on est sur l'Italie, allons faire un rapide tour sur la côte est Sicilienne. Pas grand chose à raconter de ce côté-là, si ce n'est que quelques émissions de cendres étaient encore présentes sur le Nouveau Cône Sud-Est il ya 3 jours (la météo depuis n'est pas très favorable). Elles étaient toujours de très petit volume et semblaient peu fréquentes.

Le trémor reste stable.

Sources: INGV; Etnatrekking

Shishaldin, Etats-Unis, 2857 m

L'AVO a maintenu le niveau d'alerte aviation à l'orange depuis le rapport précédent. Des signaux thermiques généralement faibles et une sismicité systématiquement au-dessus de la normale ont été interprétés comme la conséquence d'une faible activité éruptive au sommet de l'édifice, considérée donc comme continue depuis janvier.

A partir du 24 octobre toutefois cette sismicité a montré une tendance à la hausse. Rien d’exceptionnel mais le 25 une phase de trémor, conjointe avec une anomalie thermique bien plus intense qu'à l'accoutumée révèle que l'éruption a connu un petit "paroxysme".

Signal thermique intense, repéré le 25 octobre par le MODIS. Image: MODIS/NASA

Aucune observation directe n'ayant été faite, exit les détails sur ce qui s'est produit mais les volcanologues indiquent toute de même que le sommet du stratovolcan, enneigé, était salit par les dépôts de la crise sur les images prisent le 26 octobre par la webcam. Les explosions ont donc été assez importantes pour projeter des fragments à environ 200 m de hauteur (NDLR: la profondeur du cratère sommitale).

Depuis lors les instruments continuent d'enregistrer des phases de trémor, signe que la crise n'est pas terminée.

On distingue bien les phases de trémor, où le signal est plus intense. Image: AVO/USGS

 Source: AVO/USGS

Copahue, Chili-Argentine, 2965 m

La sismicité a décliné durant la semaine écoulée et, bien qu'une incandescence assez forte se soit poursuivie, signe de le présence de très hautes températures, un lac a commencé à se reformer dans le fond d'El Agrio, le cratère actif du Copahue. Par ailleurs les mesures de déformation montrent que l'édifice "dégonfle" (déflation). En conséquence le SERNAGEOMIN a décidé d'abaisser le niveau d'alerte volcanique d'un cran et de le repasser au jaune.

Forte incandescence dans le cratère d'El Agrio le 27 octobre, avant 48 heures de mauvais temps. Image : SERNAGEOMIN

Source: SERNAGEOMIN

Cerro Negro de Mayasquer, Equateur/Colombie, 4445 m

C'est l'autre volcan binational de ce post d'actualité, qui est au coeur d'une crise sismique peu commune, comme vous le savez (voir post précédents). Le pic de sismicité qui a débuté le 29 septembre se poursuit et comptait 96360 secousses le 28 octobre, essentiellement de la fracturation "sèche" (sans circulation de fluides). Les mesures GPS continuent de montrer des déformations cohérentes avec la possibilité d'une intrusion magmatique. Cependant, pour le moment, aucune manifestation en surface n'a été décrite.

Sur place la situation sanitaire n'est pas glorieuse mais les autorités des deux côtés de la frontière continuent leur travail d'information pour les communautés éparpillées autour de l'édifice. Un travail de longue halène probablement, mais necessaire.

La presse locale rapporte que la sismicité, en particulier la secousse de magnitude 5.8 du 20 octobre, a endommagé des routes et des habitations. Parfois à un point tel que les habitants ont du dormir dehors, et que des commerces n'ont pu ouvrir par crainte que les murs ne s'effondrent. Des tentes, de l'eau, des matelas et des lampes ont été distribués en grand nombre. Mais certains ont visiblement du se débrouiller, dormant sous des plastiques. Dans la petite ville colombienne de Tufiño, destination touristique (les sources thermales du Cerro Negro de Mayasquer ne sont pas loin, la frontière non plus), l'aide ne semble pas être arrivée. Côté Equateur il semble que pas mal de monde ait quitté la zone pour rejoindre d'autres agglomération du pays comme Tulcàn, ou Quito.

En clair: la situation ne semble pas évidente.

Une route endommagée suite au séisme du 20 octobre, près de Tufiño. Image: Yaco Martinze/El Universo

Mise à jour 17h38

L'IGEPN a émis de son côté un bulletin grâce auquel on apprend que la crise en cours à connu un pic le 22 octobre avec environ 8000 secousses dans la journée! La sismicité est restée ensuite intense...mais un peu moins.

Nombre de secousses par jour. Image: IGEPN

Sources: SGC-Observatoire de Pasto; IGEPN; El Universo


Sinabung, Indonésie, 2460m

L'extrusion se maintient au Sinabung et continue d'alimenter des écoulements pyroclastiques, dont certains sont assez impressionnants. Ceci est autant du à leurs caractéristiques propres (forte charge en cendres, volume assez important etc) qu'au fait que les images sont prises depuis les villages proches ce qui rend le phénomène d'autant plus spectaculaire sur le plan visuel. Il semble que le côté sud de la coulée visqueuse soit toujours le plus affecté et que, de facto, c'est le quart sud-est de l'édifice qui soit le plus soumis à cet aléa (= phénomène).

#Sinabung eruption this afternoon 29/10 - 14:45pm by Gagarin Sembiring view Tiga Pancur pic.twitter.com/vEWgxU8Vto
— Volcano Alert (@infoVolcano) 29 Octobre 2014

Le président indonésien, Joko Widodo fraîchement élu cet été, est venu en personne sur le site pour constater les conséquence de l'éruption, et en particulier la situation des presque 3300 personnes encore relogées actuellement (et depuis un an). Il a déclaré comme prioritaire le relogement de toutes ces personnes, qui viennt des villages les plus a risques (Suka Meiah, presque totalement rayé de la carte, Berastepu, Gamber, Simacem, Kuta Tonggal, Gurukinayan), tous situés à moins de 5 km du sommet, limite qui n'a été franchie, jusqu'à présent, que par les lahars qui emportent progressivement les cendres déposées depuis l'an dernier. Les écoulements pyroclastiques les plus importants depuis le début de la crise ont en effet atteinte,au plus, 4500 m environ.
Des fonds pour la constructin de 370 maisons devraient être débloqués.

Sources: VSI; Volcano Alert; BNPB