5 octobre 2014

Le point sur l'activité des volcans Kilauea, Sinabung, Bardarbunga, Ontake, et Piton de la Fournaise

Piton de la Fournaise, France, 2631 m

L'OVPF a mis en ligne aujourd'hui un rapport complet sur l'éruption qu'à connu le volcan fin juin dernier. Pour le détail je vous laisse consulter le rapport directement sur le site, mais voilà les principaux éléments que les volcanologues ont pu mettre au jour suite à l'analyse des signaux
géophysiques (sismicité, déformation) et géochimiques (compositions des laves).

Pour faire bref:
- une sismicité profonde est apparue en mars-avril, avec des secousses localisées à presque 20 km de profondeur, sous le niveau de la mer (ajouter 2600 m pour arriver au sommet du Dolomieu)
- la hausse de la quantité de CO2 qui diffuse à travers le sol. Cela est un signe habituel de l'arrivée de magma car le CO2 est un des, sinon le, gaz le moins soluble dans le magma: c'est donc le premier à s'en échapper, longtemps avant que le magma lui-même n'arrive.
- l'augmentation des séismes volcano-tectoniques (moins de 1500m d'altitude dans le raport, soit moins de 1100 m de profondeur sous le sommet.

Côté géophysique, les mesures de déformation via les données satellites (INSAR) insique que ces dernière sont surtout importantes à proximité des fissures éruptives. C'est aussi l'imagerie satellitaire qui a permis d'estimer à la fois le débit de lave pendant l'éruption (environ 7 m3/sec) et le olume totale émis (environ 0.35 millions de mètres-cube).

Côté géochimie, la composition de la lave émise montre qu'il s'agit avant tout d'une poche qui a stagné un certain temps qui a fait éruption, mais certains échantillons ont une composition qui indique leur provenance d'une source plus profonde. Les volcanologues pensent donc que c'est une injection de magma depuis une source profonde (ce qui colle avec la sismicité profonde) qui a perturbé une poche superficielle et a provoqué son éruption.

Eruption effusive sur le volcan Piton de la Fournaise, juin 2014
L'éruption du Piton de la Fournaise en juin 2014. Image: IPRéunion

Le rapport complet est disponible sur le site de l'OVFP (Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise).

Source: OVPF; merci à @OlivierDupere

Ontake, Japon, 3067m

Les recherches se sont poursuivies et ont permis la découverte de 4 autres corps à proximité du sommet de l'édifice ce qui porte le nombre de victimes à 51. Conséquence logique: suite à l'accident l'activité touristique dans la ville de Kiso a pris un coup dans l'aile avec jusqu'à 50% d'annulation de réservation dans l’hôtellerie, et l’association Touristique de la ville de Kiso a reçu de vives critiques comme par exemple: "Comment avez-vous pu promouvoir la zone comme une destination touristique alors que vous saviez qu'il pourrait faire éruption"....comme si c'était leur faute....
Quoi qu'il en soit, malheureusement entre 12 et 16 personnes sont encore portées disparues mais les recherches ont du être interrompues à l'approche d'un typhon, qui cette fois pose le problème du risque de lahars de par les pluies qu'il produit. Les zones habitées qui se trouvent à proximité des cours d'eau qui descendent de l'édifice doivent ainsi faire preuve de la plus grande vigilance, en particulier sur les versant est et sud.

Japan Times, Japan News


Sinabung,  Indonésie, 2460m

L'activité extrusive semble effectivement reprendre de la vigueur depuis une petite semaine. C'est en tout cas ce que suggère la hausse du nombre et de l'importance des écoulement pyroclastiques depuis plusieurs jours. Après un important écoulement il y a quelques jours, un autre long d'environ 4500 m s'est à nouveau développé ce matin. 

Ecoulement pyroclastique sur le volcan Sinabung, 05 octobre 2014
Important écoulement pyroclastique ce matin. Images: CVGHM
La fréquence des écoulements (celui ci-dessus n'est que le plus important d'une série) et leur  dynamique suggère que le magma qui les produit est plus riche en gaz que celui qui est sorti ces derniers mois. En effet, un magma dégazé n'a pas la possibilité de produire des écoulements aussi mobiles car c'est la quantité de gaz (par rapport à la quantité de cendres) qui les rend plus ou moins fluides. Ainsi même un très gros fragment de dôme dégazé qui se décroche ne produit qu'un écoulement court et peu mobile, à la limite avec une simple avalanche de blocs, pas du tout ce que l'on voit sur les images ci-dessus.
Le couloir touché par ces écoulements se situe entre la première coulée et une importante ravine ouverte sur le flanc sud. Les dépôts de ces écoulements se mettent en place à côté de ceux qui ont détruite de vastes zones cultivées en début d'année : la zone touchée s'étend donc plus au sud-ouest.
Dans la zone potentiellement "impactable" il faut noter la présence du village de Sukah Meriah déjà durement touché par 15 victimes en février et de Pyaung, dont je ne sais pas si i lest évacué ou non.


La situation sur le volcan Sinabung, 05octobre 2014
Localisation de la trajectoire des nouveaux écoulements pyroclastiques et cartographie rapide de la nouvelle zone "impactable".

Ne pas oublier que ce qui se passe actuellement n'est pas une nouvelle éruption, mais toujours la même éruption qui a débuté en septembre 2013. Il ne serait pas étonnant en effet que dans les médias vous trouviez des titres comme "le Sinabung a nouveau en éruption" ou "nouvelle éruption sur le Sinabung" etc, etc.

Dans un article publié en juillet, le Jakarta Post indiquait qu'à ce moment-là plus de 10 000 personnes étaient encore cantonnées dans des centres d'accueil.

Source: CVGHM, merci à @Kaptain-Kroket :-); Jakarta Post


Kilauea, Etats-Unis, 1222 m

L'activité effusive se poursuit. Le lobe de lave qui stagnait depuis plusieurs jours a repris sa marche vers l'avant mercredi dernier, mais n'a progressé que de 315 m en  4 jours, progression lente s'il en est, mais progression tout de même. Par ailleurs la partie de la coulée qui est active et progresse  le fait maintenant en forêt, ce qui ne simplifie par son avancée.
De nouveaux lobes de lave sont apparus quelques kilomètres en amont, à peu près à l'endroit où la lave entre dans le réseau de fissures qui l'a amené aux porte de Pahoa, signe que l'alimentation n'y pénètre plus très bien (trop plein).

Localisation de la coulée de lave sur le volcan Kilauea, 03 octore 2014
Cartographie du front actif de la coulée, proche de Pahoa. iùage: HVO/USGS

La situation n'est donc plus immédiatement critique pour Pahoa, mais cela peut changer d'un jour sur l'autre en fonction du débit de la coulée.

Source: HVO/USGS

Bardarbunga, Islande, 2000m

L'éruption en connait pas de changement particulier. Le nouveau front de coulée a progressé rapidement et semble très large. La sismicité au niveau de la caldera reste importante et synchrone à son affaissement progressif, qui dépasse maintenant les 8 m depuis qu'il a débuté.

Lq coulée de lave du volcan Bardarbunga, dans la plaine d'Holuhraun, 04 octobre 2014
La fissure éruptive et la sa coulée de lave, hier matin. Image: MILA

Mise à jour 12h04

Et une vidéo faite depuis un hélico: la coulée est vraiment très impressionnante, tout comme l'activité sur la fissure.


Sources: IMO; MILA

8 commentaires:

  1. J'ai constaté qu'il y a eu une hausse considérable dans le nombre de tremblements de terre hier par rapport à avant-hier avec magnitude 3 ou plus. Et là je constate qu'avant 10h en Islande aujourd'hui on a déjà eu 14 tremblements de terre comme ça dans la région de Bardarbunga, alors qu'hier ce n'était que 6 à la même heure. Si c'est une tendance, et ne pas que l'hasard ou quelque chose qui s'inscrit dans un cycle qui n'est pas nouveau, ça pourrait signifier quoi ? J'ai compris que vous n'apportez pas beaucoup d'importance à la lune, en même temps il me semble qu'on n'est pas loin de la pleine lune en ce moment (donc je ne peux pas m'empêcher d'être curieux sur comment ça a été jusque'ici par rapport à la lune, même si personne ne semble savoir cela).

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  2. Par rapport à la vidéo, elle pourrait s'inscrire dans une logique postmoderne qui réduit tout à de la divertissement. Pour cela, elle me laisse en partie sceptique, tout en me fascinant. Une vidéo est toujours une construction, jamais la réalité - c'est cela le danger avec cette société de divertissement, que le spectacle et le superficiel priment sur le fond. Je sais, je sais, sur ce blog il n'y a pas que des vidéos, c'est sûr, dans ce cas je ne serais pas ici, mais c'est un peu triste de penser à tous les gens qui vont trouver cette vidéo fascinante tout en restant détachés de la réalité de ce qui se passe, il y a bien des études qui montrent que les gens sont moins conscients aujourd'hui que dans les années 60 ou 70 par rapport au développements dans la science, la société, etc. Je crains donc que cette vidéo ne devienne qu'une autre vidéo/gadget parmi tant d'autres sur les réseaux sociaux etc., réduite à servir la société de divertissement/spectacle contemporaine.

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  3. J'ai une question concernant deux des volcans dont il est question ici. Sur le Kilauea, on voit souvent se mettre en place des tunnels de lave. Apparemment ce n'est pas le cas (pour l'instant) dans l'éruption du Bardarbunga : ces dernières nuits on voyait l'incandescence de la coulée sur toute sa longueur. Est-ce qu'on sait expliquer cette différence ? Topographie ? Composition du magma ?

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    1. Rien ne dit qu'il n'y a pas de tunnels au Bardarbunga !-) Le champ de coulées est vaste, les personnels au sol ne s'approchent que de la bordure, qui fait plusieurs mètres à certaines endroits et ceux qui font des survols s'occupent plus du spectacle naturel global que des "détails volcaniques" tel la présence d'un tunnel, d'un skylight etc.
      Ce qu'on voit que les images webcam c'est bien le chenal central, sorte d'immense rivière de roche fondue qui effectivement court sur presque toute la longueur. Le débit est trop important pour qu'un tunnel se mette en place: la surface se refroidit et tente de faire une croûte solide (le toit d'un futur tunnel) mais vu la force du courant de lave, la moindre "tentative d'encroûtement" de la surface est vouée à l'échec, détruite et émiettée. Par ailleurs la largeur est aussi trop importante:pour faire un tunnel il faut que les conditions de la mise en place d'une croûte continue soient réunies: pas facile de joindre les deux bord d'une coulée large avec une croûte unique et solide.
      Pour la composition du magma, les tunnels se forment surtout avec les basaltes, trachybasaltes, laves assez fluides. Pour des compositions plus visqueuses ont a pas de tunnels mais de beaux chenaux, comme par exemple cette coulée visqueuse du Llullaillaco http://assets.bigthink.com/images/eruptions/ISS022-E-008285_lrg.jpg

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  4. Société de contrôle... désolé de dire ça mais sincèrement vous me fatiguez....gardons ce blog ce qu'il est, une source magnifique, informée, explicative, vulgarisante sans être simplificatrice, factuelle, scientifique, et protégeons-le de divagations sur l'influence de la lune et de réflexions philosophico-sociétales....

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    1. Je n'ai attaqué personne, contrairement à vous, je trouve ça désolant de votre part. Essayez d'être un peu sérieux. Il n'y a rien d'étonnant qu'on peut s'intéresser sur comment la lune pourrait participer dans ce qui se passe en Islande. Pour citer http://www.wikistrike.com/article-la-pleine-lune-agirait-aussi-sur-les-volcans-102417879.html :

      "Selon une étude italienne réalisée sur le volcan Stromboli, la pleine Lune pourrait avoir une influence sur les éruptions volcaniques.

      Si l'on prête à la pleine Lune certains effets notamment sur les marées, le disque pourrait aussi agir sur l'activité les volcans. C'est du moins ce que suggère une étude italienne menée sur le Stromboli situé au nord-est de l'Italie. Repris en ligne sur le site internetGeopersdienst.nl, ces travaux tendraient à prouver que les volcans sont plus actifs lors de la pleine Lune. Pour arriver à cette conclusion, Gianluca Sottili et Danilo Palladino ont en fait étudié les éruptions qui se sont produites dans le cratère du Stromboli entre juin 2010 et octobre 2011.

      Or, selon les résultats dévoilés, celles-ci se sont révélées sensiblement plus élevées lors de la pleine Lune ou d'une nouvelle Lune que le reste du temps. A côté de cela, les marées n'ont pas du tout le même effet. Certains mois, c'est même à ces moments-là que l'activité volcanique est la plus basse. Néanmoins, ces résultats ne sont pas fondamentalement nouveaux puisque de précédentes études menées sur d'autres volcans avaient déjà mis en évidence ce phénomène. Mais le mécanisme précis n’a pas été plus compris cette fois-ci."

      Je trouve d'ailleurs que ça a un côté totalitaire de parler de divagations comme ça, il faut bien respecter que tout le monde n'est pas comme vous et peut voir les choses autrement. Personnellement, ma vue c'est que tout est lié à tout, et que ce n'est pas sans intérêt de voir comment les choses se passent dehors la volcanologie si on estime que le fonctionnement des volcans devrait être mieux compris dans la société.

      Je vous conseille d'être moins agressif vis-à-vis ceux qui ne pensent pas comme vous, parce qu'une démocratie qui fonctionne c'est aussi aussi une démocratie où on se sent bienvenue à exprimer ces opinions. On sait (ou doit savoir) que quand une spirale de silence s'installe dans la société, ce n'est pas bon signe. Maintenons les échanges à un niveau civilisé.

      Bonne journée

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    1. Laissez-moi m'exprimer même si vous n'êtes pas d'accord sans m'accuser de vouloir contrôler les esprits ou quelque chose comme ça. Merci.

      Bonne journée

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