7 octobre 2014

Emissions de cendres sur le volcan Copahue

Le Copahue, massif volcanique du "centre-sud"-chili, a entamé le 04 octobre au soir (nuit du 04 au 05 pour nous) une nouvelle phase d'activité volcanique. Elle se présente sous la forme d'émissions de cendres relativement continues pendant plusieurs heures à partir du cratère actif (El Agrio), le tout accompagné d'une sismicité assez faible, à dire vrai pas tellement différente de ce que connait l'édifice depuis de nombreux mois. Ces phases d'émissions de cendres sont entrecoupées par des phases de dégazage.



Le volcan Copahue et son activité à différent moment de la journée d'hier. J'ai mis l'image du milieu juste parce que je trouve la teinte rouge magnifique. Images: SERNAGEOMIN

Emissions de cendres vues depuis l'ouest hier soir. Image: SERNAGEOMIN

Les images produites par les webcams montrent bien ces émissions grises qui arrivent par bouffées. Le matériel étant assez sensible aux faibles lumières, il est aussi possible de remarquer l'absence d'incandescence, signe tangible que l'action se déroule à basse température. Cela se remarque aussi par l'absence de signal thermique sur les données satellites. Je dois signaler que le rapport de l'ONEMI mentionne une faible incandescence mais je n'en ais vu la trace sur aucune image.

Deux compositions colorées produites à partir des différentes longueur d'onde ("couleurs" ou rayonnements si vous voulez) mesurées par le satellite MODIS hier. Celle du bas est produite avec des données de capteurs infrarouge: on remarque ainsi l'absence de signal thermique. Images: MODIS/NASA

Toutes les données récoltées et toutes les descriptions sont cohérentes avec une activité phréatique. Si vous avez lu mon post sur la description de ce type d'activité, qui a fait 51 morts (bilan provisoire) sur l'Ontake, vous savez déjà que ce type de manifestation volcanique ne se déroule pas toujours sous la forme d'une terrible explosion meurtrière. Voilà donc ce qui semble être un bel exemple d'une activité phréatique relativement tranquille, que je soupçonne d'être un poil trop discrète pour intéresser les médias.
Il est toujours interessant (et au demeurant essentiel) de replacer un événement dans un contexte, une histoire.
Pour le Copahue tout commence fin 2012 lorsqu'une activité phréatique ou phréatomagmatique débute, avec l'émission d'importantes quantités de cendres. Les autorités passent l'alerte au rouge, puis à l'orange lorsque le calme revient. L'activité se calme tellement que tous les niveaux repassent au vert en avril 2013. Mais dès le mois de mai 2013 une nouvelle crise commence et incite les autorités à réhausser les niveaux d'alerte à l'orange le 24 mai 2013. Les observations menées le 25 mai concluent à une activité phréatique, sans participation immédiate de magma. Mais les signaux s'aggravent faisant crainte qu'une éruption magmatique ne démarre: les signaux passent au rouge dès le 27 mai, avec évacuations à la clé. Début juin 2013 les signaux se calment et les alertes repassent à l'orange, puis au jaune en juillet, malgré quelques faibles émissions de cendres. 
Depuis, en août 2013, octobre 2013 et novembre 2013 des manifestations ont parfois été repérées, sans que le niveau d'alerte n'ait été réévalué à la hausse. Ces derniers (niveau d'alerte volcanique, et niveau d'alerte "institutionnel") restent donc au jaune depuis plus d'un an.
Ce qui ne veut pas dire que les volcanologues ne portent pas une attention spéciale à la situation actuelle, évidemment.

En tout cas ce volcan est le siège, de manière récurrente, à un déséquilibre de son système hydrothermal, connu sur cet édifice de par son importance, marqué par des épisodes d'activité phréatique depuis au moins la fin 2012.

Sources: SERNAGEOMIN; ONEMI

2 commentaires:

  1. Bonjour CV
    Il me fait penser au sakurajima en ce moment car lui aussi envoi de la cendre à basse température car les fumées se rabattent très rapidement.

    A+

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    1. Bonjour dom67. De l'extérieur, les choses peuvent paraitre semblables mais elles sont vraiment différentes.
      2 différences:
      - depuis 1955 le Sakurajima fonctionne plutôt en système ouvert ou semi-ouvert: ce qui sort est (a priori) du magma, ce qui n'est pas le cas pour le Copahue.
      - Sur les images webcam ont voit bien le développement des panaches: leur dynamisme ("bourgeonnement") est différents et ceux du Sakurajima sont clairement émis à plus haute température que ceux du Copahue.

      Le fait qu'ils soient rabattus plus ou moins par le vent (dont on a aucune mesure et qu'on ne peut donc pas comparer) n'est pas caractéristique en soi. :-)

      Bonne journée

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