Tandis que sur Stromboli l'effusion va toujours bon train, sur l'Etna la tendance s'est inversée depuis le milieu de la nuit dernière avec une baisse importante du trémor toute au long de la journée et un affaiblissement marqué de l'alimentation des coulées de lave ce soir, qui progressent toujours, mais à débit bien plus faible
actuellement.Evolution du trémor au cours de la semaine écoulée. Image: INGV |
Quelques coulées sont encore actives ce soir, mais pour combien de temps? Image: INGV |
Pourtant, pendant que le trémor baissait, la zone éruptive a connu une phase d'émission de cendres plus intense qu'à l'accoutumée, bien visible à la fois sur la webcam thermique du Mont Cagliato (image de gauche ci dessous) que sur la webcam visible installée du côté de Milo (image de droite).
|
|
Autre fait troublant: depuis la nuit dernière la webcam thermique du Monte Cagliato permet de constater que le panache émis par le cratère appelé "Voragine" est à plus haute température que les jours précédents. Cela ne veut pas dire qu'il y a une activité éruptive dans ce cratère mais qu'au minimum, une partie du gaz qui s'échappe du magma sous-jacent a trouvé une autre voie pour s'échapper, peut-être suite à des modifications des conduits d'alimentations...mais ça n'est pas spécialement évident à intérpréter. Sur les webcams normales, les panaches émis depuis ce cratère sont denses, mais blancs (pas de cendres).
Emission de gaz chauds au niveau de la Voragine. Image: INGV |
Mais la plus grosse surprise de cette situation, qui reste encore plus difficile à expliquer, c'est le retour de projections incandescentes sur le Nouveau Cône Sud-Est (NCSE), bien visibles ce soir.
Projections incandescentes sur le Nouveau Cône Sud-Est. Image: Etnatrekking |
En fait, au cours de la journée, ce NCSE a émis à plusieurs reprises de discrètes bouffées de gaz blancs, à l'instar de la Voragine, panaches probablement précurseurs de l'activité visible ce soir.
Quand à comprendre la relation qu'il y a entre l'épuisement des coulées sur la fissure éruptive au niveau du Cône Nord-Est, l'apparition de gaz à haute température dans la Voragine et le retour des projections incandescentes sur le NCSE, c'est une autre histoire, qu'il revient aux volcanologues de l'INGV, qui ont toutes les clés en main (images + les divers signaux sismique etc), de nous révéler. Mais je ne serais pas étonné que l'éruption débutée le 05 juillet ait vidangé les conduits de l'Etna au point d'en provoquer des modifications (effondrements, réajustements etc) à même de réorienté le parcours du magma.
C'est une affaire à suivre, bien entendu!
Mise à jour 10 août, 07h26
Les expulsions de blocs incandescents se sont poursuivies tout au long de la nuit sur le Nouveau Cône Sud-Est. Les projections, produites fréquemment, n'atteignent au plus que quelques dizaines de mètres de hauteur: c'est une activité d'intensité très modeste.
Activité explosive au sommet du Nouveau Cône Sud-Est ce matin. Image: Etnawalk |
Par ailleurs la fissure éruptive dans le flanc du Cône Nord-Est n'a pas encore rendu son dernier souffle: des explosions se produisent toujours de temps en temps sur le cône du 25 juillet, générant de temps à autre un panache ....en tout cas ça a été le cas jusqu'à 02h24 TU ce matin, heure de la dernière explosion recensée au moment de la rédaction de cette mise à jour: c'est dire combien l'activité sur cette zone c'est calmée.
La lave continue toutefois, encore en ce moment, de suinter de la fissure et alimentent encore au moins deux bras de lave dans le champs de coulées qui a débuté sa formation le 05 juillet.
L'activité sur la fissure du Cône Nord-Est à 02h24TU |
Sources: INGV; Etnatrekking
Je ne voudrais pas me monter le bourrichon en disant que j'avais vu quelque chose de pas normal sur le nouveau cône sud est hier soir. Mais ce soir c'est flagrant, on le remarque même sur les webcams de LAVE et Etna Walk. Mais comme vous dites (affaire à suivre.) et ca fait monter l'adrénaline, j'ai envie de rester scotcher à mon ordi.LOL
RépondreSupprimerBonjour dom 67. J'ai pensé à votre remarque d'hier en rédigeant ce post mais lorsque vous avez rédigé votre commentaire, il ne se passait rien de spécial sur le Nouveau Cône Sud-Est (j'ai revérifié les images de plusieurs webcams). Toute l'activité explosive et les émissions de cendres se déroulaient encore à ce moment-là sur la fissure éruptive ouverte dans le flanc du Cône Nord-Est: c'est en cours de journée que les choses ont commencé à se mettre en place sur le NCSE :-)
SupprimerJe pense qu’il faut relier cet évènement avec la progression de la fissure vers le sommet amorcé début août. Ce qui est bizarre en fait, c’est que la fissure remonte…Parce que la logique fait que l’activité se stabilise en bas de fissure, là où le magma doit fournir le moins d’efforts pour sortir, à l’altitude la plus basse donc. Mais comment expliquer qu’elle progresse en altitude ?
RépondreSupprimerJ’imagine que cela doit être directement en relation avec la géométrie du dyke…mais jusqu’à présent on peut pas le voir ;)
Et le trémor, il en est où ? Parce qu’un nouveau pulse de magma dans le réservoir « profond », commun aux différents évents sommitaux, pourrait expliquer que les températures se réchauffent à la Voragine mais aussi que l’activité disons normal reprenne au NCSE. Je m’explique. Pour moi, le conduit du NCSE, du fait de sa régulière activité, c'est un peu l'autoroute. Le magma doit remonter assez facilement. Mais jusqu'au 5 août, une perturbation interne (effondrement dans l'édifice dû à une activité précédente par exemple) doit détourner le magma de celle-ci. Il perce alors la surface sur un flanc. Le nouveau pulse aurait alors permit de contourner la perturbation et de rester sur l’autoroute débouchant alors au sommet du NCSE…
J’ai laissé mon imagination divaguer comme tu le vois. Mais pourquoi pas ? Qu’en penses tu ?