Le point sur les volcans Etna, Sabancaya, Tungurahua

Tungurahua, Equateur, 5023m

L'activité éruptive entamée fin juillet-début août se poursuit et s'intensifie: elle est maintenant décrite comme "modérée à tendance ascendante" dans les bulletins de l'IGEPN. Régulièrement des explosions, accompagnées de sons assez puissants pour être largement entendus à l'Observatoire (20 km de distance environ) se produisent et alimentent des panaches successifs qui s'élèvent sur 2 à
4000m de hauteur environ. Des chutes de cendres suivent ces panaches sur les villages alentours, souvent sur le versant sud-ouest en ce moment.

L'un des panaches observable hier grâce à une météo clémente. Sa hauteur doit tourner autour de 1500 m environ. Image: IGEPN

Dans un bulletin spécial consacré à l'évaluation de la situation les volcanologues de l'IGEPN expliquent par ailleurs avoir pu observer des projections incandescentes hors du cratère, certaines roulants sur plusieurs centaines de mètres sur le versant ouest-nord-ouest de l'édifice.

Blocs incandescents sur le versant ouest-nord-ouest, vus à la lunette nocturne. Image: IGEPN

L'activité, relativement soutenue sans être très violente, ne semble en tout cas pas générer d'inquiétude outre mesure pour les personnes qui ne résident pas aux abords immédiats de l'édifice car rien de spécial ne semble filtrer dans la presse actuellement.

Source: IGEPN

Sabancaya, Pérou, 5967m

Le dernier rapport édité par l'Institut de Géophysique (IGP), qui fait la synthèse de ce qui s'est passé entre les 25 juillet et 01 août, explique que la sismicité reste anormale sur l'édifice mais connait une décroissance par rapport aux rapports précédents, sans qu'il soit possible de dire si cela est l'amorce d'une tendance ou juste un "creux" dans l'évolution de la sismicité (une tendance se détermine dans la durée donc on verra d'ici fin août, par exemple).

Deux choses restent intéressantes dans cette situation:

- les deux zones de foyers sismiques situés au nord-est de l'édifice, à 12 et 08 km, sont toujours actifs.  Le nombre de secousses qui s'y déroulent est toutefois en diminution.

-le nombre de secousses liées spécifiquement aux mouvement de fluide (type LP) est en baisse et, en ce qui concerne le cas des secousses dite "hybrides" (fracturation + mouvement de fluide, secousses généralement associées au déplacement de magma) elles sont pour ainsi dire inexistantes depuis mi-juillet.

Extrait du rapport de l'IGP où l'on voit les deux zones où la sismicité domine. Image: IGP

Ce que semble dire la sismicité c'est donc que le magma ne se déplace pour ainsi dire plus depuis 3 semaines environ. Suite à sa stabilisation, la sismicité globale de l'édifice baisse car les contraintes liées au déplacement du magma sont en baisse (moins de fracturation) et les fluides sont libérés progressivement (baisse des secousses de type LP). Mais encore une fois: il est impossible de dire si c'est une vraie tendance ou juste une phase moins intense. La situation reste donc très surveillée par les volcanologues de l'IGP et de l'INGEMMET.

En surface le volcan reste coiffé d'un panache de dégazage relativement important chargé d'eau (panache blanc) mais contenant du SO2, gaz magmatique (teinte bleuté).

Le panache de dégazage du volcan Sabancaya, à une date non précisée. Image: extrait du rapport de l'IGP

Source: rapport hebdomadaire de l'IGP

Etna, Italie, 3330m

L'activité éruptive se poursuit sur le volcan avec la mise ne place depuis hier d'une coulée assez importante dont la source se trouve sur le versant sud du cône du 25 juillet. C'est la première fois depuis l'apparition de ce cône qu'une coulée importante se met en place à cet endroit, toutes les autres coulées étaient apparues à proximité des cônes du 05 juillet.

Cette nouvelle coulée se voit sur les images produites par la webcam thermique de l'INGV installée sur le Monte Cagliato, à l'est.

Elle a entamé sa formation hier matin à un moment difficile à préciser mais qui se trouve entre 07h30 et 08h00 (TU). Un premier bras de coulée descend progressivement, tout au long de la journée, depuis le cône du 25 juillet en direction de l'est-nord-est. Il s'épuise petit à petit mais une réalimentation lui redonne de la vigueur à partir de 20h00 (TU) environ. 

Ce nouveau souffle lui permet de progresser un peu plus rapidement et d'apparaitre sur les images prisent par la webcam installée dans la petite ville de Giarre. Grâce aux images de cette dernière on voit aussi que cette réalimentation n'a duré que quelques heures car la coulée en question n'est plus visible avant la fin de la nuit.

La coulée du cône du 25 juillet vue par la webcam de Giarre. Image: Commune de Giarre

Toutefois les images prises ces dernières minutes par la webcam thermique de l'IGNV indiquent qu'une nouvelle phase de réalimentation a redonné de la vigueur à cette coulée: c'est elle que l'on voit sur la première image de ce post.

Le trémor semble traduire cette activité irrégulière car lui même est assez chaotique depuis début août.

Evoluton du trémor depuis fin juillet. Image: INGV

Sources: INGV; Commune de Giarre.