1 août 2014

L'actu volcan du jour: Ubinas, Nyamuragira, Santiaguito

En ce moment  rien de bien folichon ne vient titiller l'actu des volcans mais quelques situations suivent leur cours: c'est le moment de faire un rapide point.

Ubinas, Perou, 5672 m

L'activité reste maintenant, vue de l'extérieur, assez modeste et essentiellement marquée par du dégazage. Seules quelques émissions de cendres, souvent très faibles, sont parfois visibles. Rarement elles peuvent être un peu plus importantes avec la formation de panaches. Ces derniers jours les plus
importants sont apparus les 29 et 31 juillet et ont atteint environ 2500 m de hauteur. De son côté la sismicité continue de baisser progressivement.

Emission de cendres sur le volcan Ubinas, 29 juillet 2014
Emission de cendres vue le 29 juillet via la webcam de l'INGEMMET. Images: INGEMMET


Emission de cendres sur le volcan Ubinas, 31 juillet 2014
La principale émission de cendres du 31 juillet. Images: INGEMMET
Source: INGEMMET

Nyamuragira, République Démocratique du Congo, 3058 m

Avoir des informations directes sur ce qu'il se passe au sommet du Nyiamuragira est difficile, virtuellement impossible en fait puisque personne n'accède à cet endroit en raison de problèmes de sécurité importants.
Heureusement les satellites et leurs capteurs, mais aussi l'ensemble des technologies qui par la suite permettent d'analyser, filtrer, trier et afficher ces données, sont là pour donner quelques bribes d'informations.
Tout au long du mois de juillet le MODVOLC a ainsi pu repérer régulièrement (en fonction de la dense et quasi-permanente couverture nuageuse équatoriale) des anomalies thermiques toujours concentrées sur au nord de la caldera sommitale du Nyamuragira, ce qui est cohérent avec la présence du lac de lave à cet endroit.

Signaux thermiques du volcan Nyamuragira (Nyamulagira), juillet 2014
L'ensemble des anomalies thermiques relevées courant juillet par le MODVOLC/ Image: MODVOLC/HIGP

Les images MODIS prisent courant juillet permettent, de leur côté, de constater la présence des deux panache de gaz produits par les voisins Nyamuragira et Nyiragongo. Sur les compositions colorées en "vraies couleurs" (=le rouge correspond à la longueur d'onde rouge, le vert au vert et le bleu au bleu) la teinte bleutée ne laisse pas de doute quand à la forte concentration en dioxyde de soufre de ces panaches. Au passage il se trouve aussi que celui du Nyamuragira est souvent bien plus dense et imposant que celui du Nyiragongo, dont le lac est pourtant beaucoup plus vaste. 

Panaches de gaz des volcans Nyamuragira (Nyamulagira) et Nyiragongo, 29 juillet 2014
Les deux panaches de gaz des volcans Nyamuragira et Niyragongo, vus le 29 juillet depuis l’espace. Image: MODSI/NASA

Paradoxalement, dans les compositions colorées dites "en fausse couleur" (= les couleurs de l'image ne correspondent pas aux couleurs réelles mais à d'autres longueur d'onde) faites le même jour que l'image ci-dessus on voit parfaitement le rayonnement infrarouge (affecté à la couleur rouge) du lac de lave du Nyiragongo, mais on ne détecte pas celui du Nyamuragira. Au contraire on perçoit, par une légère teinte bleutée, le panache de gaz du Nyamuragira, mais pas celui du Nyiragongo.

Image satellite des volcans Nyamuragira (Nyamulagira) et Nyiragongo, 29 juillet 2014
L'activité du Nyamulagira et du Nyiragongo vus en ausse couleur, le 29 juillet. Image: MODIS/NASA

Cette absence de signal thermique visible sur cette image peut-être due à une conjonction de différents facteurs:
- une faible surface du lac de lave du Nyamulagira
- le gaz émis sous forme de panache peut bloquer (absorber) une partie du signal thermique.
- le lac peut-être coincé au fond d'un "Pit Crater" sorte de cylindre aux parois verticales. Un peu le même genre de situation que le lac de lave du Halema'uma'u au sommet du Kilauea finalement.

Ce ne sont bien sûr que des suppositions puisque, pour le moment, il n'y a pas d'images de cette activité (du moins pas que je connaisse).

Sources: MODIS/NASA; MODVOLC


Santa Maria-Santiaguito, Guatemala, 3772 m

Rudiger Escobar Wolf, volcanologue au Michigan Tech, a fait passer ce matin une série de compositions colorées du Santiaguito, produites à partir des données récoltées par LANDSAT.  Elles permettent de constater la progression effectuée par la coulée visqueuse qui se forme dans la cicatrice laissée par l'effondrement du 09 mai dernier. Elle a avancé d'environ 200m dans la ravine creusée par la rivière Nima1 en l'espace d'un mois. Pour vous permettre de constater cette progression je vous met ci-dessous une comparaison de l'image LANDSAT que le volcanologues avait faite parvenir le 30 juin avec celle qu'il vient d'envoyer: on voit bien que le front, toujours actif, s'est déplacé.

Progression de la coulée visqueuse du volcan Santiaguito, juillet 2014
Comparaison d'images LANDSAT qui permettent de voir la progression de la coulée visqueuse du Santiaguito. Images: Rudiger Escobar Wolf/LANDSAT

L'INSIVUMEH ne relève rien d'anormal dans l'activité actuelle du Santiaguito: la lave coule tranquillement et peu d'explosions sont recensées au sommet du côme Caliente, où se trouve la source de la coulée.

Sources: Rudiger Escobar Wolf; INSIVUMEH

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