13 juillet 2014

Le volcan Bulusan montre des signes d'agitation

Le PHIVOLCS indique dans un bulletin émis aujourd'hui que la sismicité sur le volcan connait une faible hausse depuis quelques jours et se trouve actuellement au-dessus de la normale. Les volcanologues enregistrent par ailleurs une faible déformation conjointement à cette sismicité. Pour autant le niveau d'alerte ne bouge pas pour le moment et reste au plus bas (niveau 0) mais le bulletin indique
que les autorités rappellent l'interdiction d'entrer dans la zone de très haut danger, définie avec un rayon de 4 km autour du sommet pour ce volcan.
Pas d'activité sûre donc pour le moment, mais des signes qui attirent l'attention tant des volcanologues locaux que des autorités.
Pour mémoire les derniers épisodes éruptifs du Bulusan ont eu lieu en 2006-2007 et 2010-2011 avec des explosions d'ampleur modérées, phréatiques, formant des panaches de cendres et parfois des écoulements pyroclastiques. Le tout accompagné de chutes de cendres qui avaient entrainé le décès de résidents proches en 2006 et 2011, suite à une crise d'asthme aggravés. Le niveau d'alerte avait été remis à 0 en avril 2012.

Panache de cendres et écoulement pyroclastique sur le volcan Bulusan, février 2011
Panache de cendres et écoulement pyroclastique en février 2011, vus depuis le village de  Sorsogon (peut-être Irosin). Image: EPA/MAilonline

Le volcan en lui-même est peu connu. C'est un stratovolcan récent qui a débuté son édification il ya environ 6000 ans. Ce qui ne veut pas dire que l'activité volcanique sur la péninsule de Bicol, où il se trouve, a débuté à ce moment là, au contraire.
Les traces de volcanisme les plus anciennes dans le secteur remontent à 2.64 Millions d'années (Mont Gate, un volcan érodé) suivis par la construction de trois autres stratovolcans (Bintacan, Tabon-Tabon et Calunan) à patir de 1.1 Million d'années. Mais c'est il y a 35 à 40 000 ans que le paysage actuellement commence à prendre forme avec l'effondrement d'une vaste caldera, dite d'Irosin (car la petite ville éponyme s'y trouve en plein coeur), circulaire et large d'environ 11 km.
Après une période de repos, qui a vu la caldera se remplir partiellement d'un lac, une activité éruptive reprend dans la caldera et édifie de nouveaux stratovolcans: Sharp Peak d'abords, proche du bord Est de la caldera, puis l'activité se décale un peu vers l'ouest et, il y a 6000 ans, entame la construction du Bulusan.

Lecture de Paysage sur le Google Earth: le volcan Bulusan
Vue générale de la zone du Bulusan: la moitié Est de la caldera d'Irosin est remplie des dépôts qui consituent le Sharp Peak et le Bulusan.

Des études géochimiques semblent indiquer que le mécanisme dominant à la source des magmas émis depuis la formation de la caldera est le mélange de magmas: du magma fluide et pauvre en Silice se mélange à des poches de magmas en cours de refroidissement, plus riches en Silice, plus visqueux et moins chauds.
Ces mêmes analyses arrivent à la conclusion que les magmas émis sur la péninsule de Bicol, où se localise aussi le célèbre Mayon, l'un des volcans les plus parfaits du monde, situé 65 km au nord du Bulusan, portent la signature des sédiments océaniques entrainés par la subduction, le phénomène tectonique qui produit les magmas des Philippines. Ceci est d'autant plus interessant que d'autres volcans philippins, situés hors de cette péninsule, ne portent pas cette trace ce qui indique ainsi que sur une même zone de subduction, des histoires magmatiques différentes s'écrivent.

Sources: PHIVOLCS; ACTIV



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