L'Institut de Géophysique Péruvien a mis en ligne hier son dernier bulletin concernant le suivi de l'activité du Sabancaya, l'un des volcans historiquement les plus actifs du pays ("Sabancaya" signifie "langue de feu" en Quechua).
Les volcanologues péruviens indiquent que ces 15 derniers jours l'activité fumerolienne s'est encore accentuée, montrant une nette coloration bleutée caractéristique de l'émission de dioxyde de soufre, gaz magmatique. Le panache en question, haut de quelques centaines de mètres est discret mais
visible depuis l’espace, sur les images du satellite ASTER. Une image magnifique prise le 22 juin permet de le voir, ainsi que les superbes coulées épaisses, tout à fait semblables à celle qui se met en place au Sinabung. Historiquement en effet ce sont surtout des magmas visqueux qui ont été émis, produisant des éruptions vulcaniennes à pliniennes débutant par des phases violemment explosives, suivies de phases plus calmes, extrusives, à l'origine de la formation de dômes et de coulées visqueuses.
La concentration suffisamment importante pour colorer le panache en bleu est un indice fort de la présence d'une masse de magma. Cependant c'est aussi au niveau de la sismicité que les volcanologues constatent le déplacement de masses magmatiques. Depuis le début du mois en effet le nombre de seismes dit "hybrides" est en hausse. Ces secousses sont depuis longtemps interprétées comme le résultat de deux phénomènes conjoints:
- la fracturation des roches, qui génère des ondes sismiques particulières, sous l'effet de fluides sous pression.
- le déplacement, dans les fissures nouvellement créées, de fluides divers dont le magma, ce qui génère un autre type de sismicité.
Les deux types de signaux sismiques sont émis en même temps, puisque l'apparition et le remplissage des fractures sont conjoints: d'où le nom de secousses, ou seismes, "hybrides".
Pour le Sabancaya, deux pics de sismicité hybride ont été repérés, bien visibles sur le graph ci-dessus. Le premier, modeste, a débuté le 06, culminé le 9 (80 secousses) pour finir le 11 juin. Le second, plus important, a débuté le 16 juin, culminé le 21 (140 secousses) pour finir le 23 juin. Cela concorde avec les changements observés au niveau du panache, plus chargé en soufre vu sa teinte. A propos de ces secousses, les volcanologues précisent, chose importante, qu'elles sont de faible énergie: le déplacement reste faible actuellement.
Par ailleurs, les volcanologues pensent que de très faibles et sporadiques émissions de cendres peuvent avoir lieu. Ils se basent pour cela sur la teinte d'une partie du panache, qui donne parfois dans le gris.
Le panache de dégazage, bleuté, et quelques cendres fines observés le 26 juin par l'Institut de Géophysique Péruvien. Image: I.G.P |
Bref: l'activité du Sabancaya reste surtout anormale au niveau de sa sismicité, bien qu'en surface le dégazage ait connu des modifications ces 15 derniers jours. Il est donc trop tôt pour savoir si cette crise va déboucher ou pas sur une éruption mais bien sûr cela vaut le coup de suivre ça de près.
Source: Institut de Géophysique du Pérou (IGP)
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