Via l'ACTIV, puis ce blog, je vous avais, l'an dernier, rapporté que l'activité sismique avait connu quelques modifications sur ce volcan. Depuis lors cette sismicité est restée au-dessus de la normale mais stable.
Elle semble connaitre à nouveau, depuis quelques semaines, une évolution considérée comme significative par les volcanologues Péruviens.
Dans un rapport édité le 16 juin par l'Institut de Géophysique les spécialistes expliquent que la sismicité reste toujours aussi intense et globalement stable, mais qu'elle a connu quelques
modifications, qui les font tiquer.
modifications, qui les font tiquer.
Premièrement, si le nombre quotidien de seismes reste dans la moyenne de ce qui est mesuré depuis des mois, les 03, 09 et 15 juin les seismes se sont regroupé en essaims. Les 03 et 15 juin, c'était un essaim de secousses dites "volcano-tectoniques" (VT), produites par la fracturation des roches. Le 09 juin c'était un essaim de secousses "Longues Périodes", plutôt associées aux mouvements de fluides dans les fractures, qui était enregistré.
Le massif du Sabancaya et, en premier plan sur la gauche, une des nombreuses coulées visqueuses qui s'en sont échappées. Image: Google Earth |
Par dessus ces changements, les volcanologues indiquent aussi avoir détecté des secousses "hybrides", c'est-à-dire des signaux produits par la fracturation et le déplacement des fluides. Enfin, et c'est peut-être le plus significatif: les volcanologues ont constaté que la source qui produit les secousses VT a migré ces dernières semaines, se rapprochant du volcan. Le rapport précise même que les seismes se regroupent dans deux zones superficielles, à 16km au nord-est et 10 km à l'est du sommet de l'édifice. Cependant aucune profondeur n'est précisée...
Pour finir: le dégazage qui était intermittent est devenu continu depuis 48 heures, autant de signes qui laisse planer le doute sur une possible éruption en préparation.
La presse relaye déjà ces informations de l'Institut de Géophysique, mais il ne semble pas y avoir de mesures particulières prisent pour le moment, la menace n'étant pas encore "exprimée" côté volcan. L'an dernier la sismicité était devenue si intense que plusieurs habitations avaient été endommagées: les autorités avaient été obligées de déclarer l'état d'urgence pour 7 villages, situés sur la moitié nord de l'édifice, entre 18 et 40 km kilomètres du sommet.
Ce volcan a été édifié par l'accumulation de laves visqueuses, largement prédominantes dans l'histoire de sa construction. Une éruption qui se déclencherait aurait donc statistiquement plus de chances d'être une éruption à magma visqueux. Si généralement ces éruptions sont violentes, elle peuvent aussi être d'ampleur modérée: plus que la seule viscosité, qui joue bien sûr un rôle important, c'est aussi la quantité de gaz piégé dans le magma, la topographie et la densité de population* qui sont des facteurs déterminants dans la notion de risque.
Or il est difficile de savoir à l'avance quel type de magma est en cours d'ascension et quelle quantité de gaz il contient....
La dernière éruption un peu importante s'est déroulée entre 1995 et 1998, marquée par des explosions vulcaniennes et des panaches de cendres relativement importants mais sans plus. Quelques émissions de cendres ont par la suite été rapportées en 2000 et 2003.
* aussi bien les personnes que les infrastructures ou les zones cultivées. Je ne sais pas si c'est la définition géographique du terme, mais c'est ce que j'ai souhaité illustrer.
Sources: IGP; El Comercio
Les progrès dans l'analyses des ondes sismiques est impressionnante ! grâce à cette analyse, les autorités peuvent maintenant prévoir une évacuation bien avant une éruption (si éruption il y a).
RépondreSupprimerMerci pour cet article, comme d'habitude, bien intéressant
Merci. En fait c'est surtout toutes celles et ceux qui améliorent les techniques, installent et entretiennent le matériel puis analysent les données qu'il faut remercier. Sans elles/eux, pas d'infos :-)
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