Allons voir ce qui se passe sur les volcans Shishaldin et Poas

Shishaldin, Etats-Unis, 2857m

Le volcan reste, depuis mon précédent post, dans une phase instable marquée par une sismicité au-dessus de la normale et la présence fréquente d'anomalies thermiques toutes situées au niveau du cratère sommital: pour les volcanologues de l'A.V.O. une activité éruptive s'y poursuit, même s'il y en a

peu de signes extérieurs (ce qui, franchement, est un peu frustrant non?)

Une image haute résolution produite par le satellite ASTER le 14 juin montre tout de même que, ce jour là tout du moins, le sommet était sale, indiquant que l'activité éruptive a, ou a eu, une composante explosive vraisemblablement faible puisque ces dépôts ne se trouvent qu'autour du cratère actif.

L'activité vue le 14 juin: petit panache et neige salie par des cendres. Image: ASTER/GSJ

Le MODVOLC en tout cas continue de relever la présence de signaux thermiques,mais ils sont rares: leur détection dépend en effet non seulement du type de phénomène* mais aussi de la configuration du cratère** et des conditions météo***. Pour le Shishaldin, les éléments défavorables se conjuguent ce qui explique la rareté des signaux détectés.

Anomalie thermique relevé le 21 juin dans les données du MODIS. Image: MODVOLC/HIGP

*: les lacs, coulées et dômes de lave produisent plus fréquemment des signaux que les éruptions explosives, qui fournissent des cendres, plus froides.

**: un petit cratère profond (un entonnoir étroit en quelque sorte) n'aide pas les signaux thermiques a s'échapper, et diminue leur détection

***: les nuages absorbent les signaux thermiques.

Sources: ASTER/GSJ; AVO/USGS; MODVOLC/HIGP

Poas, Costa Rica,2108 m

Le volcan reste le siège d'une activité instable. Plusieurs manifestions phréatiques* se sont produites dans le lac d'acide qui occupe son cratère: il s'est agit à chaque fois d'explosions projetant de la boue. Le rapport édité par le OVSICORI indoique que la plus importante des explosions de 2014 s'est produite le soir du 01 juin... de nuit, donc pas d'images. Ce constat a été fait le lendemain suite à une visite du site par les volcanologues qui ont aussi pu voir qu'une station automatique de mesure des gaz, installée au bord du lac, avait été assez fortement touchée par des chutes de petites bombes (panneaux solaires détruites).

Une nouvelle explosion, impressionnante, s'est déroulée avant-hier à 10h08 du matin (heure locale) et a projeté un lourd panache de boue jusqu'à 200m au-dessus du lac: c'est la seconde plus importante de ce mois.

Sur la séquence d'images ci-dessous on voit bien, outre le développement de la "gerbe cypressoïde" sombre, chargée de boue et de vapeur caractéristique des activité phréatiques (vaporisation d'eau sans intervention directe du magma dans l'explosion) et phréatomagmatique (explosion liée au contact magma-eau) type "surtseyenne", la formation et l'expansion de l'anneau de vapeur blanche à la base du panache de boue, anneau appelé "surge". Ce type d'anneau, peu ou pas chargé en cendres, n'est pas aussi dangereux que les "base surge" de l'activité surtseyenne qui, lui, est chargé de particule et beaucoup plus destructeur.

Dans leur rapport, les volcanologues de l'OVSICORI indiquent aussi que, pendant une mission de terrain effectuée le 18 juin, ce sont 5 explosions de faible importance qui ont été observées, en moins de 3 heures de temps.

Bref: on peut dire que le volcan reste assez instable.

Séquence d'image de l'explosion phréatique du 20 juin extraite du rapport de l'OVSICORI-UNA. Image: OVSICORI-UNA

Source: OVSICORI-UNA