Quinze jours après mon précédent post le concernant, il est temps de faire un point sur la situation du volcan Ubinas, au Pérou.
L'activité de ce dernier n'a cessé de s'accentuer au cours de la première quinzaine d'avril, produisant quotidiennement plusieurs dizaines de panaches (54 entre les 13 et 14 avril) plus ou moins chargés en cendres.
Le panache de l'Ubinas photographié depuis un avion le 12 avril. Image: @gabychaytor via twitter |
Pour le moment la grande majorité des explosions n'ont propulsé hors du cratère que des cendres (panaches). Mais quelques unes sont parvenues à projeter des blocs incandescents, notemment durant la nuit du 13 au 14 avril, ce qui a légitimement rendu les habitants du village de Querapi inquiets (on le serait à moins).
Blocs incandescents projetés hors du cratère vers 22h20 (heure locale) le 13 avril. Image: INGEMMET |
Une équipe de l'INGEMMET a fait l’ascension le 15 avril pour aller faire des observations au niveau du cratère, afin de voir les éventuelles modifications. Entre deux explosions ils ont pu faire quelques images qui semblent montrer que le petit "dôme" qui avait été observé en croissance entre les 01 et 19
mars dernier a disparu, pulvérisé par l'activité explosive. Il se pourrait aussi qu'il n'ait été que partiellement détruit et qu'une galette soit toujours présente, mais tout au fond du cratère, hors de vue.
Pour voir les changements de ce cratères dûs à l'activité explosive je vous propose un rapide photomontage à partir des images des rapports de l'Institut de Géophysique (IGP) et de la vidéo publiée dans le journal El Correo.
mars dernier a disparu, pulvérisé par l'activité explosive. Il se pourrait aussi qu'il n'ait été que partiellement détruit et qu'une galette soit toujours présente, mais tout au fond du cratère, hors de vue.
Pour voir les changements de ce cratères dûs à l'activité explosive je vous propose un rapide photomontage à partir des images des rapports de l'Institut de Géophysique (IGP) et de la vidéo publiée dans le journal El Correo.
La "galette de lave" est visible au fond du cratère les 01 et 19 mars mais elle ne l'est plus sur l'image du 15 avril. Images: INGEMMET/ El Correo |
Et voici la vidéo d'où a été extraite l'image de droite.
La présence de lave proche de la surface est peut-être à l'origine des quelques signaux thermiques qui ont été perçus par le MODVOLC depuis le début du mois (7 entre les 01 et 15 avril). Qu'elle soit ou non à la surface, les rapports publiés par l'INGEMMET et l'IGP indiquent que les secousses hybrides, qu'ils relient explicitement à la montée du magma, étaient encore très présents sur les enregistrements il y a 48 heures: bilan on ne sait pas si le fond du cratère est toujours occupé par une galette de lave, mais en tout cas du magma est toujours en cours d'ascension.
Les signaux thermiques repérés par le MODVOLC depuis le 01 avril. Tous se localisent au sommet de l'édifice. Image: MODVOLC |
La plupart des panaches s'élèvent à environ 1000m de hauteur mais les plus importants ont avoisiné les 2000m. L'explosion du 15 avril à 15h55 (heure locale) est même répertoriée comme étant, pour le moment, la plus importante de toutes celles enregistrées sur le volcan, celles de l'éruption de 2006 inclues. Son panache s'est élevé à une hauteur de 4800 m, soit environ 10 km d'altitude, le sommet du volcan étant donné à 5672 m.
Suite a cette explosion les autorités ont décrété l'état d'urgence pour les zones proches de l'Ubinas, état d'urgence qui concerne deux régions frontalières, celle d'Arequipa au nord-ouest du volcan et celle de Moquegua au sud-est. Il semble que d'après la législation en vigueur cet état d'urgence est décrété pour 60 jours et implique que les dirigeants des régions concernées doivent tout mettre en oeuvre pour abaisser le risque immédiat, en collaboration avec la Défense Civile, les ministères des Transport, de l'Agriculture et de la Santé.
Les chutes de cendres liées à l'activité explosive semblent avoir atteint en particulier les villages de Querapi, 4 km au sud du sommet (le village où le risque est le plus élevé) et San Juan de Tarucani à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest. Il se pourrait que les habitants de Querapi doivent, si ce n'est déjà fait, évacuer leur village temporairement (ils ont refusé une évacuation définitive il y a déjà quelques semaines) pour aller se réfugier dans les abris prévus à cet effet au village de Sacohaya. Cependant un rapport du Ministère de la Santé indique qu'une 40ène de personnes souffrent déjà de conjonctivite et de problèmes stomacaux dus aux chutes de cendres. Un point n'est pas clair cependant: ces 40 personnes résident-elles à Socohaya ou s'agit-il d'habitants de Querapi réfugiés à Socohaya?
Pour retracer l'activité explosive de ces 15 derniers jours, j'ai mis en ligne sur le Canal Volcan un time-lapse élaboré à partir des images de al webcam de l'INGEMMET.
Avant de finir j'ajoute que j'essaie de transmettre régulièrement des images de la webcam ou des infos via mon compte twitter (@CultureVolcan) afin de faire le suivi de l'activité.
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