Les niveaux d'alerte des volcans Slamet et Merapi élevés d'un cran

Slamet, Indonésie, Java, 3428 m

Les médias indonésiens, tant la presse que les réseaux sociaux, indiquent que depuis lundi l'activité du Slamet, connait une nette hausse. Les explosions stromboliennes sont en effet devenues plus intenses, projetant bombes et blocs incandescents jusqu'à une hauteur estimée à 700m, certaines retombant à l'extérieur du cratère où se déroule l'activité. Mais certaines explosions ont atteint ces dernières heures une hauteur supérieur à 1000 (jusqu'à 1700 m), qui est l'un des critères choisis pour revoir le niveau d'alerte à la hausse. La décision a donc été prise ce matin de passer ce dernier à l'orange: le Slamet rejoint ainsi le Sinabung, le Karangetang et le Lokon-Empung.
Quelques images de l'activité en cours, pour se faire une idée de l'ambiance sur place.

Panache de gaz et cendres sur le volcan Slamet, vu du nord, ce matin. Image: Kurnyawan Syah

L'éruption du Slamet dans la matinée du 30 avril. La photo a peut-être été prise depuis l'ouest mais c'est à confirmer. Image: Kembar Jembal.

Projections stromboliennes. Certaines des bombes retombent à l'extérieur du cratère. Image: MI/Liliek Dharmawan/ip

Concernant cette phase éruptive le VSI a publié un rapport sur son site web, dans lequel est décrite en particulier l'évolution de la sismicité. On peut notamment y voir, sur le graphique récapitulatif ci-dessous, la hausse progressive du nombre d'explosions (Letusan) entamée aux alentours du 10 avril dernier. Le trait en pointillé noir marque le passage en alerte niveau 2 décidé en mars dernier.

Évolution des différents types de sismicité enregistrées par les volcanologues indonésiens. Les secousses d'origine volcanique ("Vulkanik Dalam", dûes à la fracturation, mouvements de fluides dans le volcan), semblent rester faibles malgré la hausse de la fréquence et de l'intensité des explosions. Image: VSI.

Le diagramme RSAM, lui aussi publié dans ce rapport, montre la quantité d'énergie libérée par la sismicité: la courbe monte de manière importante à partir du 17 avril. Cette hausse correspond, pour partie, à la hausse des secousses produites par l'activité explosive.

Evolution du diagramme RSAM, qui mesure la quantité d'énergie libérée par la sismicité.

Lorsque le niveau d'alerte était encore à 2, l'accès au volcan était interdit dans un rayon de 2km autour du sommet. Ceci empêchait d’ailleurs pas, d'après plusieurs articles de presse, que de nombreux randonneurs aient demandé l'autorisation* de faire l’ascension malgré tout. Le passage en alerte niveau3 s'accompagne de mesure un peu plus fortes. En particulier l'interdiction d'accès est étendue à un rayon de 4km autour du sommet. A priori personne ne vit de manière permanente dans cette zone (pas de village) et il ne devrait pas y avoir d'évacuations, ou alors un nombre de personnes très faible. Par contre, sur le versant nord-est par exemple, une partie des zones cultivées pourrait ne plus être accessible.

En bref: l'activité strombolienne monte en puissance depuis un peu plus de 48 heures mais reste pour le moment sans danger immédiat pour les populations alentours, auxquelles les autorités ont toutefois demandé, comme c'est l'usage pour les volcans indonésiens, d'être vigilants.


*: il n'est pas dit si ils l'ont eue ou pas.


Merapi, Indonésie, Java, 29 11m

Situé à environ 140 km à l'est du Slamet ci-dessus, le Merapi a vu lui aussi son niveau d'alerte modifié hier soir par le VSI. Les raisons invoquées sont multiples et semblent indiquer que le volcan pourrait être entré dans une phase instable, dont on peut dire pour le moment si elle débouchera sur une éruption.
En tout état de cause le rapport publié par le VSI indique que le registre des données sismiques a montré une hausse du nombre d'avalanches de blocs et d'émissions de gaz depuis le 20 avril. Il est d'ailleurs probable que ces dernières soient responsable des bruits sourds qui ont été entendus dans un rayon de 8 km autour du volcan.
Mais le critère qui est peut-être le plus marquant pour le moment est la hausse de la sismicité liée à la circulation des fluides. Ces derniers pourraient être liés à des mouvements de magma ou a d'autres types de fluides (gaz liquéfiés par la pression) circulant par à coups dans les fractures.

Quoi qu'il en soit, les images qui circulent là encore sur les réseaux sociaux montrent un volcan surmonté d'un gentil panache de gaz, sans autre signe extérieur d'activité.

Belle image du volcan Merapi, vu du sud depuis les faubourgs de Yogjakarta, accompagné de son panache de gaz, ce matin. Image: Ys Witokaryono

Sources: VSI; BNPB; Kurnyawan Syah; Kembar Jembal; Ys Witokaryono; Temco; tribunnews; Metronews