Après le paroxysme du 13 février l'édifice a maintenu quelques émissions de cendres mais n'est maintenant plus le siège que d'un important dégazage (voir photo d'Aris Yanto ci-dessous). Les pluies importantes qui ont affecté la région ces trois derniers jours sont responsables de la formation des premiers lahars hier sur les pentes de l'édifice. Ces coulées de boue se forment lorsque les dépôts de cendres, une fois gorgés d'eau, commencent à s'écouler: il s'agit du phénomène (aléa) générant le risque le plus important au Kelut(d) car les pentes
de l'édifice sont fortement ravinées, ce qui:
de l'édifice sont fortement ravinées, ce qui:
- rend les dépôts d'autant plus instables car les endroits où la pente est forte sont nombreux
- augmente la puissance de destruction des lahars car les ravines les canalises et leur permettent d'acquérir une vitesse plus élevée et de parcourir de plus grandes distances.
Les lahars du Kelut(d) n'ont pour le moment fait aucune victime mais détruit un pont et emporté deux maisons sur la rivière Sombong. Une mosquée et plusieurs maisons semblent aussi avoir été emportées par la boue dans le district de Kediri (nord-ouest). Actuellement les médias indonésiens indiquent qu'une opération de sauvetage est en cours sur la rivière Konto: une personne est actuellement piégée, à priori sur un îlot (traduction automatique pas très claire), entourée de dépôts de lahars.
Le porte parole du BNPB (organisme en charge de la gestion des crises) a indiqué que ce sont environ 50 millions de mètres cubes qui pourraient être remobilisés par les pluies, étalant ainsi le risque de voire ces coulées boueuses descendre sur probablement plusieurs semaines.
Un route coupée par un dépôts de lahar du Kelut(d), localisation non précisée. Image: Menit.tv |
D'après les estimations faites les barrage anti-lahars, appelés "Sabo Dam", pourraient contenir jusqu'à 14 millions de mètres cube de dépôts.
Par ailleurs le journal Jakarta Post indique que plus de 6000 maisons ont été endommagées à des degrés divers et, malheureusement, la logistique qui permettrait de commencer les réparations a du mal à se mettre en place (manque de ciment notamment). Normalement, les militaires devraient être mis à contribution pour épauler les équipes civiles mises en place par l'administration.
La sismicité est toujours anormale sur le volcan et les volcanologues étudieront rapidement la nécessité de garder le niveau d'alerte au maximum ou de l'abaisser d'un cran. En attendant la consigne transmise est claire: personne ne doit s'approcher de l'édifice, ce qui n’empêche pas de nombreux évacués de retourner chez elles malgré tout. Pour le moment le nombre officiel de victimes est 4.
Mise à jour 20 février (10h11)
Le BNPB a annoncé ce matin via les réseaux sociaux que le niveau d'alerte du Kelut(d) a été dégradé d'un cran aujourd'd'hui, passant ainsi en alerte 3 (Siaga). Cela est en cohérence avec la baisse des signes d'activité qui ont suivi le paroxysme du 13 février. Pour autant le risque reste très élevé aux abords des rivières au moment des fortes chutes de pluie en raison de la possible production de lahars. C'est d'ailleurs là la particularité de cet aléa volcanique par rapport aux autres (écoulements pyroclastiques, chutes de cendres, coulées etc) car il prolonge la situation de risque au-delà de la fin d'une éruption (tant qu'il reste un volume de dépôts de cendres suffisemment volumineux en l’occurrence).
L'USGS a publié une image satellite qui permet de constater l'impact de l'éruption sur le volcan lui-même. Outre l'ouverture d'un cratère d'environ 400 m de large, l'image permet de voir que la zone d'accès au cratère est totalement dévastée. Il ne reste en particulier plus de trace de la zone de parking, encore moins de l'escalier d'accès qui, dans le cratère, permettait d'approcher du dôme de 2007. Enfin, on voit nettement les vallées qui partent de l'édifice et qui ont canalisé les divers types d'écoulements qui se sont produits pendant (écoulements pyroclastiques) et après (lahars) le paroxysme de 13 février. J'ai annoté, pour vous permettre de visualiser les choses, cette image DigitalGlobe/USGS et ais fait une comparaison "avant-après" grâce à Google Earth, mon joujou préféré.
Image satellite (satellite non précisé) du Kelut travaillée par DigitalGlobe pour l'USGS |
Comparaison de la zone sommitale du Kelut(d) avant et après le 13 février 2014. Images: Google Earth/DigitalGlobe-USGS |
Le Jakarta Post indique que, malgré la catastrophe, et malgré le fait que la plus part des éruptions du Kelut(d) sont violentes, les habitants refuseront tout plan de déplacement définitif. Même les habitants du village le plus impacté (Pandansari) avec les quatre seules victimes actuellement recensées et de très importants dégâts sur les infrastructures semblent tenir fermement à revenir dans leur village. Contrairement au Kelut, je ne leur jette pas la pierre: il est facile d'imaginer que tout quitter, de manière définitive, comporte plus de risques à court terme (difficulté à retrouver du travail, déracinement etc) que de vivre à côté d'un volcan qui entre en éruption violente en moyenne tous les 20 à 30 ans (ça varie entre 15 et 53 ans depuis le milieu du 19 ème siècle).
Mieux; une sociologue Indonésienne précise que pour les personnes évacuées, les éruptions du Kelut(d) sont perçues plus comme une bénédiction que comme un désastre. C'est là une vue à long terme qui marque combien les personnes connaissent leur environnement et y sont attachés. N'oublions pas que les cendres destructrices à court terme sont importantes (essentielles serait un terme plus approprié) pour l'agriculture locales à moyen et long terme, donc pour le travail des toutes celles et ceux qui vivent sur le Kelut(d).
Par ailleurs vue la croissance économique du pays, on peut supposer (espérer) que la surveillance sera encore meilleure lors du prochain paroxysme et donc le risque encore amoindri.
Sinabung, Indonésie (Sumatra), 2460 m
Depuis quelques jours déjà la webcam du VSI est en panne et il n'est donc pas possible, depuis la France, d'avoir des éléments précis sur l'activité en cours. Les éléments moins directes, comme les données satellites, indiquent que des émissions de cendres sont toujours détectées. Le VAAC de Darwin maintient pour cette raison, un niveau d'alerte aviation au rouge. L'image MODIS de ce matin montre en effet un léger panache cendreux en provenance de l'édifice mais, malheureusement, la résolution de l'image (250 m par pixel) ne permet pas d'apprécier la taille ou la morphologie de la coulée visqueuse. A-t-elle bougé depuis mon précédent post? Est-elle restée immobile? Un nouveau lobe est-il en train de se former? Si oui, dans quelle direction et comment évolue le risque?
Sur place les personnes évacuées depuis plusieurs mois continuent de retourner chez elles. L'administration a déployé des équipes pour nettoyer les maisons le plus possible avant que les personnes les réintègrent. Enlever les cendres n'est pas vraiment une tâche aisée et cela laissera plus de temps à celles et ceux qui reviennent pour s'occuper de leurs champs et de leurs bêtes, seules source de revenues généralement. D'après les estimations, et si rien ne vient perturber le plan de retour, ce sont environ 27000 personnes qui devraient réintégrer leur foyers dans les jours qui viennent. Du travail en perspective pour les équipes de nettoyage, qui ne vont pas beaucoup se reposer.
Autre point que je trouve extraordinaire (et je n'ai pas souvenir d'avoir lu pareille décision): la chambre des représentants (de ce que j'en comprend: le parlement), a décidé de baisser le salaire de ses représentants de 25% pour fournir des fonds à l'aide aux réfugiés. Les membres qui représentent la zone du Sinabung laissent, quand à eux, 100% de leur salaire.
Je n'ai qu'un mot: wow!
Sources: VAAC de Darwin, MODIS/NASA;Jakrata Post; MenitTV;@aris_volcano; DigitalGlobe-USGS; merci à @rudigerescoba; BNPB
Depuis quelques jours déjà la webcam du VSI est en panne et il n'est donc pas possible, depuis la France, d'avoir des éléments précis sur l'activité en cours. Les éléments moins directes, comme les données satellites, indiquent que des émissions de cendres sont toujours détectées. Le VAAC de Darwin maintient pour cette raison, un niveau d'alerte aviation au rouge. L'image MODIS de ce matin montre en effet un léger panache cendreux en provenance de l'édifice mais, malheureusement, la résolution de l'image (250 m par pixel) ne permet pas d'apprécier la taille ou la morphologie de la coulée visqueuse. A-t-elle bougé depuis mon précédent post? Est-elle restée immobile? Un nouveau lobe est-il en train de se former? Si oui, dans quelle direction et comment évolue le risque?
L'activité du volcan Sinabung vue par les lentilles du MODIS ce matin. Image: NASA/MODIS |
Autre point que je trouve extraordinaire (et je n'ai pas souvenir d'avoir lu pareille décision): la chambre des représentants (de ce que j'en comprend: le parlement), a décidé de baisser le salaire de ses représentants de 25% pour fournir des fonds à l'aide aux réfugiés. Les membres qui représentent la zone du Sinabung laissent, quand à eux, 100% de leur salaire.
Je n'ai qu'un mot: wow!
Sources: VAAC de Darwin, MODIS/NASA;Jakrata Post; MenitTV;@aris_volcano; DigitalGlobe-USGS; merci à @rudigerescoba; BNPB
Pour le Sinabung, c'est un beau geste de la chambre des représentants. Inspirations pour chez nous ?.
RépondreSupprimerJe n'ai qu'un mot: wow!
RépondreSupprimerCe n'est pas chez nous que cela arriverai