L'activité effusive débutée le 22 janvier se poursuit au pieds du Nouveau Cône Sud-Est. L'émission de lave reste pulsante c'est-à-dire que l'alimentation se fait par vagues, ou "pulse", chacune pouvant durer plusieurs dizaines d'heures. L'arrivée d'une vague peut indifféremment:
- soit créer une nouvelle coulée à partir de l'évent éruptif tandis que que la coulée de la vague précédente s'affaiblit puis stoppe. C'est la situation la plus fréquemment observée depuis le début de cette crise.
- soit redonner du peps à la coulée de la vague précédente si celle-ci n'est pas
encore assez consolidée (donc refroidit).
encore assez consolidée (donc refroidit).
Le cas 1 étant le plus fréquent, la lave à plutôt tendance à recouvrir progressivement la paroi de la Valle del Bove, sans parvenir jusqu'au fond, constituant ainsi un champs de coulées, chacune d'entre elle s'étalant à côté des précédentes (parfois par dessus). Pour illustrer le phénomène je vous ais préparé un time-lapse des images thermiques de l'INGV (webcam installée sur le Monte Cagliaro, à l'est du sommet) des 08 et 09 février. On voit nettement 2 de ces pulses de lave (il y en a un troisième au tout début mais il est vite masqué par les nuages).
Au cours des 48 dernières heures, le trémor, associé à cette éruption, a fait le yoyo: globalement en hausse il a connu des phases de chute brutale. Malgré tout il semble, que le débit de lave augmente progressivement, même si elle est émise par vagues successives. Le débit depuis le 08 février au soir semble en particulier plus important. Le time-lapse ci-dessus permet de constater en effet que les deux pulses successifs des 08 et 09 février ont permis d'alimenter plusieurs lobes simultanément alors que les jours précédents, chaque pulses semblait plutôt alimenter un lobe principale. Cette hausse du débit est concordante avec la hausse globale, bien qu'irrégulière, du trémor.
Evolution du trémor de l'Etna entre les 04 et 10 février 2014.Image: INGV |
Au niveau du Nouveau Cône Sud-Est (NCSE), l'activité strombolienne est restée globalement modeste, alternant elle aussi des phases plus et moins intenses. Le 08 février a été marquée par plusieurs heures d'émissions de cendres noires qui semblent s'être calmées durant la nuit du 08 au 09. Cette phase, relativement différente de l'activité qui a animé le NCSE depuis le début de cette crise, précède de quelques heures les deux pulses visibles dans le time-lapse ci-dessus, dont on a vu qu'ils résultent d'un débit un peu plus important que leurs prédécesseurs. Ces émissions de cendres noirs pourraient donc être l'un des signes précurseurs de l'arrivée de ce pulse.
Les émissions de cendres du NCSE le 08 février. Images : Radiostudio7/Radiotouring |
Mise à jour 16h03
L'activité, si elle reste globalement la même, a montré ce matin une enchainement de phénomènes, assez discrets mais qu'il faudra peut-être surveiller.
Au levé du jour, un évent actif à mi-pente du versant est du NCSE a émis pendant quelques minutes un petit panache de cendres, signe d'une brusque émission de gaz à travers le cône (image de gauche ci-dessous). Le phénomène a commencé à 06h40 (heure locale) et est resté très actif jusqu'à 06h54. Puis il est devenu intermittent et n'a émis que des quantité faibles de cendres, ne libérant plus que du gaz. Une demie-heure plus tard, à 07h31, un petit panache brun, virant parfois au blanc, fait son apparition plus bas, au niveau de l'évent effusif qui alimente le champs de coulées depuis le mois de janvier (image de droite ci-dessous). Cette seconde manifestation inopinée s'arrête quelques instants plus tard, vers 07h56.
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Le panache phréatomagmatique au cours de son développement, 1 minutes après l'image ci-dessus à droite.. Image: Etnatrekking. |
- les phénomènes qui se sont produit entre 06h40 et 7h30 ont précédé puis acompagné l'arrivée d'un pulse de lave qui début à 07h15.
- que la phase phréatomagmatique se produit elle-aussi juste avant une nouvelle émission de lave qui débute vers 10h25.
Le trémor garde, de son côté, une tendance à la hausse, mais il évolue de manière encore plus chaotique depuis hier soir (il fait encore plus le yoyo).
Sur le fond donc rien ne change: le champs de coulée est toujours alimenté, toujours par à coups, toujours du même évent. Mais sur la forme, dans les détails, l'éruption reste pleine de surprises.
Karangetang, Indonésie, 1784 m
Le VAAC de Darwin a transmis hier un bulletin indiquant avoir repéré un panache de cendres sur le Karangetang. Ce dernier aurait été émis le 09 février à 04h32 TU du matin (05h32 heure Française). Cependant, aucune trace de cette émission de cendres n'est clairement visible sur les images satellites prises à ce moment-là ce qui signifie:
- soit que l'émission de cendres a été confondue avec une masse nuageuse. Les précédents sont nombreux et cela reste donc tout à fait envisageable.
- soit qu'elle est trop discrète pour pouvoir être facile à remarquer sur les images, surtout que l'île est recouverte par les nuages à l'heure où cette émission de cendres se produit.
Deux images prises à 1 heure d'intervalle, à 04h TU et 05h TU: aucune différence entre les deux, le panache, si il existe, est invisible. Images: Université de Tokyo. |
Pour autant, est-ce que rien ne se passe sur ce volcan? Pas obligatoirement car de temps en temps des anomalies thermiques sont détectées à son sommet. Ce fut le cas le 29 janvier dernier par exemple. Mais ces anomalies sont relativement fréquentes et de faible intensité. Elles semblent plutôt indiquer que le volcan reste assez actif sans pour autant préparer une nouvelle phase éruptive. Le VSI le maintient toutefois en alerte volcanique orange (Siaga, ou 3 sur une échelle de 1 à 4), tout comme le VAAC de Darwin qui maintient le niveau d'alerte aviation à l'orange lui-aussi.
Signal thermique détecté au sommet du Karangetang le 29 janvier 2014. Image: Université de Tokyo |
Tungurahua, Equateur, 5023 m
L'activité reste intense sur l'édifice même si le régime de l'éruption a changé. Les émissions de cendres quasi continues décrites par l'observatoire, et retranscrites sur mon post du 07 févier, ont laissé la place à un abondant dégazage entrecoupé de l'émission de panaches de cendres. Le panache de gaz résulte d'une activité strombolienne visiblement très soutenue tandis que les panaches de cendres résultent d'explosions plus puissantes, presque vulcaniennes. Les panaches peuvent s'élever jusqu'à 4000 m de hauteur (9000 m d'altitude environ).
Le changement de régime ne change rien au fait que l'activité reste décrite comme élevée par les volcanologues de l'IGEPN.
Panaches de cendres lors des phases "vulcaniennes". Images: IGEPN |
Shishaldin, Etats-Unis, 2857 m
Voir mon post d'hier
Sources: IGEPN;Université de Tokyo; VAAC de Darwin; INGV; Radiuostudio7;Radiotouring;
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