Voilà une éruption qui, si elle se poursuit, est bien "silencieuse", et en grande partie mystérieuse. Ce n'est pas étonnant: le Chirpoi est isolé dans la partie centrale de l'archipel des Kouriles, frontière entre la mer d'Okhotsk et l'océan Pacifique. Cette île n'est pas monitorée et les seules yeux qui peuvent fournir quelques bribes d'informations sont ceux des satellites, lorsqu'ils passent à l'aplomb de la zone, et que les nuages ne viennent pas brouiller l'image. Généralement c'est le SVERT (Sakhaline Volcanic Eruption Response Team) qui gère la surveillance des Kouriles mais, depuis peu, leurs informations ne sont plus accessibles (plus de moyens financiers?).
Concernant l'activité en cours, les premiers signes ont été observés le 11 novembre 2012 par le MODVOLC, sous la forme d'anomalies thermiques. Quelques jours plus tard un panache de vapeur dense était observé sur la côte au sud de l'île Chirpoi, à proximité du cône Snow, le cône actif de l'île depuis le 18ème siècle. Pour cette première phase de l'éruption, les choses semblaient assez claires: une coulée était émise et entrait en mer. Par la suite, seules des bribes d'info ont pu être récoltées: un signal thermique par ci, un panache de gaz par là. Mais aucune certitude quand au déroulement de l'éruption sur place.
Avec une telle discrétion, pas étonnant qu'il n'y ait plus eu de nouvelles depuis des semaines. Pourtant les données récentes suggèrent qu'une activité, qui reste difficile à caractériser, se poursuit sur l'île.
Tout d'abord un signal thermique est toujours repéré, de manière sporadique, depuis l'espace. Il a été assez fort pour être relevé le 22 septembre par le MODVOLC mais est régulièrement vu par l'Université de Tokyo, qui utilise aussi certaines données du MODIS (différemment du MODVOLC).
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Cette activité reste vraisemblablement faible. L'image acquise le 23 septembre par le MODIS, par temps clair, permet de voir un très léger panache de gaz. Il ne semble pas y avoir de cendres ou, en tout cas, en quantité vraiment faible si elles sont présentes.
Scène acquise le 23 septembre par le MODIS. On distingue le panache ténu de gaz. Image : MODIS/NASA |
La présence synchrone d'un panache de dégazage et des signaux thermiques semble indiquer qu'une éruption est en cours. Les caractéristiques du panache, en particulier l'absence de cendres volcaniques, oriente plutôt vers une activité ayant une composante explosive faible ou inexistante. Enfin, les signaux thermiques semblent être peu ou pas étendus, et situés à proximité du cône Snow.
Avec ces caractéristiques, à quoi pourrait s'attendre une personne débarquant sur Chirpoi? Au moins deux scénarios sont envisageables:- soit une activité explosive faible à modérée de type strombolien sur le cône Snow, sans composante effusive.
- soit une activité effusive de type lac de lave, toujours dans le cône Snow.
Cette potentielle activité éruptive reste toutefois à confirmer, ce qui est difficile avec seulement quelques signaux indirects.
Qui serait partant pour une petite sortie dans les Kouriles en ce début d'automne?
Sources : MODIS; MODVOLC; Université de Tokyo
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