19 mai 2013

Eyjafjöll, Katmaï: même en sommeil, les volcans peuvent poser des problèmes aux avions...

Tout le monde se souvient de l'éruption de l'Eyjafjöll, le maintenant célèbre volcan islandais dont les cendres avaient causé d'importantes perturbations du trafic aérien en Europe. "On est tranquille maintenant qu'il dort!" penserons certains. Et bien non.

Car ce serait oublier que le vent est, lorsqu'il est suffisamment fort, capable de remobiliser les dépôts de cendres et de créer de véritables "panaches secondaires" tout aussi problématiques que ceux émis pendant une éruption.

Panache de cnedres "secondaire" de l'Eyjafjöll
Panache de l'Eyjafjöll dû à la mise en suspension de cendres par un vent violent, en mai 2010. Image NASA

C'est ce qu'il se passe actuellement (et en fait de manière relativement fréquente) en Alaska avec le volcan Katmai-Novarupta, obligeant même le VAAC d'Anchorage à éditer ce matin, un bulletin sur lequel il est précisé " NO ERUPTION. THIS IS RESUSPENDED ASH".
Le Katmaï fut le siège, en juin-juillet 1912, de l'une des plus importantes éruptions du siècle dernier. Les écoulements pyroclastiques (ignimbrites) comblèrent les vallées environnantes, donnant naissance à la "vallée des 10 000 fumées". Or un siècle plus tard, ce dépôt peu encore pauser des problèmes aux avions qui passent non loin de l'édifice, générant à chaque coup de vent suffisamment fort, des panaches secondaires.


Les cendres du volcan Katmai
Cendres de l'éruption de 1912, remobilisées par le vent hier, détectées par satellite. Image: P Webley
Les cendres vu volcan Katmaï
Cendres de l'éruption de 1912, remobilisées par le vent en 2003, détectées par satellite. Image: NASA

Bilan: non contents de devoir slalomer entre les cendres et gaz du Pavlov et du Cleveland les pilotes qui empruntent aujourd'hui les lignes aériennes du nord pacifique doivent aussi tenir compte des cendres de volcans en sommeil! Souhaitons-leur bonne chance. Le problème est malheureusement d'autant plus sérieux que, compte-tenu de la crise économique, les crédits accordés à la surveillance volcanique en Alaska ont baissé drastiquement. L'Alaska Volcano Observatory se voit ainsi dans l'incapacité de renouveler le matériel de surveillance de plusieurs édifices et de laisser tomber des projets de mise en place de nouveau matériel sur des volcans non équipé (le Cleveland, justement).

Couloirs de vol en Alaska. Les triangles rouge et noir sont les volcans actifs (en sommeil ou non). Image : USGS

Il reste l'imagerie satellitaire, mais cette dernière est moins précise qu'un relevé géophysique (déformation, sismicité) et plus contraignante, les données satellites n'étant exploitables que plusieurs heures après leur acquisition (le temps, pour un panache, de parcourir plusieurs centaines de kilomètres). Ainsi, l'AVO sera désormais moins réactive si l'un des 52 volcans de l'arc des Aléoutiennes, au-dessus duquel passent la majeure partie des lignes aériennes qui relient les Etats-Unis au Kamchatka et au Japon, se réveille. Or l'AVO est le premier maillon de la chaîne d'alerte aux pilotes de la présence de cendres : le risque pour l'aviation dûe aux éruptions est donc monté d'un cran. Dit autrement: la crise incite le gouvernement a un peu plus miser sur la chance et moins sur la science pour sa gestion des risques volcaniques (pour mémoire: les Etats-Unis  comptent plus de 150 volcans actifs  sur leur territoire dont environ 60% en Alaska).


image : ADVOCNAR

Pour avoir un point de vue "de l'intérieur" de ce problème, qui n'est que l'un des visages des conséquences de la crise, je vous conseil de lire le très intéressant point de vue d'Erik Klemetti: "Sequestering scientific discovery" (en anglais).

Sources : NASA; blog de P.Webley; blog d'Erik Klemetti.

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