17 février 2021

Nouveau(x) paroxysme(x) sur le volcan Etna : on fait un point (mis à jour x17)

L'activité éruptive sur l'Etna est restée globalement soutenue depuis le paroxysme qui avait illuminé le sommet en décembre. Régulièrement on peut voir des explosions stromboliennes se dérouler dans chacun des cratères sommitaux, Cône Nord-Est, Voragine, Bocca Nuova et Cône Sud-Est. L'activité la plus soutenue se déroulait au niveau du Cône Sud-Est mais visiblement l'activité était intense dans la Bocca Nuova aussi : des fragments retombaient parfois sur les pentes externes. Mais le paroxysme d'hier soir, dont j'ai transmis les principaux moments via twitter, surprend malgré tout : allons voir de plus près!

Comme toutes les phases paroxysmales de l'Etna, le spectacle a été juste....ahurissant! Pour vous en faire une  fiche de présentation synthétique, c'est pas compliqué : 

- localisation : Évent est du Cône Sud-Est, même si l'activité éruptive a continué dans les autres cratères pendant le paroxysme.

- durée : une heure environ. Le plus simple est encore de regarder le changement d’amplitude du trémor enregistré par les instruments de l'INGV pour se faire une idée de sa durée. Ci-dessous, l'enregistrement par la station ESLN ("La Nave", située sur le versant sud, au sud-ouest de la station Sapienza) : la totalité de l'événement prend environ 1 heure, de 16h00 TU à 17h TU à peu près.

Le tracé du trémor, vibration dont la source est complexe mais ici liée au déplacement et à l'éruption du magma, augmente fortement pendant le paroxysme. Image : INGV, station ENLV

Quand on fait un time lapse des images webcam on se rend aussi compte de la brièveté de ce paroxysme. Par contre là j'ai un souci : je vous met un time-lapse depuis Paterno ou depuis Bronte? J'hésite. C'est tellement beau que je sais pas trop où donner de la tête. Aller, tant pis, on va pas se priver : les deux!

Depuis Paterno* (au pied du versant sud) d'abords:


Le paroxysme vu depuis Paterno. Images : Radio Touring

Depuis Bronte (au pied du versant ouest), ensuite :

Le paroxysme vu depuis Paterno. Images : Nicola Zappala

 

- phénomènes observés : importantes/volumineuses coulées de lave (activité effusive), puissante fontaine de lave (activité explosive) avec panache de cendres associé, quelque chose qui ressemble à un écoulement pyroclastique mais qui pourrait aussi être hybride avec une avalanche (pas clair pour tout dire et j'éviterais de trancher, concrètement).

- Précurseurs : jamais évident de dire si la phase paroxysmale elle-même a des signes précurseurs mais en tout cas le trémor avait augmenté d'un cran ces deux derniers jours, et l'activité éruptive était sensiblement plus intense, en particulier sur le Cône Sud-Est. Le graphique ci-dessous montre la variation de l'amplitude du trémor : à partir du 14 il monte en puissance, puis il y a le pic du paroxysme le 16...puis il chute de manière vertigineuse.

Évolution de l'amplitude du trémor entre les 10 et 16 février. Image : INGV

D'après ce que je constate, à la suite du paroxysme, l'activité éruptive semble avoir diminué dans les autres cratères sommitaux : les projections en provenance de la Bocca Nuova sont devenues moins fréquentes, et seulement quelques puissantes explosions dans la Voragine plusieurs heures après la fin du paroxysme (explosions assez fortes pour que des bombes retombent à l’extérieur de la Voragine, et génératrices de beaux panaches de cendres). Une activité explosive strombolienne semble par contre se maintenir à un niveau assez élevé sur le Cône Sud-Est dans les heures suivantes mais elle a quasiment cessé si j'en crois les images thermiques de l'INGV. Cette baisse globale de l'activité est cohérente avec la baisse du trémor décrite ci-dessus.


Panache de cendres suite à une explosion dans la Voragine. Image : Nicola Zappala


Autre explosion dans la Voragine avec chute de bombes sur les pentes externes. Image : Nicola Zappala


Mais allons un peu dans le détail de cette phase paroxysmale surprenante car aussi brève qu'intense. Déjà si l'on regarde l'enchaînement des phénomènes, on peut constater que l'activité toute la journée a été certes soutenue mais d'une égale intensité et ce jusque peu après 17h00 (heure locale), moment où l'on voit apparaitre une masse de cendres grises qui tranche avec ce qui a été observé les heures/jours précédents. Cette masse grise est surmontée d'une masse blanche constituée essentiellement d'eau et quand on regardes les images de la webcam de Paterno on voit que la base de cette masse se déplace dans la Valle del Bove.

Une masse de cendres se déploie verticalement pendant que sa base se déplace au fond de la Valle del Bove. Image : Radio Touring

Si l'on regarde la webcam thermique installée par l'INGV sur le Monte Caglioato (versant est donc presque en face de l'éruption), on voit que le dépôt laissé est à haute température : il a mis moins de 3 minutes pour se déployer sur environ 3300 m (il a atteint le fond de la Valle del Bove)! 

Le dépôt à haute température mis en place en début de phase paroxysmale. Image : INGV
 

Vitesse moyenne donc : 1100m/min, soit 18,3 m/s (66 km/h environ) : trop rapide pour une coulée de lave!

C'est une des raisons pour laquelle on peut penser à un phénomène plutôt catégorisable comme "écoulement pyroclastique", mais malheureusement sans savoir si, concrètement, il s'agit bien d'un tel écoulement, ou quelque chose d'un peu hybride entre un écoulement pyroclastique et une avalanche de roches. Il n'est pas impossible que, dans cette séquence, la présence d'eau ait eu un rôle non négligeable dans la mobilité du phénomène. Vous verrez en particulier dans la vidéo en fin de post, combien certaines portions de panache sont blanches, marqueur de la présence d'eau**. 

L'autre raison c'est qu'on peut voir une partie du phénomène grâce à l'autre webcam de l'INGV installée près de Milo.

Mise en place de l'écoulement en début de séquence paroxysmale. Image : INGV


Il est important à ce stade de préciser qu'au moment où se met en place cet écoulement, le paroxysme n'a pas encore débuté! La fontaine de lave commence à prendre de l'ampleur à partir de 17h15 (heure locale) soit près de 10 minutes après cet écoulement et la phase paroxysmale à proprement parler, c'est à dire la phase la plus violente, la pure débauche d'énergie, le climax, l'apothéose n'arrive que vers 17h30 heure locale, soit près d'une demie-heure après l'écoulement!

 

La phase paroxysmale, vue depuis le nord-est. Image : Giuseppe Torre

Phase paroxysmale, somptueux. Image : Domenico Mazzaglia

 

Il est donc exclu que l'écoulement soit une des conséquences du paroxysme.

Mais est-ce que le paroxysme pourrait être, au moins en partie, une conséquence de l'écoulement***?

Dès hier soir sur twitter je faisais remarquer, grâce à des comparaisons d'images, que d'importants changements ont eu lieu sur le Cône Sud-Est. En particulier, toute la partie supérieure de cône à disparu.

Une comparaison "avant-après" permet de constater que le Cône Sud-Est a perdu une partie de son volume pendant cette séquence paroxysmale. Images : INGV

De là je me suis permis d'émettre l'hypothèse que ce changement de forme est peut-être ce qui a causé l’écoulement décrit ci-dessus, même si le mécanisme reste à préciser.

L'écoulement est accompagné, on l'a vu sur l'image de la webcam de Milo, par le début de la mise place de la principale coulée de lave : les deux sont synchrones. Toutefois le débit de la coulée est au départ modéré, et c'est que peu après 17h15 (donc quand la fontaine de lave commence à monter en puissance) que le débit de cette effusion augmente de manière drastique jusqu'au débit maximal, atteint pendant le pic du paroxysme. Ensuite rapidement le débit diminue et devient négligeable, mais les coulées continueront d'avancer lentement pendant les heures suivant la fin de la séquence paroxysmale.

La séquence éruptive complète vue depuis Milo. Images : INGV

Pour simplifier : si l'hypothèse "effondrement du cône Sud-Est = cause de l'écoulement pyroclastique" est validée, alors il est envisageable qu'une partie de ce paroxysme, et notamment sa violence, soit due à cet effondrement.

Est-ce que sans cet effondrement il y aurait eu un paroxysme? Difficile de se projeter évidemment mais on peut supposer que oui dans la mesure où, depuis le 14 février, le trémor montrait clairement des signes d'intensification. Il reviendra aux volcanologues de l'INGV de déterminer si cette hausse était la conséquence de l'arrivée d'un volume supplémentaire de magma ou d’autres mécanismes, mais en tout cas la situation était propice à un nouveau pic d'activité.

Est-ce que sans l'effondrement il aurait eu lieu de la même manière? On peux penser que non : la quantité totale d'énergie  (mécanique, thermique etc) libérée en 1 heure avec une grande violence, l'aurait été avec un peu moins de violence et sur une plus longue durée, un peu comme ce qui a eu lieu en décembre dernier par exemple (la phase paroxysmale avait duré 3 heure au total). Car mine de rien il a enlevé un volume non négligeable de roches et favorisé une décompression plus brusque et plus marquée de la colonne de magma, rompant ainsi un équilibre déjà précaire entre la montée de magma et son émission en surface. Or une décompression, c'est le déclencheur de la  formation de bulles de gaz en plus grande quantité. Et plus de bulles, ça signifie une activité explosive plus intense, voir la formation d'une fontaine de lave. Mais attention de garder en tête qu'il ne s'agit que d'une hypothèse : validée ou invalidée, moi je dormirais pareil.

Aller, pour terminer, juste des images absolument fantastiques, de Michel Mammino!



Mise à jour, 17 février, 18h28

L'INGV a mis en ligne dès hier une vidéo réalisée depuis l'observatoire, sur laquelle on voit parfaitement la mise ne place de l'écoulement pyroclastique : regardez la vitesse à laquelle il se déplace!!! Magnifique!


Mise à jour 18 février, 09h29

J'ai modifié un peu le titre du post parce qu'un second paroxysme (36 heures environ après le précédent, ça rappelle des souvenirs) a eu lieu cette nuit. Cette nouvelle séquence s'est déroulée en deux étapes:

- la mise en place d'une effusion sur le versant est du Cône Sud-Est avec, simultanément, une hausse progressive de l'activité strombolienne sur ce même cône

- la mise en place de la fontaine qui monte en paroxysme rapidement, avec une brusque hausse du débit de l'effusion et la formation d'autres coulées. Puis l'arrêt rapide.

La séquence paroxysmale au complet. Images : INGV

 

Et il fut tout aussi, sinon plus, intense, mais là encore très court. Pour la seule phase avec fontaines, c'est moins d'une heure (mais quelle fontaine encore une fois!!!), mais la séquence entière, effusion initiale comprise, dure environ 2 heures.

Petite "nouveauté" : cette fois une partie des coulées de lave a pu se mettre en place aussi sur le haut versant sud, en passant par la zone éventrée qui ouvre le flanc sud du Cône Sud-Est.


 

Mise à jour n°3, 19 février, 13h04

Et bien voilà une belle petite série dites-moi! Une troisième séquence paroxysmale a eu lieu ce matin, avec des caractéristiques similaires aux deux précédentes, à savoir : 

-démarrage par une effusion

- montée en puissance de l'activité explosive jusqu'au paroxysme marqué par une puissante fontaine de lave, et de facto un joli panache de cendres. 

- simultanément à l'intensification de l'activité explosive, le débit de l’effusion augmente fortement et produit une coulée de lave dans la Valle del Bove, et à nouveau une autre sur le haut versant sud  (elle a recouvert celle du second paroxysme a priori).

Entre le tout début de l'effusion et la fin du paroxysme, il s'est écoulé un peu plus de deux heures, et dans cette séquence la phase paroxysmale elle-même n'a duré que moins d'une heure.

La fontaine de lave vue en imagerie thermique depuis la Montagnola. Image  : INGV

Le panache de cendres observé depuis Paterno. Image : Radio Touring

Et bien que ces paroxysmes soient spectaculaires vu depuis le sol, il n'en reste pas moins qu'en raison de leur faible durée, ils n'apparaissent que très discrets vus de l’espace. Et ce qui peut être perçu comme un rugissement monstrueux (quand on est proche) entendu depuis le sol, n'évoque qu'un maigre "pufff" quand on le repère depuis une orbite géostationnaire comme celle de Meteosat.


Il est très probable que cette série de paroxysmes soit en lien avec une arrivée de magma mais il faudra attendre des analyses fines par les volcanologues de l'INGV pour avoir un véritable décryptage de la situation. Un détail interessant me semble-t-il : l'iamge faite hier par SENTINEL 2 peu après la fin du second paroxysme montre, outre les champ de coulées encor chaud, une activité encore soutenue dans le Cône Nord-Est, mais le calme plat dans la Voragine et la Bocca Nuova (où l'activité était intense avant le premier paroysme).

Cela suggère une communication plus directe entre le Cône Sud-Est et le couple Bocca/Voragine, qu'entre l'alimentation du Cône Nord-Est et le trio Sud-Est/Bocca/Voragine. Mais sans plus de données que cette observation, cela ne demeure qu'une suggestion, une vague idée.


Le champ de coulées du second paroxysme, avec le bras sud et le bras est qui descend jusqu'au Monte Centenari (éruption de 1852 et qui est en bonne partie recouvert). Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Mise à jour, 21 février, 04h54

Et bien les signes d'hier soir n'étaient pas trompeurs : 4ème paroxysme en plein milieu de la nuit, toujours sur le même modèle que les 3 précédents : retour de l'activité strombolienne avec mise ne place d'une timide effusion, montée en puissance jusqu'au (très bref, 45 min environ) stade de fontaine de lave, pour laquelle l'INGV a indiqué une hauteur approximative de 1000 m, simultanément à une forte effusion. La chute du paroxysme a été vertigineuse : l'essentiel s'est arrêté en 20 minutes environ!!

Là encore le champ de lave principale s'est déployé vers l'est, dans la Valle del Bove, mais un bras, qui semble plus faible que les deux précédents, de coulée à pu se faufiler plein sud.

 


 

Mise à jour n°5, 23 février, 06h20

Après le 4ème paroxysme (comme après les précédents d'ailleurs) on pa pu constater la persistance d'une activité éruptive dans le Cône Nord-Est alors qu'au niveau des autres évents (Voragine et Bocca Nuova) seules des bouffées de cendres avaient lieu. Ce n'est qu'au soir du 22 février  qu'une petite activité strombolienne a refait son apparition simultanément à une hausse marquée du trémor.

Et vous connaissez déjà la suite puisque le 5ème paroxysme n'a pas été moine fantastique quels 4 précédents, et s'est déroulé en suivant à nouveau le même schéma! Mise en place d'une faible effusion dans la Valle del Bove  simultanément à la montée en puissance de l'activité strombolienne. 

Fontaine de lave démentielle au paroxysme. Image : INGV

 

Une montée tranquille au départ mais qui devient rapidement exponentielle après minuit (heure locale) jusqu’au paroxysme avec une fontaine absolument fantastique, de 00h30 à 01h00 environ, dont la hauteur a de nouveau été estimée à 1000 m environ, accompagnée d'une mise en place massive de coulées de lave dans la Valle del Bove (vers l'est donc) et d'une petite coulée en direction du sud à nouveau (toujours le même trajet) et l'extinction brutale de la cette fontaine puisqu'à 1h10 tout était terminé!!!!



L'analyse du trémor par l'INGV indique que sa source se localise à l'aplomb du Cône Sud-Est à une altitude de 2700-2800 m environ, soit quelques centaines de mètres sous le  sommet de ce cône.

Le panache de cette séquence paroxysmale se disperse actuellement vers le nord-ouest.


 

À noter que le délai entre le 4ème et le 5ème paroxysme est sensiblement plus long que l'écart entre les les précédents paroxysmes, qui était plutôt stable.

Et petite mise à jour additionnelle (8h46) pour partager cette vidéo de Michele Mammino.



Mise à jour x6, 23 février, 19h23

Pas de panique! Il ne  passe rien de particulier pour le moment (le trémor  est au plus bas en continue de descendre au moment de cette mise à jour) mais je tenais à répondre à une demande faite en commentaire et qui peux concerner nombre d'entre vous, à savoir une carte qui permet de sa faire (je l'espère, c'est le but) une idée plus précise de la localisation, de l'extension bref, des dimensions de ces paroxysmes et de leur proximité avec les zones urbaines.

Et....je me suis pas foulé, j'avoue, mais c'est parce qu'il y a des outils fantastiques qui simplifient la vie. À savoir une image satellite des champs de lave (est et sud) du 5ème paroxysme (donc une image faite aujourd'hui par le satellite SENTINEL 2), calquée sur Google Earth, sur lequel les noms des villes apparaissent clairement. Je me suis positionné au sud de l'édifice, ce qui permet d'englober Catane, Paterno, Bronte, Giarre (Milo n'est pas marquée mais c'est à proximité de Zafferana Etnea, qui apparait sur la carte). On voit même les îles Éoliennes avec Stromboli (tout pointu) en arrière plan.


En espérant qu'elle soit utile, mettez-là de côté pour les prochaines éruptions : ça peux servir le temps de s'habituer aux localisations des noms de lieux.     

Quand à la localisation des cratères sommitaux, pas de mystère, il n'y a que l'habitude. J'ai donc sélectionné quelques images de webcams annotées,  glanées dans de précédents:

- depuis l'ouest (Bronte souvent)

- depuis le sud, proche (Montagnola ou Nicolosi par exemple)

- depuis l'est (Milo dans cet exemple, mais Giarre est grosso modo dans cet axe,ça peux aider pour les images du Monte Cagliato aussi, même si il est plus décalé vers le nord). Sur cette image Voragine est visible en Sud-Est et Nord-Est. La Bocca est cachée derrière le Sud-Est.

Normalement, avec ça , il y a moyen de s'y retrouver (en tout cas c'est mon souhait).

Mise à jour x7, 28 février, 11h15

Après environ 3 jours de calme relatif, puisque malgré un trémor très bas, une activité éruptive modérée s'est maintenue dans la Bocca Nuova, accompagnée de bouffées de cendres émises depuis la Voragine, le tout chaperonné par une activité éruptive permanente (et à priori stable) dans le Cône Nord-Est,  le trémor est brusquement commencé à monter en flèche à partir de 08h30 environ (heure locale). Sur les images des webcams encore fonctionnelles, une activité strombolienne a fait sa réapparition au sommet du Cône Sud-Est. Tout de suite, en à peine une demie-heure, elle est montée en puissance pour devenir une spectaculaire activité de fontaine de lave, alimentant un panache de gaz et cendres vertical, dont l'altitude atteinte a été estimée à environ 6000 m par le VAAC de Toulouse réévaluée à plus de 10 km par la suite (ce qui semble plus cohérent avec ce qui pouvait être vu aux webcams), d'où sont retombés des fragments de plusieurs centimètres de large (lapillis) sur le secteur de Giarre (15 de distance).

 

L'activité et les chutes de lapillis (voire petites bombes si la taille de 64 mm est dépassée) vue depuis le secteur de Giarre. Image : @Thyria77

Alors ça peut toujours être impressionnant de voire de tels fragments tomber et, honnêtement il ne vaut mieux pas être comme moi (couverture capillaire minimaliste) quand ça tombe. Mais il s'agit de fragments très poreux, d'une masse faible ce qui amoindri leur conséquence à l'impact (il y a quelques années, ça a tout de même fracturé des pare-brise de voiture : la prudence reste de mise). Pour autant, ça n'est sûrement pas un moment agréable à vivre, surtout si ça se répète tous les quelques jours. 



Puis, tout aussi brusquement qu'il avait débuté, le paroxysme a pris fin : à 9h27 l'éruption était en plein déchainement, à 9h37, c'était totalement terminé... Je n'ai qu'un mot pour décrire cette séquence: EXTRA-ORDINAIRE!!! Dommage que certaines webcams clé aient été HS... Du fait de l'arrêt brusque et de la très courte durée de cette séquence, le champ de coulée n'a pas une aussi grande extension que ses prédécesseurs.

    


Mise à jour x7,5, 28 février, 18h55

Oui bon c'est pas vraiment une mise à jour mais plutôt un complément, raison du "7,5". Oui parce que:

1- une photo magnifique, signée Maria Liotta, de la colonne éruptive circule, sur la quelle on voit le sommet du panache, à 10 km d'altitude environ, s'écraser sur la tropopause (interface entre la troposphère et la stratosphère).

Impressionnante colonne éruptive. Image : Maria Liotta

 2- Le satellite SENTINEL 2 nous gratifie d'une magnifique image du panache, mais post -paroxysme, une fois détaché de sa source, et en plein dispersion au-dessus de la mer Ionienne.

Le panache de gaz et cendres en cours de dispersion. Image : SENTINEL 2 - ESA/Copernicus

Mise à jour 7,75, 28 février 20h30

Oui bon...7,75 parce que je complète le complément précédent (ça va devenir compliqué cette affaire). C'est juste que l'INGV à publié les vidéos des caméras thermiques Monte Cagliato (versant est) et Montagnola (versant sud), séquences pour lesquelles chaque minute vaut une seconde. Ça permet de bien voir la dynamique, en particulier la mise en place, lorsque des portions de la fontaine s'effondre, de petits écoulements pyroclastiques, très courts et pas très dynamiques.



Mise à jour x8, 02 mars 2021 19h45


Bon et bien il faut bien faire un nouvelle mise à jour puisque le 8ème paroxysme de cette série a eu lieu aujourd'hui. Vu à travers les données indirectes (webcams, données satellites etc.), il n'y a malheureusement pas vraiment de détails à donner car, cette fois, la couverture nuageuse à été plutôt gênante et la plupart des images sont, heu....crades, je vais dire ça comme ça.

Mais bon, le trémor a commencé à monter en puissance en milieu de journée et sur les images thermiques de l'INGV, c'est vers 11h00 (heure locale) qu'une activité strombolienne a commencé d'être repérée. Ce n'est que vers 14h15 (heure locale) que la fontaine apparait dans une trouée nuageuse mais sur la webcam située à Catane le panache qui lui est associé monte rapidement à partir de 14h00 (heure locale) environ : c'est donc à ce moment-là que démarre la phase dite paroxysmale. 

Une des rares images de la fontaine. Image : INGV
 

Ce panache, dont l'altitude maximale a été estimée à 9000 m par le VAAC de Toulouse, fut maintenu au moins jusqu'à  16h45 15h45 (heure locale) (correspondant à la fin du paroxysme, plutôt bien visible sur les images INGV) et a été emporté vers le sud-est par le vent d'altitude.

Par ailleurs l'une des raisons de cette publication tardive était la nécessité de savoir si, cette fois encore, une coulée de lave avait accompagné cette phase paroxysmale, ce qui est le cas. Visiblement , le champ de lave, encore mis en place dans la Valle del Bove, à l'air d'occuper une surface du même ordre de grandeur que plusieurs de ces prédécesseurs, mais les nuages continuent de perturber la lecture des images.

Le champ de coulées du paroxysme n°8. Image :INGV


Mise à jour n°9, 04 mars 2021, 11h32

Et oui, nous voilà déjà rendus au 9ème paroxysme de cette série débutée le 16 février dernier. Celui-ci a démarré de manière un peu différente puisqu’il y a d'abord eu une activité strombolienne sur le Cône S-Est qui a débuté un peu avant 01h30 (heure locale) avec mise en place d'une petite  coulée de lave en direction de la Valle del Bove à partir de 03h00 (heure locale) environ. 

Première phase avec courte coulée et petite activité strombolienne en cours de nuit.Image : INGV
 

Mais cette activité à pris fin brutalement vers 05h10 (heure locale), un peu comme une version miniature d'un paroxysme et, d'ailleurs, cela correspond à un pic très marqué du trémor. Une très faible activité strombolienne a perduré toutefois sur le Cône Sud-Est et c'est à partir de 08h00 environ (heure locale) qu'elle a commencé à monter en puissance à nouveau et, cette fois, pour atteindre le stade paroxysmale à fontaine de lave à partir de 09h00 (heure locale) environ. 

 

9ème phase paroxysmale vue en caméra thermique depuis l'est-nord-est. Image :INGV

C'est à partir de ce moment-là que l'activité devient suffisamment intense pour que la colonne de gaz et cendres s'élève rapidement en une colonne qui, dès 9h30 (heure locale) a atteint la tropopause, entre 10 et 11 km.

L’impressionnante colonne de cendres, bien verticale, vue depuis Bronte (à l'ouest) et PAterno ((au Sud). Images : Nicola Zappala; Radio Touring

Le débit de l'effusion ayant drastiquement augmenté au cours de la phase paroxysmale, une nouveau champ de lave important s'est rapidement mis en place dans la partie amont de la Valle del Bove, recouvrant ceux des paroxysmes précédents.

Cette activité intense s'est maintenue jusqu'à 10h20 (heure locale) à peu près puis, comme les fois précédentes, s'est arrêtée très brutalement, en quelques minutes seulement.

    

Les deux "à-coups" de ce paroxysme. Images : INGV

Mise à jour n°10,07 mars 2021, 09h19

Et voilà que le 10ème paroxysme s'est déroulé ce matin. Il a à nouveau été très intense, avec un pic de trémor supérieure à celui atteint par les paroxysmes précédents, mais a  été plus court.

Les premières lueurs d'une activité strombolienne sur le Cône Sud-Est se sont faites, timides, peu après minuit (heure locale) puis une tranquille montée en puissance avec, à partir de 04h du matin (heure locale) environ la formation d'une petite coulée en direction de la Valle del Bove, via l'échancrure qui ouvre le flanc est du Cône Sud-Est. 

Petite coulée de lave en formation en dernière partie de nuit. Image : INGV

 

La montée en puissance de l'activité explosive se poursuit mais le "verrou" de la phase paroxysmale est franchit seulement vers 07h20 (heure locale) environ avec le développement de la fontaine et du panache de cendres.

 

La base colonne de cendres et lapilli du 10 eme paroxysme, sur leCône Sud-Est. Image : INGV
 

Les nuages étant bien présents, le panache n'est pas facilement visible. Ou du moins : on le voit bien depuis Bronte mais le soleil est de face ce qui gêne considérablement son observation, voyez plutôt.

Pas facile d'observer ce panache depuis Bronte. Image: Nicola Zappala

 

Une image Meteosat, faite à 07h55 (heure locale) est publiée, permettant de voir l'ombre de ce panache qui sétire sur environ 30 km vers l'ouest.

 

Ombre portée du panache de cendres. Image: Meteosat/Eumetsat
 

Ombre portée? Panache visiblement assez vertical sur l'image satellite? Vite : il me faut les éphémérides!!!! Indispensables éphémérides qui, après une rapide recherche me donnent, pour 07h55 (heure locale) un soleil à 16,91° au-dessus de l'horizon.

Un rapide calcul de trigonométrie (dont je ne donne pas le détail au cas où des enseignants voudraient le proposer à leurs élèves :) ) donne alors une altitude atteinte par le panache à environ 10 km, confirmé par le VAAC de Toulouse.

Mais le bal, déjà pas mal masqué par les nuages, prend vite fin. Le temps de faire appel aux éphémérides et de me faite mon petit calcul, l'activité s'était littéralement effondrée puisqu'au moment où l'image satellite était faite (07h55 heure locale), l'activité paroxysmale prenait fin et peu après 8h00 (heure locale) il ne restait déjà plus qu'une activité strombolienne résiduelle.....La phase paroxysmale n'a donc duré qu'environ une demie-heure cette fois, contre environ 1 heure pour les précédents.

Mise à jour, 07 mars, 18h13

Juste pour partager deux vidéos que j'ai déjà partagées via twitter, histoire, quand même, de voir à quoi ressemblait concrètent cette éruption. Avec en particulier une question : à quoi ressemble le champ de coulées? Puisqu'il n'était pas visible aux webcams. Et je préfère prévenir que les vidéos ne donnent pas la réponse mais qu'en tout cas il y a eu (comme pour les paroxysmales précédents d'ailleurs) des coulées dites rhéomorphiques, à savoir des coulées de lave formées par la mise en mouvement d'un agglomérat de fragments chauds et encore partiellement fondus, retombés de la fontaine.



À noter aussi que, cette fois encore, il y a eu d'importante chutes de gros lapilli sur le versant est : port du casque conseillé (en plus du masque, ça fait déjà pas mal).



Mise à jour n°11, 10 mars, 11h32

Dès le soir du 08 mars le trémor a commencé à montrer les signe, très faibles mais constant, d'une tendance à la hausse, permettant de se tenir sur le qui-vive.

L'activité strombolienne est revenue en toute fin de journée hier sur le Cône Sud-Est et la montée en puissance s'est faite toute au long de la première moitié de la nuit. Les nuages ont beaucoup gêné la vue cette fois, et il semble que le paroxysme ait eu lieu après minuit, vers 2h20 du matin (heure locale) à priori c'est vraiment à vérifier), pour un fin, toujours brusque, donnée vers 04h30 (heure  locale) par l'INGV. Avant de conclure que le paroxysme à duré environ 2 heure, je préfère attendre des précisions sur l'horaire approximatif de départ de la phase paroxysmale.


En tout cas  le champ de coulées qui s'est à nouveau mis en place dans la Valle del Bove, semble à nouveau être descendu jusqu'en bas de la pente, pour une longueur parcourue d'environ 3000 m à nouveau.

Le champ de coulée du 11ème paroxysme descendant jusqu’au fond de la Valle del Bove. Image : INGV

Et pour l'anecdote, les panaches des paroxysmes précédentes n'ont pas encore finbi de se diluer et son encore repérés par SENTINEL 2, capable de détecter la présence de concentrations élevées en SO2 dans l'atmosphère.

Ainsi hier 09 mars, le panache du 09ème paroxysme (04 mars) survolait les 2 Corées, alors que le panache du 10ème paroxysme (7 mars) entrait au-dessus de la Région de Xingjiang, en Chine.

Les traces atmosphériques des paroxysmes 9 et 10. Images : SENTINEL 5 ESA/Copernicus

 Mise à jour n°12, 12 mars 2021; 12h13


Et le numéro 12 est en train de se terminer à la rédaction de ce post. Les premières lueurs d'une activité strombolienne se sont allumées sur le Cône Sud-Est vers 02h40 (heure locale) puis, comme d'habitude (si je puis dire) cette activité explosive s'est progressivement intensifiée.  À partir de 07h20 environ (heure locale) une coulée de lave a commencé d'émerger de l'échancrure qui éventre, depuis le 1er paroxysme de cette série (16 février) le versant est du Cône Sud-Est.

Son débit est resté faible jusqu'à ce que l'activité explosive entre sa phase paroxysmale, qui a débuté entre 09h15 et 09h30 (heure locale). Le débit de l'effusion a alors fortement augmenté (comme les fois précédentes) et le champ de coulée formé à ce moment-là a pu se développer jusqu’au fond de la Valle del Bove. Parallèlement le panache de cendres produit par la phase paroxysmale s'est développé verticalement jusqu’à une altitude 'environ 10 km, estimée par le VAAC de Toulouse. À nouveau une belle colonne de cendres et probablement de belles chutes de lapillis plus ou moins gros sur les villages du versant est.

La colonne de cendres en plein expansion verticale au pic du paroxysme, vue depuis Paterno (versant sud). Image : Radio Touring

Là encore, ce panache est plus impressionnant vu du sol que depuis l'espace.

Le panache de cendres au pic du paroxysme, tranquillement emporté vers l'est. Image : EUMETSAT

L'activité a commencé à décliner peu après 10h15 (heure locale) et la phase paroxysmale s'est terminée vers 10h30. Une activité explosive et quelques émissions de cendres ont continué jusqu'à 11h45 à peu près puis ont cessé.


Mise à jour n°13, 12 mars 2021, 07h49

Les premiers signes visibles à l'oeil nu d'un possible nouveau paroxysme ont à nouveau été le retour, vers 21h00 (heure locale), d'une incandescence dans le cratère du Cône Sud-Est mais le trémor avait connu, au cours des heures suivantes, un changement de dynamique (amplitude stabilisée alors que d'habitude son amplitude varie beaucoup) qui pourrait faire partie des signes précurseurs. Toutefois l'arrivée de nuages sur la zone sommitale a largement masqué le spectacle sur les webcams et les images produites par ces dernières ne sont pas faciles à utiliser pour le suivi. Il semble toutefois que l'effusion a commencé à devenir abondante vers 01h00 (heure locale), toujours en direction de la Valle del Bove mais le paroxysme à proprement parler, associé au pic d'amplitude du trémor et à une effusion encore plus abondante, a plutôt eu lieu vers 02h00 du matin (heure locale), le tout étant terminé peu après 2h30 (heure locale). Le champ de coulées est constitué de deux parties : une en direction de l'est, descendue vers le fond de la Valle del Bove, et une autre juste au sud, plus courte et plus digitée****

Si les webcams n'ont pu jouer pleinement leur rôle à cause des nuages, sur place, des images, toujours spectaculaires, ont toutefois pu être faites!


 

Elles permettent entre autres de constater que les paroxysmes successifs, et les grandes quantité de fragments qu'ils produisent et qui s'accumulent, font évoluer la forme du Cône Sud-Est rapidement. Il semble notamment que l'échancrure soit en partie comblée ce qui impose au magma de percer la couche de fragments qui s'y est accumulé pour produire la coulée. Pour le dire autrement, les images montrent deux évents: au sommet du Cône Sud-Est, où l'activité explosive est la plus intense, et en contrebas, un second évent (lui-même divisé en deux, voir à 1'41 de la vidéo)) d'où partent les deux coulées décrites plus haut et sur lequel une faible activité explosive se produit aussi.

Le tout se voit très bien à 1'31 de la vidéo par exemple.

L'organisation de l'activité, en deux zone actives. Image : Michele Mammino

Cette fois la grande quantité d'eau dans l’atmosphère masque largement la présence du panache sur les données satellites, mais on peut le distinguer alors qu'il est emporté vers l'est.


 

Mise à jour n°14, 17 mars, 08h50


Et voilà un mois déjà que cette "saga paroxysmale" a débuté, saga dont le 14ème épisode s'est déroulé cette nuit. Et, pour autant que les nuages ont permis d'en juger, globalement, le même scénario s'est à nouveau déroulé:

- retour de l'activité strombolienne sur le Cône Sud-Est vers 02h00 (heure locale)

- montée en puissance de cette activité avec formation d'un coulée de lave, en direction de la Valle del Bove toujours, probablement vers 02h45 (heure locale), mais les nuages marquaient la zone à ce moment-là donc la précision est, heu, "limite limite".

- l'entée en phase paroxysmale semble se faire aux alentours de 05h00 (heure locale) et dure jusqu'au levé du jour. 

- fin de la fête peu après 06h00 (heure locale)


Le VAAC de Toulouse indique avoir estimé l'altitude maximale atteinte par le panache à environ 6000m. Cette valeur est significativement plus faible que celle atteinte par les panaches des précédents paroxysmes et c'est vrai que sur les images faites depuis Paterno, on voit qu'il est largement rabattu par le vent en lieu et place des imposants panaches verticaux des phases antérieures : le signe d'une densité (essentiellement la charge en particules solides du panache) plus faible?

Le panache du 14ème paroxysme, couché par le vent. Les chutes de lapillis, d'aspect similaire aux rideaux de pluie, sont bien visibles. Image : Radio Touring


Toutefois il est important de signaler que le pic de trémor fut, quand à lui, aussi important que lors des précédents paroxysmes: il serait donc risqué de conclure à une baisse de régime de l'activité sur les seules caractéristiques du panache. 

C'est dans la durée qu'on verra si, oui ou non, une baisse de régime est amorcée mais là, rien ne permet de l'affirmer. Il ne faut jamais oublier qu'une tendance n'est jamais la caractéristique d'un 1 point/événement, mais caractérise un ensemble de points/événements.

 

Mise à jour n°15, 19 mars, 11h25

Et le 15ème paroxysme a eu lieu aujourd'hui avec une séquence qui a débuté, toujours avec le retour de l'activité strombolienne sur le Cône Sud-Est, vers 07h00 (heure locale) même si il est difficile d'être précis à cause des nuages, à nouveau. Comme toujours, l'activité est montée en puissance dans les heures qui ont suivi avec une accélération fulgurante à partir de 09h00 (heure locale) environ et l'amorce de la phase paroxysmale de la séquence vers 10h00 (heure locale).

Le panache au paroxysme. Image : INGV

Le pic du trémor n'est pas moins fort que pour les autres paroxysmes et est atteint vers 11h00 (heure locale). Puis tout retombe rapidement peu après 11h00 (heure locale). L’altitude maximale atteinte par le panache a pu être estimée par le VAAC de Toulouse à environ 5500 m, significativement moins donc que les panaches précédents, pour un pic de trémor tout aussi intense : il y a donc un découplage entre les deux.

Le panache du 15ème paroxysme à 10h30 (heure locale), moment où le VAAC de Toulouse à estimé son altitude à 5500 m.

Il est probablement important de noter qu'après le paroxysme n°14, l'activité effusive n'a pas complètement cessé : une coulée de lave a continué d'être produite, à faible débit, en direction de la Valle del Bove depuis l'échancrure du Cône Sud-Est. Et ça c'est une nouveauté, et toute nouveauté mérite l'attention. Par contre, pour l'heure, impossible de donner des informations concernant la partie effusive de ce paroxysme : tout a été masqué par les nuages. J'ai l'impression  qu'il y a eu un bout de coulée en direction du sud,  mais cela reste à vérifier....


Mise à jour n°16, 24 mars, 14h34


Il aura fallu attendre cette fois environ 110 heures avant que le 16ème paroxysme ne se produise sur le Cône Sud-Est, paroxysme qui, pour le coup, suis les même grandes lignes que les précédents (quelques différences malgré tout), mais avec un déroulement plus étendu dans le temps.

Les premiers signes visibles (encore la reprise d'une activité strombolienne sur le Sud-Est) ont pu être observés dès le 23 mars après 19h00 (heure locale) mais le changement de comportement du trémor avait débuté le 22 mars au soir, vers 22h (heure locale).

La particularité ici c'est que dès le 23 mars vers 22h15-22h30 (heure locale) l'activité explosive atteint un sorte de maximum qui va très peu évoluer jusqu' au matin du 24 mars vers 08h00 (heure locale, mais ce n'est pas un horaire très précis) et on pourrait presque dire que l'intérval (durée de 7h30-8h00 environ donc) peut correspondre à une phase paroxysmale pour l'activité explosive.

 

Couché de lune derrière le 16ème paroxysme. Source: INGV

Si l'on veut contraindre la phase paroxysmale en la définissant comme la phase "fontaine la plus intense + abondante effusion", alors l'écart de temps se réduit. L'effusion a en effet débuté tranquillement vers 03h20 (heure locale) du matin par une petite coulée émise en direction de l'est depuis le sommet du Cône Sud-Est, l'échancrure laissée par l’effondrement du 16 février étant partiellement comblée. Il faut noter par ailleurs que, cette fois c'est sûr, une autre coulée a commencé à se former en direction du sud à partir de 03h45 (heure locale).

Petite coulée en direction du sud. Image: INGV

Je reviendrais à cette coulée plus tard car souhaite me concentrer tout de suite sur la coulée Est! Ah, cette chère coulée Est! Une effusion si timide au départ...mais si brusquement interessante puisqu'à 03h37 précisément la dynamique de sa production a changé d'un coup! Jugez par vous-même, grâce à cette portion de la vidéo en streaming de vedetta.org (vincenzomodica.com)



Les choses semblent simples à priori, mais en fait je me méfie de l'interprétation de ce qu'il se passe dans les premières secondes. Il semble à peu près sûr qu'à 03h37 (heure locale), une partie des matériaux accumulés dans la ravine ouverte le 16 février a visiblement cédé sous la pression de la masse de roche en fusion. Une sorte de rupture de barrage quoi. Dans les secondes suivantes, pas facile de déterminer précisément ce que l'on voit?

Voit-on une masse continue de roche en fusion (coulée de lave) qui descend? Ou s'agit-il déjà d'un écoulement pyroclastique? Pas facile à voir... Mais de toutes manières après 20-25 secondes d'écoulement ce qui se dessine ressemble plus clairement à un front d'écoulement pyroclastique. 

Ce qui  se passe au cours des premières secondes de cet événement reste donc flou et je ne peux pas trancher à partir des images : elles sont belles mais le contraste est trop fort et une partie des images est saturée (blanche) au niveau de l'échancrure donc, par définition, sans détails... Toutefois, en regardant une séquence produite à partir des images de la webcam thermique du Monte Cagliato (ou Monte Caliato sur les cartes topo de l'Etna), on peux tout de même constater que ce qui se passe à 03h37 est un événement bref et que la grosse effusion ne commence qu'après. 


D'abord un "splash" puis la coulée qui se met en place. Images : INGV


Je suis donc tenté de pencher plutôt en direction d'un nouvel éffondrement avec, dans les premières secondes, quelque chose qui aurait plutôt une dynamique d'avalanche de blocs voire même une masse de fragments collés à chaud (il y a comme un aspect "visqueux" au démarrage, qui fait penser à une coulée) qui se met en mouvement puis qui se fragmente totalement et se développe en écoulement pyroclastique.

Une fois cette rupture de barrage effectuée, le flot de roche en fusion s'est déversé plus abondamment en direction de la Valle del Bove, formant un nouveau champ de coulées par-dessus les précédents.

Le champ de lave en plein développement au levé du jour.  Image : INGV

 

Revenons maintenant à la coulée sud. Quand elle fait son apparition sur les images, vers 03h45 (heure locale donc) elle est faiblement alimentée et rapidement elle a semblé carrément stoppée. MAIS elle a fait continué d'être faiblement alimenté pendant des heures. Elle a en fait rapidement bifurqué en direction de l'est une fois arrivé au pied du Cône Sud-Est, tout simplement parce qu'il y a là les champs de lave précédents et les cônes de 2002 qui lui barrent le passage. On voit ainsi son front faire son apparition sur les images à partir de 11h30 (heure locale), sortant de derrière l'imposante masse des cônes de 2002-2003. Son alimentation semble toutefois avoir cessé vers 12h15 (heure locale), à moins qu'il ne s'agisse d'une illusion....

La coulée de lave sud, dont le trajet est en partie masqué par les cônes de 2002-2003. Image : INGV


L'activité à mis énormément de temps, comparé aux paroxysmes précédents, pour redescendre et au moment de la rédaction de cette mise à jour le trémor est encore très élevé. Je soupçonne qu'il s'agit en fait de la trace dûe à l'effusion, qui semble persister en direction de la Valle del Bove car l'activité explosive, de son côté, a cessé sur le Cône Sud-Est

Le trémor produit par cette séquence paroxysmale est plus étendu dant le temps, mais le pic atteint est du même ordre de grandeur. Image : INGV

 

Il n'est pas dit qu'il n'y aura pas de mise à jour intermédiaire en fonction de ce qu'il se passera dans les heures qui arrivent. 

 

Mise à jour n°17, 02 avril 2021, 09h47

Et bien il n'y a pas eu de mise à jour intermédiaire puisque les choses se sont progressivement calmées après la 16ème séquence paroxysmale. Alors quand je dit "calmées" je ne parle que de ce qu'il se passe sur le Cône Sud-Est puisqu'une activité explosive s'est maintenue dans la Voragine, avec des explosions parfois assez fortes et sources de beau panaches de cendres, et dans la Bocca Nuova.

Sur le Cône Sud-Est, le calme est resté de mise jusqu'au matin du30 mars puisque ce jour-là vers 07h00 (heure locale) une bouffée de cendres s'est développée au-dessus de lui. Mais ce n'est que quelques heures plus tard que l'amplitude du trémor, dont la moyenne***** était stable depuis la fin du paroxysme n°16, a commencé à montrer une légère tendance à la hausse.

Faible activité au creux du Cône Sud-Est . Image : INGV

 

Au soir du 30 mars une petite activité explosive (activité presque permanente mais explosions très faibles) pouvait déjà être observée dans le cratère du Cône Sud-Est et cette situation reste stable jusqu’au début d'après-midi, lorsque un évent latéral s'ouvre au pied du versant sud dudit cône. Une fracture éruptive avec une très faible activité explosive de type spattering et une surtout une effusion formant une coulée de lave dont le front part vers l'est, direction Valle del Bove.

Ouverture d'un éveent latéral dans l'après-midi du 31 mars. Images : INGV
 

En parallèle l'activité explosive sur le Cône Sud-Est s'intensifie marquant le démarrage de la phase paroxysmale de la séquence, à l'origine d'un panache dont l’altitude maximale a été évaluée à 7000 m (environ 4000 m de hauteur donc). Alors que l'effusion sur l'évent latéral reste soutenue, un autre coulée de lave émerge vers 23h30 (heure locale) depuis l'échancrure sud du Cône Sud-Est. Vue la position de sa source, cette coulée part tout naturellement en direction du sud mais est masquée par les cônes de 2002-2003.

 

Seconde coulée de lave émergeant de l'échancrure sud du Cône Sud-Est. image : INGV

À partir d'environ 01h30 (heure locale) une coulée de lave modérément alimentée prend naissance dans le cratère du Cône Sud-Est et part, elle aussi, en direction de la Valle del Bove. Mais contrairement aux paroxysmes précédents, cette effusion reste timide et la coulée n'est d'ailleurs alimentée que par à-coups successifs.

Coulée de lave émergeant du cratère du Cône Sud-Est. Image : ING

 

Le débit effusif reste donc supérieur sur l'évent latéral comparé au débit de la coulée issue du cratère du Cône Sud-Est, ce qui a pour conséquence la production d'un champ de lave plus important. C'est queluque chose qui se voit bien grâce aux images de la webcam placée au Monte Cagliato.

Les deux champs de lave en developpement. Image : INGV

Cette activité éruptive reste soutenue jusqu'à environ 08h00 (heure locale) du matin à peu près, puis elle devient plus intermittente tout en se poursuivant plusieurs heures encore. Tout comme lors du 16ème paroxysme, le pic de trémor est ici très étalé dans la temps et au moment de la rédaction de cette pise à jour, il n'est d'ailleurs pas revenu à son niveau pré-paroxysme.



Sources: INGV; Nicola Zappala; Radio Touring; Michele Mammino; Giuseppe Torre;Domenico Mazzaglia; EUMETSAT; SENTINEL 2&5 - ESA/Copernicus; Local Team, @Thyria77; Maria Liotta; éphémérides; VAAC de Toulouse

* vous savez comment on appelle 1 m3 de bois là-bas? Un Paterno-stère, évidemment...................... J'avais dit que j'arrêtais les blagues ou pas?

** pas vapeur : quand on voit l'eau, c'est qu'elle est à l'état liquide.

*** en fait je devrais écrire "une autre conséquence de la cause de l'écoulement" si je voulais être juste.

**** dont la forme évoque celle des doigts d'une main. 

***** l'amplitude varie en permanence

43 commentaires:

  1. Heureusement que personne ne randonnait dans le Val del Bove 😱

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  2. Salut CV !

    Merci pour le détail et ces images incroyables !

    Hier soir, l'INGV en disait cela " (...) à partir de 16.00 heures environ UTC, un débordement de lave a été observé par le versant est du cratère sud-est qui a produit à 16.05 heures UTC, un modeste effondrement du flanc du cône générant un flux pyroclastique (...)". L'hypothèse est donc validée ! ;)

    Quel spectacle se devait être là-bas...

    Bonne journée,

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    1. Bonsoir Ludovic. Et bien ça me rassure! :) Reste à savoir si cet effondrement, quoi que modeste, a influencé non pas la survenue du paroxysme (il aurait eu lieu, sans doute), mais ses caractéristiques, son déroulé.
      Bonne soirée.
      CV

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    2. "Un des magmas les plus primitifs émis par le CSE" : l'INGV confirme l'arrivée en surface d'un magma plus profond ! ;)

      Bon weekend,

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    3. L'effondrement aura enclenché plusieurs paroxysmes finalement, donc je penche plus pour l'arrivée de magma profond qui crée un paroxysme et déstabilise le flanc. Et c'est avec un peu de chance reparti pour une série de paroxysme comme il y a quelques années, et encore plein de belles images 🤩

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    4. Arrivée de magma plus profond, alors même que le réseau de mesure de déformation n'a pas enregistré de variations significative pendant l'activité paroxysmale d'après le bulletin. Donc pas de déformation notable sur une période de temps courte (quelques heures); faudrait voir ce que racontent les mesures sur plusieurs mois (qques années au plus?) pour voir si la recharge de la partie profonde du système n'a pas eu un effet sur la surface.
      On se retrouve après le 4ème? Trémor en hausse ce soir et retour d'une petite activité strombolienne sur le Sud-Est

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  3. Merci Culture volcan pour cette analyse. Même en m'étant déjà rendu au pied du cratère Sud-est (en période calme, en 2016), j'ai du mal à imaginer l'ampleur d'un tel phénomène. Je me demandais s'il existait une sorte d'abaque ou de charte permettant d'estimer visuellement la hauteur des projections à partir du temps de retombée des bombes?
    On doit être à plus de 300m au paroxysme, je dirais?
    Bonne continuation.

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    1. Bonsoir Pierre-Alin. Bonne question. Pas à ma connaissance mais je suppose que c'est possible à faire, à condition d'avoir des points de repères fiables en altitudes, faciles à reconnaitre sur les images, et dont les caractéristiques ne varient pas. Et au sommet de l'Etna.... tout varie! :) Sur certaines images de la webcams de Milo, une estimation au moment où la fontaine est la plus haute doit tourner aux environ de 800 m de hauteur mais le problème c'est que dans l'estimation il y a le sommet du Sud-Est, dont la hauteur varie rapidement... donc pas totalement fiable, mais un bon ordre de grandeur je pense.
      Bonne soirée :)
      CV

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  4. Bonjour.

    Merci pour ces images et commentaires!

    Si l'effondrement n'est pas une conséquence directe du paroxysme compte tenu de la chronologie, peut-être que l'effondrement a été provoqué par les conditions qui ont permis au paroxysme de se mettre en place? Je pense par exemple à l'afflux important de magma. Mais bon, il faudrait des données de déformations (ou de sismo pour identifier de la fracturation en surface pré-effondrement?) pour en avoir le coeur net j'imagine.

    Bonne journée,

    MarcP

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  5. Ce n'est pas tant la répétition des paroxysmes qui surprend mais le fait que ce sont presque des copier coller !!!

    Sinon, deux dômes auraient été décrit sur le Mérapi (le nouveau se trouvant dans le cratère sommital)... Tu as vu passer des images qui le confirme ?

    Ludovic

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    1. Pour le Merapi pour le moment rien de particulier et sur les images qui passent, même en pause relativement longue, je ne vois pas de reflets d'incandescence au-dessus du cratère. Mais l'idée que le magma ait percé de chaque côté du "mur" avait été évoquée dans un post : ça serait marrant que ça soit confirmé! Mais bon, de ce que je vois pour le moment rien ne permet de confirmer. Même sur les données radar sur le le dôme photographié est bien visible : si un autre dôme il y a dans le cratère, la résolution radar est insuffisante pour le voir, et dans le domaine des longueurs d'onde visible et infrarouge, il y a une gêne de la couverture nuageuse un peu trop récurrente à mon goût.
      Patience et longueur de temps....
      @+
      CV

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    2. Bonjour Ludovic. Je viens de voir une image du Merapi pause longue : un reflet d'incandescence est visible au-dessus du cratère, dans les gaz. Ca peut n'être qu'un dégazage à haute température mais bon : on sait jamais!
      @+!
      CV

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  6. C'est parti pour le N° 5. Vais finir par y aller...

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  7. bonjour d'abord merci pour toutes ces infos. N'y a t'il aucune carte avec la localisation précise de ces événements svp car je ne connais pas si bien les lieux que vous et les cartes topos ne m'aident pas vraiment. Merci bcp

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    1. Bonjour. J'ai fait une mise à jour spéciale après votre demande, qui est très importante effectivement, vu qu'elle peux servie à d'autres personnes. J'espère qu'elle vous servira en tout cas :).
      Bonne soirée.
      CV

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  8. Et ça recommence ce soir 6 ème paroxysme en cours a suivre..

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  9. et de 6. Cette fois je pars là-bas !

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  10. Les lapillis sont donc du verre volcanique, dont la constitution chimique doit être celle d'un basalte ou apparenté (silicates ferro-magnésiens plus ou moins alumineux et calco-alcalins) dont la dureté est proche de celle du quartz : tombant de si haut cela peut-il rayer le verre et donc les pare brises ?

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    1. Bonjour Vinhof. Les lapillis peuvent être tout et n'importe quoi puisque le terme "lapilli" ne décrit qu'une taille de fragment(entre 2 et 64 mm). Les lapillis peuvent être de n'importe quelle composition (des laves les plus basiques aux plus acides), et parfois même phréatomagmatiques (lapillis accrétionnés). La dureté dépendra je suppose de la porosité et de la composition mais il y a un conseil qu'il vaut mieux connaitre : ne jamais mettre les essuie glace sur un pare-brise plein de cendres,il vaut mieux trouver le moyen de rincer à l'eau claire sans frotter, on ne sait jamais! Sinon le quartz pur à un dureté de 7 effectivement mais ce qui tombe n'est pas du quartz : difficile de connaitre la dureté à priori, donc de savoir si ça va effectivement rayer le pare-brise (en fait je serais plus inquiet pour la peinture...). Par contre la chute de fragments peut provoquer de la fracturations, même si c'est quand même pas courant... heureusement!
      Bonne soirée :)
      CV

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  11. Bonjour CV. Étant sur place je te confirme ta remarque 7.75 sur les petits écoulements pyroclastiques à la base de la colonne éruptive qui noyait l'intégralité du NCSE qui semblait avoir disparu sous le déluge. Ces écoulements avaient une couleur nettement plus claire. Marron clair exactement. Je tente le sommet aujourd'hui en attendant le prochain paroxysme. Patrick BAROIS

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    1. Bonjour Mr Barois, et merci pour ce retour "from the ground"! Ce n'est probablement pas la peine de demander si le spectacle en valait la chandelle (et quelle chandelle au passage!).
      Bon trip à vous là-haut! Et je ne doute pas que ce soit le cas, l'ambiance au sommet est toujours exceptionnelle quand la météo est favorable.:)
      CV

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    2. Je ne réagit que maintenant, mais "Marron clair" vous dites? mmmmm: la bordure de l'échancrure m'a parue très instable entre les paroxysmes : des morceaux se seraient décrochés?
      CV

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    3. Oui. Nettement plus claire que la base de l'immense colonne éruptive.

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  12. Paroxysme n8 terminé vers 16h. Très violent mais les nuages ont gâché la fête. Préparation d'artillerie pendant une bonne heure sous forme d'explosions stromboliennes de plus en plus forte avant 2h de fontaines de lave. Scories grosses comme la paume de la main jusqu'à 2500m. Casque obligatoire... J'en ai fait l'expérience. Couche de 2 cm de graviers basaltiques sur le parking de la funivia à sapienza. Route noire de cendre jusqu'à nicolosi. Patrick BAROIS

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  13. Très spectaculaire en effet. Immense colonne éruptive dans un ciel cette fois tout bleu. Après nicolosi c'était au tour de linguaglossa à recevoir son lot de cendre et de lapilli . P. BAROIS

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  14. Impressionnante la phase 10. Quelle peut etre la hauteur des fontaines de lave ? Et puis j'ai une autre interrogation : vu la frequence relativement stable entre deux paroxysmes, çà me fait penser au fonctionnement des geysers, comme le vieux fidèle par exemple, avec une mise en pression régulière suivie d'une éjection de "matière". Y a t-il un fonctionnement analogue, si j'ose dire, dans le fonctionnement actuel de l'Etna ?

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    1. Bonjour Mr Lespes. Oui, c'est vraiment spectaculaire et très proche, au moins visuellement, en terme de phénomènes observés (et la manière dont chaque séquence paroxysmale se déroule, en 3 actes: montée en puissance-paroxysme-arrêt brutal) de ce qui s'est passé en 2000 (64 paroxysmes sur l'année sur le Cône Sud-Est).
      Alors c'est vrai que ça peut faire penser au geyser, mais c'est la rythmicité qui donne cette impression. D'ailleurs, sur le principe, le premier modèle (Collapsing Foam ou "effondrement de mousse") élaboré ans les années 90 pour expliquer les fontaines de lave en général, ressemble un peu (le "un peu" est important) à ce qui se passe pour un geyser : une phase gaz (des bulles) s'accumule sous une interface rocheuse (un toit de chambre par exemple) et au bout d'un moment les bulles coalescent et n'en forment plus qu'une qui remonte rapidement en poussant tout ce qu'il y a au-dessus. Le geyser fonctionne un peu comme ça et on peut effectuer une sorte de rapprochement entre les deux.
      Un autre modèle, dit RSD (Rise Speed Dependant ("qui dépend de la vitesse d'ascension") a été développé au début des années 2000. Sur le principe, c'est assez simple (mais toujours complexe dans la réalité) : un magma neuf, riche en gaz remonte. Au cours de sa remontée, la pression diminue et le nombre de bulles augmente; comme elles sont moins denses que la roche en fusion, plus elles sont nombreuses plus elles "poussent" la colonne de magma vers le haut, ce qui forme encore plus de bulles etc. La colonne de magma monte donc de plus en plus vite vers la surface et est éjectée avec violence : c'est la fontaine de lave. Là pour le coup, cette sorte d'emballement ressemble un peu (là encore le "un peu" n'est pas là pour rien) à ce qui s'est passé au lac Nyos par exemple, avec la colonne d'eau riche en CO2 qui remonte de plus en plus vite au fur et à mesure que les bulles font leur apparition puis l’expulsion violente en surface.
      Pour les paroxysmes de l'an 2000 c'est un modèle Collapsing Foam (CF) un peu adapté qui permet d'expliquer assez bien un certain nombre de données. "Un peu adapté" parce qu'au fond le premier modèle CF était relativement passif : une masse de magma, statique mais contenant du gaz, formait des bulles, qui se regroupaient etc...
      Pour expliquer la violence et le nombre important de paroxysmes en 2000, il a fallu la remontée d'un magma tout neuf très riche en gaz , qui est venu se mélanger progressivement à un magma un peu plus ancien sous le Cône Sud-Est. Et la formation de bulles a ainsi été nettement augmentée, ce qui a provoqué le phénomène de CF régulièrement (parfois il n'y a eu que 3 heures entre 2 paroxysmes!!!).
      Pour faire maintenant plus synthétique:
      - je ne sais pas si la situation est la même qu'en 2000, mais l'INGV a tout de même noté la présence d'un magma très primitif, comme ce qui s'était passé à l'époque . C'est le signe d'une arrivée de magma tout neuf, riche en gaz.
      - le système ne fonctionne pas comme un geyser , c'est un peu plus complexe, mais disons que, pour une première approche, l'image d'un geyser pourrait être la moins pire à condition que les fontaines de cette séquence résultent bien d'un phénomène CF. Si c'est un autre mécanisme qui produit les fontaines actuelles, l'image "geyser"...tombe à l'eau.
      Bonne journée :)
      CV

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  15. Merci pour ces magnifiques images ... la toyota de M Mamino est effectivement bien rayée ... mais il a tout de même bien de la chance de pouvoir approcher d'aussi près les coulées de lave ! vinhof

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    1. Maintenant Mr mammino est sicilien et guide mais ce n'est pas toujours facile

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  16. Visiblement 11 e paroxysme ce soir mais juste coulée de lave......

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  17. J'ai l'impression que c'est devenu un peu plus violent a cette heure ci. la suite cette nuit ...?

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  18. J'ai suivi de prés le 12e paroxysme et observé deux, voire trois panaches ! Le premier le plus haut semble composé de vapeur d'eau vu la couleur des condensations en altitude. Le second moins haut plus classique, de la cendre. Mais j'en ai vu un troisième plus bas qui ressemblait à une brume blanc-bleue et dont l'altitude devait etre à 4000/5000 m. Quelle peut etre sa nature ? J'ai pensé à du SO2. Je suis chimiste mais un peu sec sur le sujet.

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  19. Pardon CV, mais je me permet une esquisse de réponse à André Lespes. Etant sur place la semaine dernière, le paroxysme du 4 mars au matin, au niveau du cône SE, présentait en effet également des panaches de deux couleurs différentes : brun, générées par les bombes qui retombaient par milliers sur les flancs du cône et soulevaient tout simplement de la poussière altérée et brune ; et, effectivement un panache/brume blanc bleue coulant/rasant le long des flancs du cône et généré au niveau des endroits les plus arrosés par les bombes, si nombreuses qu'elles déclenchaient de courtes "coulées de lave", appelées si je ne m'abuse des pseudo coulées de lave. Cela correspond-il la question que vous vous posez. Patrick BAROIS

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  20. Bonjour CV. le second évent explosif dans l'échancrure du cône SE était déjà présent et pour le première fois lors du paroxysme du 4 mars.

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  21. 13 e paroxysme dans la nuit du 14 au 15. Et je suis entièrement d'accord avec Mr barois second évent était déjà présent

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  22. Bonjour CV. Sur le live filmé par LocalTeam dont voici le lien https://www.youtube.com/watch?v=J5-gP40D-Zk à 5h08m45s on peut voir "l'écoulement pyroclastique" qui s'est produit lors du 16ème paroxysme sous une autre angle. L'image est moins saturée mais malheureusement le caméraman dézoome juste à ce moment là et le nuage de cendre généré par l'écoulement masque en grande partie ce qui ce passe.

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    1. Bonjour Nico Melni. Non mais franchement pourquoi cadrer une statue en plein milieu du champ... La personne qui film a clairement vu partir l'écoulement et a dézommé pour tenter de l'avoir en entier mais c'est sûr que la statue aide pas. Le démarrage de l'écoulement continue de me fasciner : ça ressemble à une coulée de saptter, un tas de fragments chauds plus ou moins soudés qui commence à se déplacer en masse puis par en poussière incandescente. JE sais pas si c'est ça, mais c'est spectaculaire! Merci pour le lien!
      cv

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