Si vous me suivez sur twitter vous savez déjà qu'un nouveau pic d'activité s'est produit le 08 janvier 2019* sur la l'île-volcan Papoue de Manam. C'est le quatrième du genre depuis août 2018 et le précédent s'était déroulé en décembre dernier. L'édifice étant isolé et peu étudié, l'origine, la mécanique de ces paroxysmes à répétition n'est pas connue mais n'est pas unique: la situation ressemble globalement, vue de l'extérieur,à celle du Fuego (Guatemala) ces dernières années.
Il faut noter par exemple que, comme au Fuego par ailleurs, l'activité éruptive ne cesse pas entre les paroxysmes. Elle se poursuit, à priori sur deux évents principaux situés au sommet, c'est en tout cas ce que l'on peut supposer des données satellites.Une activité éruptive permanente se maintient sur deux sites au sommet du Manam entre les pics d'activité.Image: SENTINEL2-ESA/Copernicus |
Mais que dire du pic d'activité du 08 janvier ? Malheureusement pas grand chose car pour l'heure je n'ai pas trouvé d'image faites depuis le sol qui permette de s'en faire une idée très précise. Restent les données indirectes, satellites pour la plupart.
Le VAAC de Darwin a, par exemple, repéré sur les images du satellite Himawari 8 le panache de cendres produit par le paroxysme, et son altitude maximale a pu être évaluée à environ 15 000 m, ce qui en fait un panache tout à fait similaire en importance à ceux produits par les paroxysmes précédents. Au cours des heures suivantes, les cendres se sont baladées plutôt vers 10 000 m d'altitude. Et le VAAC a évidemment placé le niveau d'alerte aviation au rouge afin que les couloirs aériens puissent être ajustés en fonction de la direction de dispersion du panache.
Le panache se distingue sur les données de certains satellites. Image: Himawari 8 |
Le pic d'activité a pu être repéré grâce au SO2 en grande concentration dans le panache. Image: SENTINEL5-Tropomi/ESA-Copernicus |
En plus des cendres et du SO2 en forte concentration, une signal thermique intense a aussi pu être repéré au cours des heures qui ont suivi la crise: peut-être était-il produit par des fontaines de lave et/ou des coulées de lave, mais pour l'heure la ou les sources de ce signal n'ont pas été identifiés avec clarté.
Il est nécessaire je pense de préciser qu'au total, la forte émission de cendres aura duré entre 1 et 2 heures, ce qui reste (heureusement pour les insulaires) assez court. La presse Papou n'a pas (à ma connaissance) transmis d'images (il faisait nuit au moment du pic, il faut dire) mais a précisé que les habitants de plusieurs villages (Warisi, Bokure, Abaria et Gulei pour reprendre l'article) avaient été évacués dans des zones prévues à cet effet, ce qui suggère qu'il y a maintenant une préparation des habitants aux évacuations. L'article fait aussi mention d'une coulée de lave "dans le secteur habituel", que je suppose donc être la ravine nord-est, affectée lors des pics précédents.
Mise à jour, 11 janvier, 07h28
Je fais une rapide mise à jour car la source du signa thermique intense repéré par le MIROVA a pu être identifiée: il s'agit bien d'une nouveau champ de coulées de lave. Comme les témoins oculaires l'ont décrit dans la presse Papoue, ce champ de lave s'est bien mis en place dans la ravine empruntée par les coulées précédentes, à savoir la nord-est.
Le champs de coulées se voit mieux grâce aux infrarouges qu'il émet. LE front est proche de la ôte mais la lave ne semble pas avoir atteint l'eau. Image: SENTINEL2-ESA/Copernicus |
Sources: SENTINEL 5/Tropomi-ESA/Copernicus; MIROVA; Himawari 8; VAAC de Darwin; SENTINEL 2/ESA-Copernicus
*heure locale car en Temps Universel, c'était au soir du 07 janvier, vers 21h00.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire