Ce n'est pas un événement très fréquent mais ce n'est pas non plus une situation inhabituelle: la zone volcanique appelée "Plateau de Dieng" a connu à plusieurs reprises ces dernières années une situation similaire: une brusque libération de vapeur d'eau, activité explosive souvent décrite comme "phréatique", mais qui semble plutôt n'être qu'hydrothermale.
En ce qui concerne l'événement d'aujourd'hui, il s'agit donc d'une explosion qui a eu lieu à 13h42 (heure locale) a projeté une masse de boue jusqu’à 150 m de hauteur. En retombant, la boue a impacté une zone large de 50 m au nord et à l'ouest, et jusqu'à 200 m au sud, mais les autorités ont tout de suite annoncé qu'aucun gaz dangereux n'avait été détecté suite à l'explosion: ni CO2, ni composés soufrés (H2S et SO2 notamment).
En effet lorsque ce type d'explosion se produit la première crainte, outre les victimes directes dues aux retombées de boue et de blocs, est le risque d'asphyxie à cause des masses de CO2 qui peuvent parfois être libérées et qui, plus denses que l'air, coulent, invisibles et inodores, sur le sol, privant d'oxygène tous les êtres vivants qui s'y trouvent "noyés". C'est ce qui avait causé la mort de 142 personnes en février 1979, sur la plateau de Dieng justement.
La source de cette explosion de vapeur d'eau et de boue est le cratère Sileri, qui avait déjà été le point d'émission de la précédente activité de ce type, en juillet 2017. Mais cette fois, aucune victime ni blessé n'est heureusement à déplorer: les conditions météo étant assez défavorables, le nombre de touristes sur la zone était plutôt faible d'après la presse Indonésienne.
Alors pourquoi parle-je d'activité "hydrothermale" plutôt que "phréatique", distinction que je fais depuis maintenant 2-3 ans?
Les explosions hydrothermales se produisent brusquement avec peu ou pas de signes précurseurs et sont dues au fait que des eaux souterraines surchauffées se transforment brusquement en vapeur. Cette transformation (changement d'état, dans le jargon) peut être due:
- au fait que la T° de l'eau est progressivement devenue trop importante
- au fait que les roches qui entourent les nappes d'eau surchauffées deviennent progressivement plus fragiles et se rompent, ce qui fait baisser la pression et provoque l'évaporation.
Dans ce type de situation, le magma qui fournit la chaleur au système hydrothermal ne subit aucun changement: il ne se déplace pas, ne fait rien de particulier et se contente de libérer sa chaleur. Une activité hydrothermale n'est donc pas un signe précurseur potentiel d'une éruption à venir, mais plutôt un accident de parcours. C'est ce qui rend le phénomène d'autant plus dangereux, comme l'a malheureusement illustré l'explosion de l 'Ontake (Japon) en 2014, et peut-être celle du Kusatsu-Shirane (Japon) en janvier dernier (la caractère hydrothermal ou phréatique reste à trancher).
Généralement les explosions hydrothermales sont brèves, et le nombre d'explosions est très restreint, ce qui est le signe d'une quantité d'énergie libérée faible (et c'est ce qui me fait dire que l'activité du Kusatsu-Shirane est hydrothermale, mais bon mieux vaut que les experts sur place étudient tout ça dans le détail pour donner leur avis, qui sera plus pertinent que le mien).
Les explosions phréatiques ressemblent superficiellement aux hydrothermales mais sont souvent dues à une augmentation de la température de l'eau souterraine via une injection de magma neuf (mis en place d'un dyke plus près de la surface par exemple). L'activité phréatique a donc plus d'énergie, ce qui peut se traduire par:
- des explosions plus fortes, et/ou
- une activité explosive qui dure plus longtemps (jours, semaines etc). L'exemple historique de ce type d'activité, pour la France, fut la fameuse crise de la Soufrière, en 1976. Plus fameuse aujourd'hui pour la polémique qui s'est installée que pour l'activité elle-même.
Ce qu'il faut retenir de l 'activité phréatique c'est que le magma jour un rôle actif même si, in fine, il ne fait pas obligatoirement éruption. Une activité phréatique peut donc être signe précurseur d'une activité éruptive magmatique!
Voilà pourquoi la distinction entre les deux type d'activité est importante.
Source: BNPB; Presse Indonésienne
Les explosions hydrothermales se produisent brusquement avec peu ou pas de signes précurseurs et sont dues au fait que des eaux souterraines surchauffées se transforment brusquement en vapeur. Cette transformation (changement d'état, dans le jargon) peut être due:
- au fait que la T° de l'eau est progressivement devenue trop importante
- au fait que les roches qui entourent les nappes d'eau surchauffées deviennent progressivement plus fragiles et se rompent, ce qui fait baisser la pression et provoque l'évaporation.
Dans ce type de situation, le magma qui fournit la chaleur au système hydrothermal ne subit aucun changement: il ne se déplace pas, ne fait rien de particulier et se contente de libérer sa chaleur. Une activité hydrothermale n'est donc pas un signe précurseur potentiel d'une éruption à venir, mais plutôt un accident de parcours. C'est ce qui rend le phénomène d'autant plus dangereux, comme l'a malheureusement illustré l'explosion de l 'Ontake (Japon) en 2014, et peut-être celle du Kusatsu-Shirane (Japon) en janvier dernier (la caractère hydrothermal ou phréatique reste à trancher).
Généralement les explosions hydrothermales sont brèves, et le nombre d'explosions est très restreint, ce qui est le signe d'une quantité d'énergie libérée faible (et c'est ce qui me fait dire que l'activité du Kusatsu-Shirane est hydrothermale, mais bon mieux vaut que les experts sur place étudient tout ça dans le détail pour donner leur avis, qui sera plus pertinent que le mien).
Les explosions phréatiques ressemblent superficiellement aux hydrothermales mais sont souvent dues à une augmentation de la température de l'eau souterraine via une injection de magma neuf (mis en place d'un dyke plus près de la surface par exemple). L'activité phréatique a donc plus d'énergie, ce qui peut se traduire par:
- des explosions plus fortes, et/ou
- une activité explosive qui dure plus longtemps (jours, semaines etc). L'exemple historique de ce type d'activité, pour la France, fut la fameuse crise de la Soufrière, en 1976. Plus fameuse aujourd'hui pour la polémique qui s'est installée que pour l'activité elle-même.
Ce qu'il faut retenir de l 'activité phréatique c'est que le magma jour un rôle actif même si, in fine, il ne fait pas obligatoirement éruption. Une activité phréatique peut donc être signe précurseur d'une activité éruptive magmatique!
Voilà pourquoi la distinction entre les deux type d'activité est importante.
Source: BNPB; Presse Indonésienne
Bonjour !
RépondreSupprimerMerci beaucoup encore pour ces superbes articles, que je prends plaisir à lire.
Et merci aussi pour ces rappels réguliers sur l'utilisation de certains termes ou autres !
Là j'avais effectivement du mal à faire la distinction entre l'activité hydrothermale et phréatique, maintenant tout est clair comme de l'eau de roche !