Un point sur l'activité des volcans Colima, Popocatepetl et Langila

Colima, Mexique, 3850 m

L'activité éruptive se poursuit sur le Colima mais change de style. Depuis le post précédent, qui décrivait une activité largement dominée par une effusion (coulée) de lave visqueuse, les explosions, qui restaient plutôt à la marge, prennent de l'ampleur.
L'effusion n'est pas tout à fait à l'arrêt, puisque l'on peut voir sur les images de la webcam de petites avalanches de blocs encore aujourd'hui. Toutefois, depuis (environ) le 05 décembre, elle connait un net affaiblissement. Parallèlement l'activité explosive reprend du poil de la bête: toujours timide début décembre avec juste quelques petites bouffées cendreuses, elle s'accentue jour après jour pour donner de véritables explosions avec projections de blocs, qui roulent parfois jusqu'en bas du stratocône, et formation de jolis panache de cendres, bien denses. Elles sont plutôt fréquentes, souvent "modérées ++". Parfois, depuis le 13 décembre, on peut noter de courts écoulements pyroclastiques sur le versant est.

Un beau panache en fin de journée, le 10 décembre. Image: webcamdemexico.com/Retuit

Explosion accompagnée d'un petit écoulement pyroclastique,  le 13 décembre. Image: webcamdemexico.com/Retuit

Difficile de dire ce qui provoque ce changement de style éruptif. Il peut s'agir de l'arrivée d'un magma moins fluide, qui laisse moins s'échapper le gaz, ou d'un magma un peu plus riche en gaz, ou encore de phénomènes internes à la colonne de magma comme la mise en place de frictions contre la paroi.

Quoi qu'il en soit l'activité, bien qu'elle soit maintenant essentiellement explosive ne génère pas de risques directs pour le moment car elle reste modérée et ne produit pas d'écoulements pyroclastiques. La mise en place de coulées de boue reste à surveiller par temps de pluie.

Belle explosion dans la nuit du 12 au 13 décembre 2016. Image: webcamdemexico.com/Retuit

Source: webcamdemexico.com

Langila, Papouasie Nouvelle-Guinée, 1330 m

Depuis mon précédent post, début novembre, la situation n'a pas vraiment changé. Le VAAC de Darwin a continué d'émettre des bulletins indiquant la présence de cendres dans l'atmosphère en provenance du Langila, à une altitude généralement faible. Toutefois, cela n'indique pas vraiment comment se déroule l'activité: s'agit-il d'émissions de cendres plus ou continues, comme ce qu'il se passe au Dukono par exemple, ou plutôt des explosions faibles à modérées, et bien séparées, un peu comme ce qu'il se passe au Sabancaya en gros.

Une image réalisée le 05 décembre par le satellite Sentinel 2 permet de constater qu'il y a bien une activité explosive en cours sur cet édifice et que les explosions sont bien séparées. Sur cette image, dite en "vraies couleurs", on peut en effet voir clairement un panache de cendres s’élever au-dessus d'une couche de nuages à basse altitude (entre 600 et 1000 m environ, estimation personnelle basée sur la position des ombres portées). Or les bulletins du VAAC de Darwin estiment la hauteur atteinte par les cendres entre 2 et 3000m, ce qui est cohérent avec ce que l'on voit sur l'image.

Un panache de cendres en formation succède à son prédécesseur, en dispersion. Image: Sentinel 2-ESA/Copernicus

D'après la position du panache, il est très possible que ce soit le cratère 1 qui en soit la  source (je le précise car, historiquement, deux cratères différents ont été le siège d'activité éruptive). Il semble que cette activité soit constante, quotidienne.

Sources: VAAC de Darwin; Sentinel 2/ESA-Copernicus

Popocatepetl, Mexique, 5426 m

Suite à la crise qui s'est déroulée depuis fin novembre, l'activité du Popocatepetl est revenue à quelque chose de plus habituel, mise à part un pic important de trémor le 06 décembre, d'une durée de 20 heures environ. Le sommet continue de briller la nuit en raison de l'activité qui se déroule dans le cratère mais les explosions sont maintenant peu fréquentes et généralement modestes. Un survol effectué le 12 décembre par le CENAPRED, appuyé par la police fédérale, a permis de constater la présence dans le cratère d'un nouveau dôme de lave, une galette très aplatie (comme une tortilla Espagnole) qui remplit le cratère intérieur. Le CENAPRED estime le début de sa croissance fin novembre, après l'explosion du 25, et il atteint actuellement un volume estimé à 3 millions de m3.

Le nouveau dôme de lave du Popocatepetl. Image: CENAPRED/SEGOB

Il faut noter que la formation de ce type de dôme très aplati est courant au Popocatepetl depuis le milieu des années 90: celui-ci est le numéro 71 depuis que le comptage a commencé en 1996. Le plus volumineux s'est formé en 2000 (plus de 15 millions de m3). Généralement ces dômes sont détruits par des phases éruptives plus explosives: nous verrons donc si celui-ci déroge ou non à la règle.

Sources: J-L Rendòn, que je remercie, CENAPRED