Un point sur l'activité du volcan Karangetang (Api Siau)

Après la crise qui avait secoué l'île en mai-juin, le volcan était retourné à une activité plus calme, bien qu'il n'ait visiblement pas cessé d'être en éruption.

Les phénomènes (aléas)

Après la crise il semble qu'une activité strombolienne, faible à modérée avec des projections ne dépassant pas quelques dizaines de mètres de hauteur, se soit poursuivie. Lors d'un point fait par le PVMB fin juillet, une coulée de lave était présente au sommet, longue de 150m environ et donc

faiblement alimentée. Elle était déjà présente fin juin, mais longue de 250 m: l'effusion semble avoir très progressivement décliné au cours du mois de juillet. A partir de cette courte coulée, instable dans la forte pente du versant sud, des éboulements ont régulièrement produit des avalanches de blocs incandescents.

L'organisme en charge de la gestion des risques indique toutefois que la tendance semble s'inverser depuis quelques jours: l'activité montre à nouveau des signes d'une intensification. L'article dans lequel cette déclaration est faite ne donne malheureusement pas de détails mais les données satellites semblent la corroborer.

Tout d'abords le MIROVA relève depuis plusieurs jours déjà une hausse de la fréquence et de l'intensité des signaux thermiques produits par le volcan, alors que ces données ont montré une certaine stabilité tout au long du mois de juillet. Cela peut être la signature d'une quantité plus importante de lave émise. Classiquement sur cet édifice la lave sort au sommet, rempli le cratère sommital pour former une galette, souvent décrit comme un dôme (dôme surbaissé) qui déborde pour former les coulées de lave.

Évolution de la "signature thermique" du volcan Karangetang en août 2015. Image : MIROVA

Cette émission de radiations thermiques (chaleur) devient même visible sur les compositions colorées produites par le MODIS à partir des données que ses capteurs récoltent. Grâce à une météo favorable, ce signal était bien visible ce matin.

La zone à haute température est visible en rouge sur cette composition colorée (image satellite) produite parle MODIS aujourd'hui. Image : MODIS/NASA

Pour le moment cette activité éruptive semble rester plutôt modérée mais le fait qu'elle s'accentue  pourrait indiquer l'arrivée prochaine d'une nouvelle phase importante.

Les conséquences

Pour le moment il n'y a pas de conséquences particulières en lien direct avec cette nouvelle hausse d' activité. Les personnes qui vivent sur l'île ont, pour le plupart, retrouvé un quotidien ordinaire à proximité des avalanches incandescentes. L'agence pour la gestion des risques reconnait toutefois que la situation est relativement critique sur le moyen-long terme pour quelques 300 familles qui se trouvent dans des zones particulièrement exposées, et dont l'évacuation et la relocalisation dans une zone moins dangereuse serait très couteuse. L'île elle-même, de petite taille, serait très difficile à évacuer, puisque le trajet jusqu'à Manado, capitale des Moluques de Sulawesi Nord, est à environ 7 heures de bateau.

Les risques sont pourtant multiples: en plus de très grosses avalanches de blocs, les deux phénomènes principalement redoutés sont les écoulements pyroclastiques et les coulées de boues, qui peuvent atteindre rapidement des zones habitées.

Une situation à suivre donc.

Sources : Presse indonésienne; MODIS; MIROVA