C'est l'époque des éruptions de volcans-boucliers: après le Piton de la Fournaise, c'est dans les Galapagos que se réveille un édifice, à savoir le Wolf (de Theodor Wolf, naturaliste allemand de la fin du 19ème siècle qui étudiait les Galapagos). Il constitue la pointe nord de l'île d'Isabela (celle qui a une forme d'hippocampe, le Wolf constitue la tête) et le point culminant de tout l'archipel avec ses 1710 m d'altitude.
L'IGEPN, dans un rapport spécial indique avoir enregistré une sismicité anormale à partir de 00h50 (heure locale, ajouter 10 heure pour l'heure Française) puis un signal produit par une forte explosion à
01h58 (heure locale). La VAAC de Washington indique avoir repéré, à partir de 02h57 (heure locale) un panache a environ 10 km d'altitude puis, à plus de 15 km 2 heures plus tard. Le SO2 libéré par cette activité explosive se manifeste par une très importante anomalie sur les données de l'instrument GOME-2, embarqué sur le MetOp.Forte concentration en SO2 sur les Galapagos, détectée depuis l’espace. Image : SACS |
Cette éruption, bien qu'elle est commencé par une activité explosive dont les modalités restent à définir, se poursuit tout le long d'une fissure éruptive, longue d'environ 1 km, ouverte le long de la lèvre sud-sud-est. S'en échappent plusieurs coulées qui, très bien alimentées, descendent rapidement vers les eaux du Pacifique: au levé du jour, le front le plus avancé se trouvait déjà à environ 5 km de la fissure et donc a environ 4 km de la côte! Le tout surmonté d'une immense panache de gaz, qui rend la scène tout à fait spectaculaire.
La fissure éruptive et son champ de coulées. Image : Diego Paredes naturaliste, via le Parc Naturel des Galapagos |
Côté risque: pas grand chose à craindre visiblement pour les humains. Par contre il semble que l'édifice possède les seuls représentant d'un iguane rose, genre unique, qui se distingue génétiquement des autre espèces d'iguanes de l'archipel.
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La dernière éruption sur ce volcan remonte à 1982.
Mise à jour, 26 mai, 08h15
Il semble que l'éruption a diminué d’intensité dans les heures qui ont suivi son départ et, pour le moment, je ne parviens pas à trouver de détails concernant cette évolution. Les coulées ne sont, en tout cas, pas parvenue jusqu'à la côte d'après les observations réalisées en cours de journée par des techniciens du parc national, lors d'un survol de contrôle.
Les autorités ont tenté d'évaluer la situation tant pour les espèces endémiques, dont les iguanes rose qui ne sont absolument pas mis en danger par cette éruption, mais aussi pour les résidents et les touristes. C'est en particulier l'impact des panaches de gaz et d'éventuelles retombées de cendres qui font l'objet d'une attention particulière, mais aussi la manière dont le tourisme pourrait bénéficier de cette éruption.
Un léger panache bleuté marque la présence d'une coulée active sur cette image prise lors du survol de contrôle du 25 mai. Image : Parc National des Galapagos |
Concernant un aspect un peu plus technique du volcan lui-même: dans sa thèse, soutenue en 2014, M.Bagnardi indique qu'entre 1992 et 2008-2009 le volcan a connu une lente inflation du sommet du volcan, assez constante. Ce qui l'a finalement amené à se soulever, sur la totalité de la période, de 59 cm, en particulier la zone centrale de la caldera. Cela a été interprété comme le résultat d'une recharge de la chambre magmatique superficielle qui, selon les modèles, se trouve entre 1500 et 2000m de profondeur sous la caldera (soit à peu près au niveau de l'océan Pacifique): l'éruption pourrait être l'expression en surface de cette recharge qui s'est étalée sur presque deux décennies. A partir de ces mesures de déformation, réalisées grâce à la technique de l'interférométrie radar*, M.Bargnardi a estimé à 0.005 km3 le volume de magma qui est arrivé sous la caldera.
* pour faire très simple et très très court: les ondes radar sont envoyées depuis l'espace vers le sol, qui le renvoie comme un écho: cela permet de mesurer une distance. Une même zone scannée à deux moment différents va montrer un écho différent (une distance différente) si il y a eu déformation entre les deux scans: il "suffit" (ce n'est pas hyper simple non plus) de comparer les deux pour avoir une estimation des déformation, et de leur localisation.
Sources: Parc National des Galapagos; IGEPN; Shérine France; SACS; VAAC de Washington
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RépondreSupprimerVous mettez un diablotin en premier plan de la dernière image et on se croirait en enfer.Images très belles par ailleurs,chapeau.
RépondreSupprimerBonjour. Je crois que c'est celle qui m'impressionne le plus en effet: ce n'est pas très fréquent de voir s'élever un tel rideau de lave. Sa position dominante, sur la lèvre de la caldera (ou à proximité), les multiples coulées abondamment alimentées qui serpentent dans la nuit, le panache de gaz éclairé par l'éruption, cette bande de nuages qui zèbre l'image et lui donne une profondeur de champ bienvenue . Vraiment, je trouve l'ambiance de cette photo prenante: l'auteur était là au bon moment, et c'est tant mieux pour nous tous!
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