Et cette fois pas le moindre doute car l'activité a débuté juste après minuit (heure locale) et l'activité est devenue visible sur les images des webcams installées depuis le début de la crise sismique. Le niveau d'alerte est donc passé au rouge pour le volcan Bardarbunga.
Niveau d'alerte volcanique passé au rouge pour le Bardarbunga, maintenu au jaune pour l'Askja. Image: IMO |
Le point d'émission a pris la forme d'une fracture effusive sur laquelle quelques fontaines et des
coulées ont commencé à se mettre en place. Longue d'une centaine de mètres d'après les estimations, la taille de cette fissure a évolué au fur et à mesure des rapport pour passer à 400 m, jusqu'à 1 km de long. Cela ne traduit pas particulièrement des difficultés à estimer la taille de la fissure mais plutôt qu'elle s'est progressivement ouverte, élargie. Pour voir un time-lapse de cette activité, suivre ce lien.
coulées ont commencé à se mettre en place. Longue d'une centaine de mètres d'après les estimations, la taille de cette fissure a évolué au fur et à mesure des rapport pour passer à 400 m, jusqu'à 1 km de long. Cela ne traduit pas particulièrement des difficultés à estimer la taille de la fissure mais plutôt qu'elle s'est progressivement ouverte, élargie. Pour voir un time-lapse de cette activité, suivre ce lien.
La localisation, plutôt logique, se trouve dans la plaine d'Holuhraun, où le dyke avait stoppé sa progression vers le nord depuis le 25 août, à environ 10 km du front du glacier Dyngjujökull
Eruption fissurale en cours dans la plaine Holuhraun. Image: Mila. |
L'activité a pris de l'ampleur durant les deux premières heures mais a commencé à décliner vers 02h40 du matin (heure locale) d'après l'IMO, qui a constaté une diminution du trémor notamment.
Elle semble se poursuivre au ralenti d'après les images prisent ce matin par les webcams, qui montrent toujours un panache de gaz au niveau de la fissure...à moins qu'il n'y ait déjà plus que du gaz qui s'échappe.
Les gaz s'échappent toujours de la zone éruptive ce matin. Image: Mila |
Par précaution, et bien qu'aucun panache de cendres n'ai été émis par cette activité pour le moment, l'espace arien a été restreint au dessus de l'Islande. D'abord une vaste zone, ce qui est logique quand une éruption démarre et qu'on ne sait pas comment elle va évoluer, puis plus réduite à partir du moment où les spécialistes constatent que l'activité a plutôt tendance à décliner.
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Plusieurs choses me semblent interessante par rapport à cette situation. En effet l'activité sismique est intense et continue depuis le 16 août. Elle accompagne la mise en place d'un dyke long de 40 km, plein de plus de 350 millions de m3 de magma...et une éruption minuscule se produit au bout du dyke. Surprenant contraste qui permet de soulever trois points:
1-: la contrainte verticale qui empêche le dyke de remonter vers la surface depuis le départ de la crise doit vraiment être importante par rapport à la force que peut produire le dyke, comme une sorte de plafond très solide et difficile à franchir. S'il avait franchement rompu cette contrainte, cette sorte de verrou qui le maintient sous la surface, ce n'est pas pas une modeste éruption qui aurait démarré vu la quantité de magma drainé par le dyke.
2- pourquoi cette éruption, qui a donc plus l'air d'une fuite accidentelle du dyke qu'autre chose pour le moment, a démarré maintenant, à un moment où le dyke stagne sous la plaine d'Holuhraun? Un indice interessant a été constaté par un membre du Géoforum hier qui l'exprime ainsi: "'impression que le Dyke reflue vers le Sud Ouest à ses positions de départ". C'est vrai qu'hier la sismicité a commencé à redevenir intense en amont du front du dyke. Plutôt que de poursuivre vers le nord, elle a commencé à revenir verts le sud! Ce n'est pas le dyke qui fait demi-tour, mais plutôt le fait que, puisque le front du dyke est coincé par un obstacle, le magma qui arrive depuis la source s'accumule à l'arrière et y refait craquer la croûte. C'est peut-être cette accumulation de magma depuis 3 jours qui a provoqué cette éruption au front du dyke.
3- Si cette éruption s'arrête rapidement (ce qui est peut-être déjà le cas mais des observations seront faites aujourd'hui) cela rend d'autant plus crédible, et probable, le fait qu'au moins une autre fuite ait pu avoir lieu, sous le glacier Vatnajökull. Souvenez-vous qu'une possible petite éruption avait été évoquée le 23 août dernier, et avait poussé les autorités à élever le niveau d'alerte au rouge une première fois. Concrètement nous ne saurons jamais si une éruption avait démarré sous la glace ce jour-là, mais l'éruption actuelle, faible, confirme que ce n'est pas impossible.
4- l'éruption actuelle n'est pas sous-glaciaire: il n'y a donc pas de risque de Jokulhaup pour le moment. Une zone d'interdiction d'accès, haute de 1500m et d'un diamètre de 15 km environ, a tout de même été mise en place autour de la zone éruptive.
Mise à jour, 20h52
De retour de travail je peux faire une petite mise à jour des éléments de la journée qui me semblent importants.
Tout d'abord le fait que l'éruption n'a en effet duré que très très peu de temps. Le rapport mis en ligne en court de journée par l'IMO indique en effet qu'elle a culminé entre 00h40 et 01h00 du matin (heure locale) pour ensuite décliner. A 04h00 du matin, les coulées, très courtes, n'étaient plus alimentées.
L'éruption s'est bel et bien déroulée sur une zone déjà fracturée de la plaine de Holuhraun. De fait, puisque l'éruption ne s'est pas poursuivie, le niveau d'alerte volcanique a été ramené à l'orange et les restrictions de survol de l'Islande levées par la protection civile.
Le plus incroyable probablement c'est que le site de l'éruption est une fissure éruptive qui a fonctionné en 1797 et qui avait laissé s'échapper à l'époque des laves qui portent la "signature géochimique" de l'Askja. Cette fissure éruptive, marquée par la présence de nombreux cônes alignés, est bien visible sur Google Earth.
Donc, pour résumer, les coulées de ce matin ont été émises exactement au même endroit que des coulées qui datent d'il y a presque 220 ans mais qui, elles, avaient été émises par un autre volcan. Deux sites éruptifs identiques pour deux volcans différents....une situation à ma connaissance inédite. Tellement incroyable que ça me laisse perplexe et que j'ai vraiment hâte de voir les résultats d'analyse des échantillons récoltés aujourd'hui par les volcanologues.
Ensuite le fait que la sismicité a connu une légère baisse à partir du moment où l'éruption a débuté mais l'IMO indique qu'elle redevenue similaire à ce qu'elle a été depuis le 16 août.
Sources: IMO; Mila; Visir; Morgubladid;Géoforum; Protection Civile Islandaise.
1-: la contrainte verticale qui empêche le dyke de remonter vers la surface depuis le départ de la crise doit vraiment être importante par rapport à la force que peut produire le dyke, comme une sorte de plafond très solide et difficile à franchir. S'il avait franchement rompu cette contrainte, cette sorte de verrou qui le maintient sous la surface, ce n'est pas pas une modeste éruption qui aurait démarré vu la quantité de magma drainé par le dyke.
2- pourquoi cette éruption, qui a donc plus l'air d'une fuite accidentelle du dyke qu'autre chose pour le moment, a démarré maintenant, à un moment où le dyke stagne sous la plaine d'Holuhraun? Un indice interessant a été constaté par un membre du Géoforum hier qui l'exprime ainsi: "'impression que le Dyke reflue vers le Sud Ouest à ses positions de départ". C'est vrai qu'hier la sismicité a commencé à redevenir intense en amont du front du dyke. Plutôt que de poursuivre vers le nord, elle a commencé à revenir verts le sud! Ce n'est pas le dyke qui fait demi-tour, mais plutôt le fait que, puisque le front du dyke est coincé par un obstacle, le magma qui arrive depuis la source s'accumule à l'arrière et y refait craquer la croûte. C'est peut-être cette accumulation de magma depuis 3 jours qui a provoqué cette éruption au front du dyke.
3- Si cette éruption s'arrête rapidement (ce qui est peut-être déjà le cas mais des observations seront faites aujourd'hui) cela rend d'autant plus crédible, et probable, le fait qu'au moins une autre fuite ait pu avoir lieu, sous le glacier Vatnajökull. Souvenez-vous qu'une possible petite éruption avait été évoquée le 23 août dernier, et avait poussé les autorités à élever le niveau d'alerte au rouge une première fois. Concrètement nous ne saurons jamais si une éruption avait démarré sous la glace ce jour-là, mais l'éruption actuelle, faible, confirme que ce n'est pas impossible.
4- l'éruption actuelle n'est pas sous-glaciaire: il n'y a donc pas de risque de Jokulhaup pour le moment. Une zone d'interdiction d'accès, haute de 1500m et d'un diamètre de 15 km environ, a tout de même été mise en place autour de la zone éruptive.
Mise à jour, 20h52
De retour de travail je peux faire une petite mise à jour des éléments de la journée qui me semblent importants.
Tout d'abord le fait que l'éruption n'a en effet duré que très très peu de temps. Le rapport mis en ligne en court de journée par l'IMO indique en effet qu'elle a culminé entre 00h40 et 01h00 du matin (heure locale) pour ensuite décliner. A 04h00 du matin, les coulées, très courtes, n'étaient plus alimentées.
L'éruption s'est bel et bien déroulée sur une zone déjà fracturée de la plaine de Holuhraun. De fait, puisque l'éruption ne s'est pas poursuivie, le niveau d'alerte volcanique a été ramené à l'orange et les restrictions de survol de l'Islande levées par la protection civile.
Le plus incroyable probablement c'est que le site de l'éruption est une fissure éruptive qui a fonctionné en 1797 et qui avait laissé s'échapper à l'époque des laves qui portent la "signature géochimique" de l'Askja. Cette fissure éruptive, marquée par la présence de nombreux cônes alignés, est bien visible sur Google Earth.
Donc, pour résumer, les coulées de ce matin ont été émises exactement au même endroit que des coulées qui datent d'il y a presque 220 ans mais qui, elles, avaient été émises par un autre volcan. Deux sites éruptifs identiques pour deux volcans différents....une situation à ma connaissance inédite. Tellement incroyable que ça me laisse perplexe et que j'ai vraiment hâte de voir les résultats d'analyse des échantillons récoltés aujourd'hui par les volcanologues.
L'éruption s'est produite sur une série de fissures déjà présentes depuis 1797. Images: Google Earth et Gardes-Côte |
Ensuite le fait que la sismicité a connu une légère baisse à partir du moment où l'éruption a débuté mais l'IMO indique qu'elle redevenue similaire à ce qu'elle a été depuis le 16 août.
Sources: IMO; Mila; Visir; Morgubladid;Géoforum; Protection Civile Islandaise.
observar que la gran intrusión del magma, estima que contiene aprox. 350 millones de metros cúbicos de magma en una longitud de 40 kilometros sólo producen una pequeña erupción de fisura ESTAMOS ANTES DE UNA BIG ONE MULTIERUPCION??? KRAKATOA FUE 2/3 DE ESTE VOLUMEN Y LOS RESTOS DE CRISTOBAL EN CAMINO...ANALIZAR CIENTIFICAMENTE SIN ALARMISMOS...OK???
RépondreSupprimerBonjour C.V.J'ai pas compris ce que BOANERGES a écris.
RépondreSupprimerPour ma part, je pense que la situation va se calmer dans les prochaines semaines. Mais 350 millions de m3 doivent se stocker quelque part. Si la lave reste sous le Bardabunda on risque , comme vous avez dit un VEI 5 surtout s'il y a apport continuel de magma, ou alors celui-ci va s'épancher dans de nouvelles failles et les icelandais sont assis sur un chaudron.
Merci A+
J'avoue que je n'ai pas compris mais je pense qu'il (ou elle) a pensé que je versais dans le catastrophisme, ce qui est loin d'être le cas (je suis assez factuel en fait, et n'ait de préférence pour aucune hypothèse). Je met ça sur une erreur de traduction automatique, qui sont des outils très limités.
SupprimerPour moi impossible d'imaginer, d'anticiper ce qui va se passer. Je ne sais pas si le dyke va simplement rester coincé et refroidir sur place, ou si il va trouver une sortie et faire éruption. Je serais ravi quel que soit le scénario.
Par contre je n'ai jamais dit, ni même suggéré, qu'on risquait un VEI 5 dans la situation actuelle mais simplement rappelé que l'éruption de 1875 avait atteint cette magnitude. Je me suis donc mal exprimé et je m'en excuse. En 1875 l'activité qui a produit le VEI 5 s'est déroulée au niveau de l'actuel lac de l'Askja, pas sur le réseau de fissures associé. Il faudrait donc que le dyke passe sous le lac pour peut-être trouver une poche de rhyolites (en fait granite et microgranites puisqu'on parle de magma et pas de lave). Et on est encore loin d'une telle possibilité.
Je suis totalement contre annoncer qu'on "risque une éruption avec tel ou tel VEI". Cet indice se calcul à postériori d'une éruption et ça ne veut rien dire d'essayer d'anticiper la valeur de cet indice, alors qu'une éruption n'a même pas vraiment débuté. Mais pour bien analyser une situation éruptive et voir les divers scénarios envisageables il est important d'avoir une vision de l'historique éruptif de la zone concernée. Ma remarque concernant le VEI avait donc plus une vocation de "rappel du contexte historique" qu'une tentative d'anticipation de ce qui peut éventuellement arriver :-)
Ne pourrait-on imaginer, si la pression du magma continue d'augmenter exclusivement le long du dike, que celui-ci s'ouvre en une longue fissure éruptive comme lors de l'éruption historique du Laki? Ou le contexte était-il différent?
RépondreSupprimerOn peut simplement pas comparer les deux situations car il n'y a, pour l'éruption du Laki, aucune mesures de réalisées. Du coup on ne connait absolument pas les précurseurs géophysiques (sismicité à court/moyen/long terme, déformation) et/ou géochimiques (modification préalables de la composition des rivières par exemple? présence d'un dégazage préalable?) de cette éruption et, de facto, on ne peut pas la comparer à la situation actuelle. D'autant plus que ce n'est pas le même système volcanique qui est en jeu (Laki est une éruption du Grimsvötn, voisin du Bardarbunga mais bien plus actif que lui)
SupprimerOn peut donc tout imaginer mais une éruption de type Laki, qui ne peut être exclue dans l'absolu, n'est absolument pas pour l'heure dans le "top4" des possibilités pour les volcanologues en terme de probabilité :-).
Je voudrais m'excuser sur interprétation de ce que j'ai marqué.Je n'écrirais plus d'anerie de ce genre surtout que c'est moi qui ai mal LU.
RépondreSupprimerSelon le professeur Bob White dans une interview à la BBC, il précise que " les volcans sont difficilement prévisibles " et ajoute " le magma bouge en direction de l’Askja à environ 4 km. par jour, et il pourrait l’atteindre en quelques jours … nous savons qu’un énorme volume de roches en fusion est présente sous l’Askja, qui est un système volcanique majeur. Si ce magma rencontre ces roches en fusion, nous savons qu’il est possible de déclencher une éruption ".
Désolé encore
Je vous en prie: il n'y a pas de quoi s'excuser : -)
SupprimerLa situation est complexe, tenter de la simplifier et d'en rendre les principaux faits n'est pas évident et j'ai tout à fait conscience que transmettre une information via un texte est plus complexe et sujet à interprétation de la part du lectorat qu'une transmission verbale par exemple. Ce sont deux médiations différentes qui ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients.
Je pense qu'il faut juste garder en tête qu'en ce qui me concerne je n'ai jamais versé, et je ne verserais jamais, dans le catastrophisme: je suis quelqu'un de tout à fait factuel, déformation due à ma formation en sciences :-)
Merci en tout cas et très bonne journée à vous