Je vous avais déjà parlé en mars dernier de cette zone volcanique, qui marque la frontière entre Colombie et Equateur. Depuis le mois de novembre 2013 et l'installation d'un réseau de surveillance (sismomètres et inclinomètres) le volcan avait enregistré pus de 30.000 secousses au moment où j'avais rédigé le post précédent.
L'INGEOMINAS a indiqué dans un bulletin spécial mis en ligne le 30 avril que cette sismicité ne s'est pas calmée. Le nombre total de secousses a dépassé les 60.000 depuis novembre 2013 et plusieurs d'entre elles ont été ressenties par les populations qui vivent à proximité de cet ensemble de volcans. Les magnitudes restent généralement peu importantes mais au moins une a atteint 4.5 sur l'échelle de Richter et a été franchement ressentie: il semble qu'elle soit l'une des motivations qui a provoqué le changement de niveau d'alerte volcanique, avec le fait qu'une déformation est enregistrée
au niveau du Cerro Negro (le plus à l'ouest des deux édifices qui composent le massif) depuis décembre dernier.
au niveau du Cerro Negro (le plus à l'ouest des deux édifices qui composent le massif) depuis décembre dernier.
Le massif du Cerro Negro de Mayasquer et ses deux cônes, le Volcan de Chiles à l'est ou le Cerro Negro à l'ouest. Image: Culture Volcan. |
L'ensemble de ces secousses restent assez superficielles puisqu'elles se produisent toutes entre 1 et 6 km de profondeur et entre 3 et 5 km au sud-ouest du volcan Chiles, qui porte le point culminant de la zone volcanique (4445m). Le système volcanique pose donc un premier "problème": la sismicité est localisée à proximité du Volcàn de Chiles, mais une déformation est enregistrée au Cerro Negro, plus à l'ouest...sic.
Quoi qu'il en soit les volcanologues colombiens ont réalisé une cartographie des zones à risques pour chacun des deux cônes. En effet il n'existe à ce jour aucune éruption historique attribuée à ce massif avec certitude et de fait il est impossible de dire lequel des deux cônes à été le plus actif dans son histoire récente: par défaut il faut donc considérer que chacun des deux peut entrer en éruption (il n'est pas inenvisageable que les deux puissent être actif en alternance ou simultanément).
Cartographie des zones à risques en cas d'activité sur le Cero Negro (gauche) et Volcan de Chiles (droite). Images: INGEOMINAS/Montage et traduction: Culture Volcan |
En écho à la décision colombienne de passer le niveau d’alerte volcanique au cran supérieur, l'Equateur a réagi: le SNGR (Secretarìa National de Gestion de Riesgos) a publié une résolution en 8 articles qui décrète le passage en alerte jaune institutionnelle*, c'est-à-dire l'alerte qui définie la réaction des autorités face à une situation de crise. Parmi ces articles, qui détaillent les mesures à prendre, le numéro 3 indique que le Comité d'Opération d'Urgence** de la région de Carchi, dirigé par le gouverneur (équivalent du préfet) et ses déclinaisons locales (pilotées par les maires des communes concernées) doivent se tenir prêt à se mettre tout en œuvre pour protéger la population en cas de problème lié à l'activité. L'article 5 précise que l'IG-EPN, organe en charge de la surveillance des phénomènes sismiques et volcaniques, aura pour mission de monitorer en continue l'activité en cours et d'en faire l'information (il n'est pas précisé si cette dernière doit ou non être publique). Le tout est géré par le SNGR.
Pour l'instant il ne semble rien y avoir sur le site de l'IG-EPN mais dans les médias équatoriens on peut dores et déjà lire que les chercheurs ont indiqué que cette sismicité anormale pourrait être dûe à des mouvements de magmas et/ou de fluides à travers la croûte terrestre. En effet de part la pression qu'ils exercent, ces fluides peuvent provoquer la fracturation des roches situées sous le massif.
Est-ce que cela veut dire qu'une éruption à court terme se prépare? A ce stade de la situation personne ne peut en être sûr. Et ce d'autant plus que ce volcan n'était pas surveillé avant novembre 2013 et qu'on a donc aucune idée de ce qu'est son comportement normal et, de facto, jusqu'à quel point la situation actuelle en est éloignée.
En tout cas c'est une crise sismique importante et qui dure depuis plusieurs mois: elle justifie donc l'inquiétude latente qui se traduit maintenant par les changements de niveau d'alerte de chaque côté de la frontière qui passe par ce volcan.
Sources: SNGR; Observatoire de Pasto/INGEOMINAS; El Universal; El Comercio
* l'alerte institutionnelle n'est pas systématiquement couplée à l'alerte volcanique: dans certaines situation l'alerte volcanique, définie sur la base de signaux enregistrés et étudiés par les volcanologues, peut changer de cran sans que l'alerte institutionnelle, c'est-à-dire la réponse des autorités à la situation, ne change. Ce fut le cas récemment au Copahue qui, connaissant une crise sismique, a vu son niveau d'alerte volcanique passer à l'orange sans que l'alerte institutionnelle ne change: les autorités ont préféré attendre d'avoir plus d'informations avant des prendre des décision qui peuvent avoir des conséquences assez lourdes sur leurs administrés.
**les COE dans beaucoup de pays d'amérique latin
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