14 décembre 2017

Celui qu'il faut surveiller maintenant: le volcan Sierra Negra (Galápagos )

On peut dire que 2017 est l'année des Galápagos côté volcans. En effet on eu droit au début d'année (mars) une activité sismique soutenue, due à une intrusion magmatique, qui n'a pas fait éruption (pour le moment), au Cerro Azul. En septembre c'était une éruption sur Fernandina qui débutait et voilà maintenant que la surveillance se focalise sur le Sierra Negra, voisin du Cerro Azul. Si l'on ajoute qu'en mai 2015, c'était le volcan Wolf qui était en éruption, on ne peut pas dire que les Galápagos soient en sommeil!
Alors que se passe-t-il sur le Sierra Negra? Beaucoup de choses, et visiblement importantes, mais pour l'heure pas d'éruption. Les volcanologues de l'IGEPN ont publié il y a environ 3 semaines un bulletin spécial dans lequel ils faisaient la synthèse des observations et mesures réalisées sur cet édifice, situé à la pointe sud de l'île d'Isabela (l'île principale de l'archipel). Le bulletin indique que depuis 2015 la sismicité sous cet édifice augmente progressivement.

Il s'agit essentiellement de secousses dites volcano-tectoniques, produites par l'ouverture ou le développement de fractures "sèches". Toutefois depuis mai 2016 les sismomètres indiquent que se produisent aussi des secousses dites "hybrides", c'est à dire non seulement produites par l'ouverture ou le développement de fracture sèches mais aussi par la circulation de fluides dans ces fractures. 

Cette sismicité n'a quasiment pas quitté cette progression ascendante mais un net changement à eu lieu à partir de juillet 2017: le nombre de secousses est devenu plus important par jour, et connait une augmentation un peu plus rapide. Il y a aussi un peu plus de secousses hybrides mais leur progression est moins importante. Certaines secousses ont eu des magnitudes élevée (3.8 pour le maximum) mais la majeure partie n'est pas ressentie par les populations avoisinantes. Des secousses profondes, localisée en base de crôute terrestre (ici environ 15 km de profondeur), ont aussi été enregistrées.

Évolution de la sismicité entre 20115 et 2017. Image: IGEPN

Cette crise sismique soutenue est accompagnée d'une déformation comme on n'en voit qu'assez peu souvent finalement. Les volcanologues ont en effet pu mesurer un soulèvement du sol de la caldera sommitale qui atteint un taux de 70 cm/an cette année*! Cette inflation est restreinte au sommet de l'édifice, suggérant une source peu profonde. Des inflations bien plus intenses ont été mesurées sur ce volcan: jusqu'à un taux de 2.50 m/ an au cours des mois qui ont précédé l'éruption de 2005! A l'époque le sol de la caldera s'était concrètement soulevé de 2.2 m entre 2003 et 2005. Puis, au moment de l'éruption, il s'était affaissé de 5 m!

Localisation des zones d'inflations en 2017 sur la zone sud de l'île d'Isabela: celle qui se produit au Sierra Negra est importante. Image: IGEPN

Crise sismique et déformation importante suggèrent la mise en place de magma à faible profondeur: la possibilité qu'une éruption se produise à court ou moyen terme est donc assez importante. Attention toutefois: du magma peut se mettre en place sans, in fine, parvenir à sortir! Il n'y jamais certitude qu'une éruption va avoir lieu même si des signes forts d'intrusions magmatiques se présentent. En tout cas, en ce qui concerne le contexte, l'IGEPN rappelle que le délai moyen d'éruption pour cet édifice est estimé à un peu plus de 11 ans et que la précédente éruption était en 2005, il y a donc 12 ans. Une petite vidéo de cette dernière, pour le plaisir!



* attention il s'agit bien d'un taux, donc une mesure de la vitesse d'inflation à un instant donné, et pas d'une mesure sur un an.

Sources: IGEPN; Youtube

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire